Les Bleus doivent jouer le jeu

La Coupe du monde commence ici. Son billet en poche, l'équipe de France peut désormais se tourner vers la Russie. Même s'il reste encore plus de sept mois avant l'échéance. Mais sept mois, c'est long et court à la fois.

Les Bleus doivent les faire fructifier. Sans attendre. Les rendez-vous face au pays de Galles, vendredi, et à l'Allemagne, mardi prochain, sont des occasions à saisir pour progresser. La troupe de Didier Deschamps n'a plus à se focaliser sur le résultat. La pression de la course à la qualification est un poids en moins sur les épaules des Tricolores. Un poids conséquent qu'ils ont dû supporter quasiment jusqu'au bout de cette campagne. Ne plus l'avoir, ça change pas mal de choses.

On ne regardera pas l'équipe de France de la même manière lors de ces rendez-vous de novembre. Le jeu passait au second plan auparavant. Il fallait se sortir du bourbier bulgare avec une victoire et les Bleus l'ont acquise sans la manière. Il fallait boucler cette campagne sur un succès contre la Biélorussie, et les Français sont allés le chercher sans briller. Le jeu n'était pas essentiel il y a un mois. Il est prioritaire désormais.

C'est tout l'intérêt des matches qui viendront jalonner le parcours de l'équipe de France jusqu'au Mondial. Il n'y en aura pas tant que ça. Rien que pour cela, ces deux premiers rendez-vous post-éliminatoires ne sont pas à galvauder. Au contraire. Car ils vont donner le ton de cette préparation, et cette préparation déterminera la performance des Bleus au Mondial.

De ce point de vue, on se dit forcément qu'ils ont du travail. Les victoires face à la Bulgarie et la Biélorussie n'ont pas suffi pour effacer une certaine frustration. Ces Bleus nous laissent un peu sur notre faim. Les ingrédients ont l'air tellement délicieux qu'il est difficile de se contenter des plats sans saveur servis lors des trois dernières sorties des Tricolores.

La France a du pain sur la planche. Elle est perfectible dans tous les secteurs du jeu et dans son expression collective. Sa défense a des absences trop récurrentes pour offrir de réelles garanties. Son milieu donne trop souvent l'impression de chercher son équilibre. Et son attaque n'exprime pas la plénitude de son incroyable potentiel. La marge de progression des Tricolores est nette. Et leur capacité à gagner sans donner l'impression de tourner à plein régime est finalement prometteuse.

Deschamps a surtout des détails à travailler. De petites choses à corriger. Mais c'est plus facile à dire qu'à faire. Déjà parce que ces matches ne sont pas vraiment sans enjeu. Il y a une dynamique de victoires à entretenir pour maintenir la confiance dans le groupe et lui donner la meilleure base possible pour optimiser sa progression. Tout en donnant la priorité au jeu, car c'est bien le premier axe de progression des Bleus.

Le sélectionneur a troqué la pression du résultat pour les dilemmes des matches amicaux. Oui, ils peuvent provoquer quelques maux de tête. Car ces rencontres constituent autant l'occasion de procéder à des essais que celle de bonifier une ossature déjà en place. Et la question de l'option la plus intéressante se pose pour Deschamps. Faire des tests ou peaufiner les automatismes de son onze de départ, ce sont deux approches totalement différentes.

Il appartiendra au sélectionneur de définir la meilleure. Celle qui permettra à l'équipe de France d'exploiter au mieux le temps qui lui reste avant son voyage en Russie pour être la plus compétitive possible. Sur le papier, elle l'est déjà. Sur le terrain, elle ne peut que l'être davantage. Pour le devenir, il faut qu'elle commence par jouer le jeu. Sans attendre d'être en Russie.