Match amical, France - Pays-Bas (2-0) : Le seul danger pour les Bleus, c'est de s'enflammer

Face à l'Ukraine, lors du barrage retour, le 4-3-3 utilisé par Didier Deschamps avait donné sa pleine mesure pour la première fois. Mais les Bleus avaient patiné tant de fois que l'on demandait encore à (re)voir. Le sélectionneur a logiquement reconduit ce système mardi face aux Pays-Bas et manifestement, il a de l'avenir après ce nouveau match convaincant des Bleus. A l'exception du premier quart d'heure, où elle a passé le temps à courir après le ballon (58% de possession pour les Pays-Bas lors des 15 premières minutes), l'équipe de France a maitrisé son sujet et, offensivement, son jeu est souvent apparu fluide, percutant et même inventif sur certaines séquences.

Résultat, deux très beaux buts, la deuxième étant même, sans doute, le plus beau de l'ère Deschamps dans le compromis construction-finition. La dernière demi-heure du premier acte a été presque parfaite. La seconde période, changements multiples obligent, a été plus lancinante, mais les Bleus en avaient montré suffisamment pour qu'une mention bien leur soit accordée. La France n'est pas devenue le favori numéro un de la Coupe du monde 2014 pour autant et son adversaire lui a opposé trop peu de consistance pour verser dans l'emphase. Les Pays-Bas, mercredi, n'étaient pas tout à fait les Pays-Bas. Et l'Ukraine était... l'Ukraine. "Emballez-vous mais pas trop quand même", a résumé d'une jolie formule à l'allure de clin d'oeil le sélectionneur. Mais sur le fond comme sur la forme, cette copie orange consolide incontestablement les acquis du 19 novembre. Deschamps réclamait une confirmation, notamment dans l'état d'esprit, il ne peut pas ne pas être satisfait après ce match.

Deux hommes sortent du lot: les deux buteurs. Mais cela va bien au-delà de leur but. Karim Benzema et Blaise Matuidi ont livré un match plein et leur concrétisation offensive n'a été qu'un des éléments de cette excellente copie. Pas loin derrière, Rafael Varane et Mathieu Valbuena. Le premier a encore impressionné par sa justesse et sa simplicité. Que ce soit à côté de Sakho en novembre ou de Mangala mercredi, il est devenu incontournable. Le Marseillais, de son côté, trouve toujours le moyen d'être précieux chez les Bleus. Après une bonne entame, les Néerlandais ont, eux, franchement coulé. L'équipe alignée par Van Gaal, très jeune (sept joueurs de moins de 25 ans dans le XI de départ) et un poil expérimentale, a manqué de cohérence. Devant, van Persie était bien seul et, derrière, ils ont souffert, notamment Blind et Martins Indi.

Karim Benzema était resté 1222 minutes sans marquer le moindre but en équipe de France. Tout a été dit sur cette disette mais force est de constater que, en marquant face à l'Australie en octobre dernier, l'attaquant madrilène est à nouveau entré dans un cercle vertueux. Il a inscrit quatre buts sur les cinq derniers matches des Bleus. Il n’est resté muet qu’à Kiev et il était rentré à 20 minutes de la fin. Cela fait même trois matches de suite qu'il marque au Stade de France, ce qui ne lui était encore jamais arrivé. Sa forme n'a d'égale que sa confiance. Ce Benzema-là est évidemment incontestable.

30e minute : Robin van Persie a le but au bout du pied à la suite d'un corner, mais le Mancunien bute sur Loris qui repousse dans les pieds de Vlaar, lequel ne cadre pas sa frappe. Deux minutes plus tard à peine, Benzema fait mouche pour fusiller Cillessen. Les Néerlandais auront ensuite dû attendre la 85e minute pour se procurer à nouveau une occasion digne de ce nom, à nouveau par van Persie…

Ce n'était pas un "examen" ni un "contrôle", avait assuré Didier Deschamps. Mais dans la mesure où il s'agissait simultanément du premier match en bleu d'Antoine Griezmann et Lucas Digne et de la dernière sortie des Tricolores avant la liste des 30 au mois de mai, les deux bizuts jouaient forcément une partie de leur avenir face aux Pays-Bas dans l'optique de la Coupe du monde. Griezmann, titulaire, n'a pas été flamboyant. Il s'est montré très appliqué, presque trop, comme si, justement, il était soucieux de bien faire. Comme pour un examen… Du coup, il n'a jamais lâché la bride. Mais en quelques gestes, il a esquissé ce que pourrait être son apport à cette équipe. Il est tout sauf incontournable à ce jour mais on serait extrêmement surpris que Deschamps ne lui laisse pas une place dans les 30. Après quoi il lui restera au moins une seconde chance en amicale avant la liste des 23. Quant à Digne, entré à la pause à la place d'Evra, il a livré 45 minutes intéressantes. Pour l'un comme pour l'autre, le contrat est donc globalement rempli.