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France-Danemark : Siffler les Bleus, la mauvaise habitude des stades français

Martin Mosnier

Mis à jour 30/03/2015 à 17:15 GMT+2

Les Lyonnais de l'équipe de France ont dû faire face aux sifflets du stade Geoffroy-Guichard. Ce n'est pas une nouveauté : les Bleus doivent parfois affronter la versatilité de leur public. Pourquoi ? Faut-il s'en émouvoir ? Tentatives de réponse.

Lacazette, cible des sifflets de Geoffroy-Guichard dimanche lors de France-Danemark

Crédit: Panoramic

A Saint-Etienne, 400 mètres séparent l'arrêt de tramway du stade Geoffroy-Guichard. 400 mètres, ce n'est rien mais, dimanche, à deux heures du coup d'envoi de France-Danemark, ce fut largement suffisant pour prendre la température. A interroger les supporters qui convergeaient vers l'enceinte, l'évidence a très vite sauté aux yeux. Un rapide sondage permettait d'y voir clair bien avant l'entrée des équipes sur la pelouse : les Lyonnais de l'équipe de France allaient subir les foudres de Geoffroy-Guichard. Il n'y avait qu'à constater la marée de maillots verts pour anticiper la bronca. Et ouvrir ses oreilles.
A la présentation des deux sélections, les joueurs de l'OL ont, comme prévu, été accueillis par des sifflets nourris. L'exemple d'Alexandre Lacazette, pur produit Lyonnais bien connu à Saint-Etienne pour avoir entonné un chant anti-stéphanois en 2012, est le plus criant.
Voici la réaction de Geoffroy-Guichard lorsque le speaker a annoncé la titularisation de l'avant-centre de l'OL :
Le but du Lyonnais a calmé Geoffroy-Guichard mais l'empressement avec lequel les deux patrons de l'ASSE, Roland Romeyer et Bernard Caïazzo, sont venus serrer les pinces des journalistes à la mi-temps puis au coup de sifflet final en dit long sur l'embarras dans lequel ils ont été plongés par l'attitude de leurs supporters.
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Lacazette, Schneiderlin et Kondogbia fête Giroud, buteur pour la France face au Danemark

Crédit: AFP

Comment interpréter ces sifflets ?

Comment interpréter ces sifflets ? D'où viennent-ils ? C'est simple. Bête comme chou : "On est stéphanois, ils sont lyonnais. On ne les aime pas", nous avouait sans peine Joël, la cinquantaine grisonnante, sur le parking de Geoffroy-Guichard.
L'esprit de clocher, la culture club surpasse rarement l'intérêt national en France. Le match de dimanche n'est pas un cas isolé. Quelques exemples en vrac :
  • France-Mexique (2-0), septembre 1996, Parc des Princes : Reynald Pedros a raté son tir au but en demi-finale de l'Euro deux mois plus tôt face à la République tchèque et causé la sortie de route des Bleus. Mais c'est surtout parce qu'il vient de s'engager avec l'OM que le Parc des Princes le hue sur chacune de ses prises de balle. Il témoigne dans la foulée :
Je ne m'attendais pas à être traité comme un étranger en équipe de France
  • France-sélection FIFA (5-1), août 2000, stade Vélodrome : Un mois après le titre de champion d'Europe, le Vélodrome conspue Nicolas Anelka qui vient de s'engager avec le PSG. Les Bleus le vivent mal et attendront neuf ans avant de revenir à Marseille.
  • France-Nigéria (0-1), juin 2009, Geoffroy-Guichard : Domenech et les Lyonnais (Benzema, Toulalan, Lloris) sont pris en grippe par les Stéphanois, déjà. Jean-Pierre Escalettes, président de la FFF, jure que la France ne reviendra plus jouer dans le Forez.
  • France – Suède (1-0), novembre 2014, Vélodrome : Dernier exemple en date, le Parisien Lucas Digne se fait malmener par les Marseillais durant le quart d'heure qu'il passe sur le terrain.
Parfois, c'est la rancœur d'un stade qui écorche ses anciens protégés et Christophe Dugarry a payé son départ houleux de l'OM lors d'un retour au Vélodrome en 2000 sous le maillot bleu. Thierry Henry, lui, pour sa 100e sélection a quitté a pelouse sous les sifflets. Son tort ? Un match très moyen des Bleus face à la Colombie en juin 2008 (1-0).
Le manque de culture sportive en France peut expliquer la versatilité de son public. En Angleterre, jamais la sélection ne subira les foudres de ses propres supporters pour des raisons autres que les événements du terrain. Ce n'est même pas inimaginable que Wembley se retourne contre ses hommes. 

Quelles solutions pour calmer les stades ?

Comment éradiquer les sifflets ? En délocalisant les rencontres internationales dans des stades où les rivalités hexagonales sont moins vives ? Rennes, Guingamp, Toulouse, Sochaux, etc. Mais c'est aussi faire une croix sur une ambiance de feu. Hormis à Lens, où historiquement, les Tricolores sont toujours bien reçus. Et, avec ferveur. C'est une idée. Mais elle n'est pas réalisable. Raison simple : la convention liant la FFF au Stade de France force les Bleus à y disputer au moins trois matches par an jusqu'en 2025.
Dimanche à Geoffroy-Guichard, il y a eu des sifflets, oui. Mais aussi des chants continus, une rareté dans un match de l'équipe de France. Le Stade de France n'est pas beaucoup plus discipliné et, face au Brésil, il a imposé son habituel silence de cathédrale durant la rencontre. Hormis quelques "ola" déclenchées souvent à tort et à travers, on s'enivre que très rarement à Saint-Denis. Depuis le 12 juillet 1998, une seule soirée a été mémorable : le 19 novembre 2013 pour France - Ukraine (3-0).
Geoffroy-Guichard comme le Vélodrome font beaucoup plus de bruit. Dans les sifflets comme dans les encouragements. Un vrai stade de foot en somme, un stade qui vibre. Avec ses qualités et ses défauts.
Après la rencontre, Morgan Schneiderlin a préféré souligner "l'ambiance exceptionnelle". Didier Deschamps, lui non plus, n'en a pas rajouté des caisses.
Ce n'est pas que les Bleus s'y sont habitués mais les sifflets sont sans doute moins traumatisants pour eux qu'il n'y paraît. Lacazette s'en est même sans doute servi pour signer sa meilleure performance en Bleu. C’est comme cela, les hommes de Didier Deschamps doivent faire avec car ils pourraient y être de nouveau confrontés dans un futur proche et dans un contexte beaucoup plus crucial. En 8e de finale de leur Euro, en 2016, et si tout va bien, les Bleus joueront à Lyon ou… Saint-Etienne.
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2013 France Ukraine barrage Lloris Sagna

Crédit: Eurosport

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