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La Serbie entame (encore) un nouveau cycle et il n’est pas certain que ce soit le bon

Loïc TREGOURES

Mis à jour 07/09/2015 à 09:13 GMT+2

MATCH AMICAL - La sélection serbe, que la France défie à Bordeaux lundi soir, ne cesse de repartir de zéro. Incapable de se qualifier pour une grande compétition depuis 2010, la Serbie est empêtrée dans les problèmes en tout genre.

Branislav Ivanovic s'échauffe avec un coéquipier sur la pelouse de Bordeaux

Crédit: AFP

A la sortie de l’Euro 2012 pour lequel elle ne s’était pas qualifiée, la Serbie de Sinisa Mihajlovic avait entamé contre la France un nouveau cycle avec pour objectif d’arriver à maturité pour l’Euro 2016, compte tenu de la qualité des jeunes joueurs serbes. L’objectif a été manqué par Mihajlovic qui a commis beaucoup d’erreurs, et a fini par quitter son poste.
La fédération serbe pensait alors trouver en Dick Advocaat l’homme providentiel pour mener à bien cette conquête de l’Euro. Là aussi les Serbes ont commencé contre la France, avant d’entamer une campagne de qualifications catastrophique marquée par le surréaliste Serbie-Albanie dont les points ont finalement été attribués à l’Albanie et retirés à la Serbie. Cette dernière était donc à -2 avant sa victoire contre l’Arménie vendredi dernier, la première en match officiel depuis octobre 2013.

Objectif 2018

C’est le début d’un nouveau cycle vers 2018 que la Serbie aborde un peu plus tôt que prévu, une nouvelle fois contre la France, sous les ordres de Radovan Curcic. Cela en dit long sur l’incapacité des Serbes à transcrire sur le terrain et dans la durée les qualités que la liste des sélectionnés donne à voir. Comment une telle sélection, composée d’autant d’excellents joueurs (Ivanovic, Kolarov, Matic, Nastasic, etc.), peut-elle être aussi régulièrement décevante ?
Plusieurs explications peuvent être avancées. La première tient à l’état d’esprit des convoqués. Quiconque a vu jouer la Bosnie ou l’Albanie, qui recèlent bien moins de qualités individuelles joueur par joueur, a pu voir évoluer un vrai collectif, huilé, discipliné, concerné, et tout donner pour le maillot, indépendamment des résultats. Les progrès des Albanais sous De Biasi sont à cet égard très impressionnants. Le récent rappel à l’ordre de Matic envers la tête brûlée Mitrovic est l’illustration de ce que ce dernier, en dépit de son talent, ne prend pas vraiment les choses au sérieux.
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Newcastle United's Serbian striker Aleksandar Mitrovic (R) reacts after receiving a red card

Crédit: AFP

La deuxième raison tient à tous les problèmes liés aux tribunes. La dernière rumeur en date, à prendre avec prudence mais qui n’est pas impossible venant de Serbie, serait que les Delije, supporters de l’Etoile Rouge de Belgrade, auraient interdit à la sélection de jouer son prochain match à domicile contre le Portugal au stade Marakana. Elle jouera donc au stade JNA du Partizan. En son temps, Mihajlovic avait déjà souligné qu’il préférait jouer à Novi Sad pour éviter les mauvaises ondes transmises par les tribunes belgradoises.

Un engouement ? Quel engouement ?

Le fait est que la sélection n’intéresse pas grand monde. Contrairement à ses voisins croate, bosnien ou albanais, le soutien populaire pour les Orlovi est faible, notamment en raison de ses mauvais résultats. L’engouement aperçu avant le Mondial 2010, du temps de Radomir Antic, est très loin. Au contraire, les Serbes sont en ce moment focalisés sur leur sélection de basket qui ne déçoit jamais, ainsi que sur le parcours de Novak Djokovic à l’US Open.
La troisième raison tient à la façon dont le football serbe est géré, c’est-à-dire très mal, par une fédération, au fonctionnement baroque et sans stratégie ni vision, au sein de laquelle ceux de l’Etoile Rouge tirent sur ceux du Partizan, où le poste de sélectionneur est un poste politique, où le championnat régresse sans cesse sous le coup des matchs truqués et des départs de plus en plus jeunes des meilleurs espoirs.

Du talent, heureusement

Quels sont donc les motifs d’espoir pour croire encore en cette sélection ? Le premier est le temps. Paradoxalement, être déjà éliminé de la course à l’Euro 2016 doit permettre à Curcic de se tourner déjà vers l’avenir et d’avoir le temps de le faire, à condition qu’il reste à son poste après la fin des qualifications.
Le second provient évidemment de son réservoir inépuisable de jeunes talents. La Serbie est championne d’Europe des moins de 19 ans en 2013 (avec Mitrovic), et surtout championne du monde des moins de 20 ans en 2015, un authentique exploit pour un si petit pays. Curcic n’a convoqué que deux champions du monde avec lui, le gardien Rajkovic, une affaire en or pour le Maccabi Tel Aviv, que l’on verra en Ligue des champions, et le joueur du Partizan Andrija Zivkovic. Cependant, d’autres joueurs, comme Sergej Milinkovic-Savic qui vient d’arriver à la Lazio, le défenseur Milos Veljkovic de Tottenham, ou le nouveau Bordelais Milan Gajic devraient éclore dans les prochains mois et constituer une nouvelle arme pour les Serbes.
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Nenad Tomovic (Fiorentina) au duel avec Vitaliy Buyalskiy (Dynamo Kiev) en quarts de finale de Ligue Europa

Crédit: Eurosport

Ils seront disponibles pour aider une ossature elle-même relativement jeune et stable autour d’Aleksandar Kolarov, voire de Branislav Ivanovic, si le corps de ce dernier ne le lâche pas avant. On pense à Nastasic (Schalke), Tomovic (Fiorentina) derrière, Matic (Chelsea) comme patron du milieu, entouré de joueurs offensifs talentueux à profusion comme Tadic (Southampton), Tosic (CSKA), Ljajic (Inter) et auteur d’un très bon match contre l’Arménie, ou encore Lazar Markovic et Filip Kostic (Stuttgart), dont l’entente avec Kolarov sur le côté gauche a fait merveille, au service du buteur Mitrovic dont le talent n’a d’égal que l’indiscipline. Oui sur le papier, comme souvent, la Serbie est très bien dotée.
Reste à Curcic à insuffler la bonne mentalité à son groupe, et passer au-delà des vicissitudes du football serbe. Sinon ? Sinon, on parlera dans deux ans d’un nouveau cycle, entamé à l’automne contre la France.
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