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Entre transition et évolution, l'Espagne de Lopetegui prépare son retour au sommet

François-Miguel Boudet

Mis à jour 29/03/2017 à 09:08 GMT+2

En remplaçant Vicente Del Bosque par Julen Lopetegui, la Fédération espagnole a fait le choix de la continuité. Ancien sélectionneur des U21, le Basque incorpore la jeune génération à des cadres historiques revanchards. Et parvient également à assimiler Diego Costa au sein de ce collectif.

Andrès Iniesta, Diego Costa et le sélectionneur de l'Espagne, Julen Lopetegui

Crédit: AFP

Parmi la masse des entraîneurs espagnols, Julen Lopetegui n’était pas le choix sexy chocolat par excellence. C’est sa connaissance de la relève espagnole et ses relations avec les cadres madridistes et culés qui ont fait la différence, en plus de la faible concurrence pour l’obtention du poste (Joaquín Caparros, Míchel González voire Javier Clemente…). Après le batacazo du Mondial 2014, l’Espagne a cru à une erreur de parcours et maintenu le Marquis Del Bosque. Or, l’Euro 2016 a confirmé le déclin de la Roja.
Axé sur le plan de jeu du Barça, le niveau de jeu a pâti de la fin de carrière de Carles Puyol et Xavi Hernández, hommes clés de tous les succès des Blaugrana et de la Selección. Si les références Sergio Ramos, Gerard Piqué, Sergio Busquets, David Silva et Andrés Iniesta sont encore présentes, cette génération dorée n’est plus aussi performante que par le passé. Difficile de lui en vouloir, après tant de succès. Préparer le futur après la période la plus faste de l’histoire avec le sélectionneur des U21, ça ne vous rappelle rien ?

La révolution attendra, pas l’évolution

Alors Julen Lopetegui et Raymond Domenech, même combat ? Sans pousser la comparaison outre mesure, les deux missions se ressemblent. Réussir un amalgame entre nouveaux et anciens pour renouveler un cycle est une tâche ardue. Preuve que Lopetegui a bien assumé sa mission précédente, onze de "ses" joueurs champions d’Europe 2013 ont déjà connu des capes avec Del Bosque. Joueur majeur de cet Euro, Asier Illaramendi a été convoqué pour la première fois mais le milieu de la Real Sociedad, auteur d’une saison majuscule, s’est blessé lundi.
Pour l’instant, Lopetegui effectue une revue d’effectif, notamment au milieu de terrain, la base du football espagnol victorieux. Thiago Alcantara s’impose, au détriment de Koke, dont le rendement est jugé largement inférieur à celui qu’il a à l’Atlético Madrid. Certains voient même en Thiago, le protégé de Pep Guadiola, le digne successeur de Xavi. Dans la deuxième ligne de trois, Pedro est de retour, Isco dispose toujours d’une belle cote et Vitolo, excellent à Séville, est devenu un titulaire en puissance.
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Spain's coach Julen Lopetegui gives instructions to his players during the WC 2018 football qualification match between Spain and Liechtenstein at the Reyno de Leon Stadium in Leon on September 5, 2016

Crédit: AFP

"Transition sans révolution" : Lopetegui suit la maxime de Del Bosque. Cependant, on peut regretter une certaine frilosité. Roque Mesa et Jonathan Viera (Las Palmas) auraient mérité une récompense, d’autant que les Pio Pio proposent un jeu offensif et attractif. La saison prochaine, pourquoi pas même dès la prochaine fenêtre internationale en juin, de nouveaux cracks pourraient monter, goûter aux joies de la Roja, pour s’installer durablement après le Mondial (Jesús Vallejo, Jorge Meré, Marcos Llorente, Saúl Ñiguez, Iñaki Williams, Marco Asensio, Mikel Oyarzabal, entre autres).

Diego Costa fait enfin le poids

Naturalisé avant le Mondial 2014, absent de l’Euro 2016, Diego Costa n’a jamais su s’adapter au style de la Roja version Del Bosque. Sachant que sa naturalisation a été perçue comme calculée et pas spontanée, sa cote de popularité n’est pas au beau fixe. Pourtant, Lopetegui l’a intronisé titulaire en pointe, le préférant à Álvaro Morata. "Nous voulons un Diego tel qu’il est. Il a beaucoup de bonnes choses en lui et, comme tous les joueurs, quelques-unes à améliorer. Nous le voulons un peu énervé", a expliqué le sélectionneur avant le duel contre Israël.
Même si le principal intéressé assure se contrôler le plus possible et du mieux qu’il peut, il a aussi admis qu’il faisait les efforts nécessaires pour jouer dans le ton de la Roja. L’incidence est notoire. Son sens du but reste intact mais il apprend aussi à jouer pour ses coéquipiers, même si ce n’est pas son style naturel. Dans le même temps, l’Espagne joue avec beaucoup plus de verticalité que par le passé, ce qui la rend bien plus imprévisible. Pour l’instant, ça fonctionne (4 buts pour la Bestia depuis le début des qualifications). Et si la Selección avait enfin trouvé un successeur à Fernando Torres et David Villa ?
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Diego Costa heureux après son but contre Israël avec l'Espagne

Crédit: AFP

Savoir raison garder, tout en restant optimiste

Au lendemain de la large victoire de la Roja contre Israël (4-1) à Gijón (et pas Valladollid), la presse ibérique a été mitigée. Pour Eduardo Castelano d’El Mundo, il y a eu "beaucoup de minutes où il ne s’est absolument rien passé. Contre l’Italie, il y aura beaucoup en jeu [la première place du groupe G, NDLR]. Mais jusque-là, les matches de qualification disputés à la maison sont tous identiques. L’Espagne sort, joue peu, gagne et s’en va. Point. (…) Cela ne veut pas dire que la routine est facile, mais cela laisse penser que la routine est ennuyeuse".
En revanche, le bilan de Julian Ruiz (El Mundo) virerait presque à l’élégie : "Sincèrement, cela fait beaucoup de temps, des mois peut-être, que je n’avais pas vu jouer une équipe comme celle des quinze premières minutes, écrit-il dans un édito enflammé. Elle a joué merveilleusement, rapide pour faire vivre le ballon, avec une technique prodigieuse, quasiment toujours en une touche et avec une imagination qui a frôlé le délire".
Comme souvent, la vérité est certainement entre les deux. Et après s’être vu très beau beaucoup trop tôt lors du dernier Euro, avant que la Nazionale d’Antonio Conte ne ramène tout le monde sur terre, gare à l’excès d’optimisme à quinze mois de la compétition ! "Il y aura besoin d’un mécanisme, presque abstrait, que les adversaires ne pourront pas résoudre, certifie Juan Tallón dans les colonnes d’El País. C’est ce qui reste en suspens avec la Selección : son mécanisme". Même si nous ne devrions pas avoir droit aux XI de gala de part et d’autre ce soir, cet affrontement contre la France donnera un bref aperçu de l’avancée de la mission reconquista du trône mondial par le général Lopetegui.
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