Giroud : "Il faudra composer avec moi pendant quelques mois encore"

Il est impossible à prendre au piège. Personne ne connaît mieux les statistiques d'Olivier Giroud… qu'Olivier Giroud. Là où d'autres font mine de ne pas accorder d'importance à leurs chiffres individuels, le Gunner les connaît sur le bout des doigts et ne s'en cache pas. Pas besoin de lui rappeler son total de buts en équipe de France. Il anticipe : "Je suis très heureux d'avoir marqué aujourd'hui", a-t-il savouré dans les couloirs du Stade de France. "C'est mon 29e but en sélection et je ne suis plus qu'à une longueur d'un de mes joueurs préférés." Ah oui, inutile de préciser qu'il connaît par cœur le classement dans lequel il s'est fait une place de choix : celui des meilleurs buteurs de l'équipe de France.

Le voilà septième. A une petite longueur donc de Jean-Pierre Papin et de Just Fontaine. Deux légendes. Mais Giroud a une nette préférence pour l'ancien Marseillais. Question de génération : "J'étais fan de JPP et des papinades. J'étais tout gamin quand il a explosé à Marseille et à l'AC Milan." Voilà quelques mois qu'il côtoie le gratin à force d'enquiller les buts en Bleu. Face au Pays de Galles (2-0), comme face à la Biélorussie (2-1), il a profité d'une légère déviation du défenseur pour gonfler ses statistiques. Mais un but reste un but. Et en ces temps de vaches maigres avec Arsenal, il n'a jamais été aussi important pour lui de marquer en équipe de France.

"Ça fait quelques mois que ce n'est pas évident pour moi en club", a-t-il admis sans peine. "Je suis conscient de ma situation, j'ai envie de me battre. Ce vendredi, j'ai continué de montrer qu'il faudra composer avec moi pendant quelques mois encore." Giroud est un excellent VRP de lui-même. S'il se défend aussi bien, c'est qu'il sait qu'une épée de Damoclès flotte au-dessus de lui. Lui qui n'a pas débuté un match cette saison en Premier League, lui dont le compteur reste bloqué à un but en championnat, lui qui s'est fait griller la politesse par Lacazette chez les Gunners, lui qui doit affronter une concurrence de plus en plus menaçante en sélection.

"La pression, ça fait partie du jeu", a-t-il admis avec un détachement qui ne trompe personne. "Les jeunes poussent et vous rappellent de ne pas vous endormir sur vos lauriers." Voilà sans doute pourquoi il tenait tant à disputer cette rencontre alors qu'une douleur à la cuisse a bien failli l'en priver. "J'ai une gêne qui m'empêcher d'enrouler mes frappes. J'ai évité de jouer avec mon super pied droit (rires). Mais je ne voulais surtout pas déclarer forfait." Pour l'Allemagne, en revanche, un doute demeure. Sûr qu'il aurait du mal à prendre place en tribunes alors que l'équipe de France est sa bouée de sauvetage cette saison.

Griezmann et Mbappé ? "Qualités différentes et complémentaires"

A 31 ans, la logique à court ou moyen terme voudrait qu'il s'éclipse pour faire place nette aux surdoués de la génération suivante. Lui s'en défend et compte bien faire du rab. "On se trouve bien avec Kylian (ndlr : Mbappé) sur le terrain", a-t-il rappelé dans un constat difficile à démentir. "Il bouge bien, Antoine aime décrocher et distribuer. On a des qualités différentes et complémentaires." Alors oui, bien sûr, Giroud sait se vendre. Mais, depuis plusieurs mois en Bleu, il est bien difficile de lui donner tort.