Adrien Rabiot, comme un poisson dans l'eau

La comparaison est assez peu flatteuse pour Ousmane Dembélé. Ce mardi, à Lens, l'attaquant de Dortmund honorait sa première titularisation en équipe de France. Tout comme Adrien Rabiot. Si le premier a semblé plier sous le poids d'un contexte très lourd et sous la pression du maillot bleu, le second a très vite trouvé ses marques. Comme si tout coulait de source. Quand l'un perdait ses duels, l'autre aimantait tous les ballons. "Il a tout de suite pris le ballon", a commenté Dimitri Payet qui l'a vu de près. "On a vu qu'il ne s'est pas mis la pression. On l'a vu aussi à l'entrainement toute la semaine, il est sur la lancée de ce qu'il fait au PSG."

La pression, le milieu parisien ne semble pas connaître. Avec son club, il s'est souvent montré précieux lors des grands matches et il fut le meilleur Parisien lors des 8es de finale et des quarts en Ligue des champions face à Chelsea puis Manchester City au printemps dernier. Ce n'est donc pas tout à fait un hasard s'il a franchi le palier international avec décontraction : "Quand on est capable de s'imposer dans un effectif comme celui du PSG, je n'étais pas inquiet quant à son intégration", a continué Payet.

"Je me sentais bien", a réagi le principal intéressé. "J’avais la confiance de mes partenaires, c’était un match amical donc je n’avais pas de pression particulière. Je suis footballeur pour jouer des matches comme ça, ce n’est que du bonheur, donc j’ai essayé d’en profiter un maximum." Il en a profité jusqu'à une deuxième période plus délicate où sa nonchalance, son talon d'Achille, a pris le dessus. Il gagnerait à jouer parfois plus vite et plus simple. A sa décharge, le 4-3-3 met davantage en avant ses qualités que le 4-4-2 de la seconde période. Mais, pour une première cape, aux côtés des Sidibé et Dembélé qui ont bien du mal à supporter le poids de la sélection, il a prouvé que Didier Deschamps pouvait compter sur lui.

"C'est un très bon joueur, il a fait un bon match et je l'ai trouvé à l'aise dans la possession", a commenté N'Golo Kanté, son compère du soir à la récupération. Même son de cloche du côté de Lucas Digne : "Il a fait un très bon match, je ne suis pas étonné. C'est un super joueur, je suis très content pour lui." Rabiot s'est fait attendre mais il a fini par étaler son sourire devant les caméras et les micros. Certes, il est sorti du vestiaire en boitant mais il en fallait plus pour gâcher son plaisir : "Cette première sélection, c’est plus qu’un rêve de gamin, c’est dur à expliquer", a-t-il confié. "Je sais que beaucoup de jeunes rêvent de cela, j’en ai rêvé aussi, et maintenant je suis là, donc c’est un sentiment assez énorme."

Seule ombre au tableau, cette probable contracture qui pourrait l'éloigner des terrains jusqu'à la trêve hivernale et briser son élan. Car, depuis le mois d'août, Rabiot a définitivement pris une nouvelle dimension. Il lui manquait encore le test international. Il l'a passé avec succès mardi à Felix Bollaert. "Ca me donne envie de revenir", a-t-il prévenu. Qu'il ne s'inquiète pas trop, cette première avait un goût de promesse. Ce n'était sans doute que le début de l'histoire.