France-Italie (3-1) : Tolisso, système, Giroud : Et si on tentait d'y voir plus clair ?

"C'est mon rôle d'essayer de lui poser des problèmes." Dans un sourire plus enjôleur que carnassier, Corentin Tolisso explique sa façon de voir les choses après France-Italie (3-1). Après une nouvelle performance de haut niveau, le milieu des Bleus sait qu'il n'a pas facilité la tâche de Deschamps dans la construction d'un onze-type.

Le Munichois n'est qu'une partie de l'immense casse-tête que va devoir résoudre Didier Deschamps avant le 16 juin prochain et l'entrée en lice des Bleus à la Coupe du monde face à l'Australie. "J'ai le choix", a expliqué le sélectionneur. Voir l'embarras du choix. Les trois derniers matches amicaux ont apporté leur lot de remises en cause. A deux semaines du jour J, tentons d'y voir plus clair dans l'épais brouillard qui doit entourer les anciennes certitudes du sélectionneur.

C'est avec ce système, imposé à la mi-temps du 8e de finale face à l'Irlande à l'Euro, que la France a accompli sa plus belle œuvre avec Didier Deschamps (demi-finale face à l'Allemagne). Il semblait être l'option privilégiée par les Bleus depuis. Il présente l'avantage de mettre Griezmann en position préférentielle (autour d'un attaquant de pointe) et de profiter de sa complémentarité avec Olivier Giroud. Cette organisation contraint Kylian Mbappé à plus de rigueur défensive car elle expose un milieu déplumé d'un élément à la récupération.

Longtemps privilégié par Deschamps, de 2013 jusqu'au milieu de l'Euro, le 4-3-3 revient en force. Il permet à la France de mieux exploiter son énorme vivier au milieu et offre à N'Golo Kanté, un de ses hommes forts, un rôle sur mesure. Dans ce système, Deschamps laisse davantage de liberté à des attaquants qui en raffolent.

La tendance : Si Didier Deschamps n'a plus utilisé le 4-4-2 depuis les courants d'air laissés aux Colombiens (3-2), ce n'est pas un hasard. Le 4-3-3, schéma préférentiel depuis trois matches, semble avoir repris la main. Mais DD sait parfaitement s'adapter à son adversaire, les Bleus devront faire le jeu au premier tour de la Coupe du monde. Face à un bloc bas et regroupé, le 4-4-2 offre plus de possibilités en attaque. Mais aujourd'hui, il ne semble plus être l'option prioritaire.

Dans une équipe à l'ADN offensive et qui penche vers l'avant, la défense tricolore souffre depuis plusieurs mois désormais. Raphaël Varane a vécu un mois de mars difficile en sélection et Samuel Umtiti, chahuté par Mario Balotelli à Nice, n'a toujours pas retrouvé son autorité. Sur les ailes, Djibril Sidibé et Benjamin Mendy, de retour de blessures, ont rassuré face à l'Irlande. Mais tiendront-ils le choc ? Didier Deschamps ne touchera pas à son axe malgré la fiabilité d'Adil Rami cette semaine. L'absence de Laurent Koscielny clôt le débat.

Sur les ailes, Lucas Hernandez a tout fait pour instiller un doute. Entre un Madrilène à 100% et en pleine bourre et un Mendy à 80%, le débat peut exister. Sidibé part de moins loin même si Pavard, sélection après sélection, ne cesse de justifier la confiance de Deschamps.

La tendance : Deschamps ne devrait pas toucher à sa défense type. Mais Mendy n'aura pas le droit au moindre coup de mou.

Le tube du moment, c'est Corentin Tolisso. Indispensable aux 23 et désormais aux 11, le Munichois ne peut décemment plus bouger de l'équipe type. Il apporte trop de stabilité et de clairvoyance pour que Deschamps le rappelle sur le banc. En 4-4-3, comme cela semble être la tendance, N'Golo Kanté n'a aucun souci à se faire en dépit d'un rendement moyen face à l'Italie. Reste la question Paul Pogba. Peu convaincant à gauche du triangle, il n'affiche pas la régularité de Blaise Matuidi et Deschamps a besoin d'un soldat.

La tendance : En l'état, la préparation semble dessiner un milieu Kanté-Tolisso-Matuidi. Mais le talent de Pogba a souvent renversé les tendances. Rien n'est jamais écrit à l'avance avec la Pioche.

La seule certitude : Griezmann et Mbappé débuteront la Coupe du monde comme titulaires. Le système dessinera avec plus de précision les contours du casting. Dans un 4-4-2, les deux hommes devraient être flanqués de Thomas Lemar et Olivier Giroud. Le premier stabilise l'ensemble par son volume de course. Beaucoup plus qu'un Nabil Fekir ou qu'un Ousmane Dembélé. Le second est la pointe naturelle, le seul vrai attaquant de surface de la liste. Le 4-3-3 peut redistribuer les cartes même si Giroud a démarré dans ce système face à l'Irlande. Mais la concurrence de Griezmann en faux neuf et la titularisation d'un Dembélé à gauche reste une option séduisante pour apporter de la vitesse et rendre plus illisible les attaques des Bleus.

La tendance : Giroud reste le point d'appui et la tour de contrôle dans les airs. Un avantage certain face à des Australiens regroupés dans leur seize mètres. La triplette Griezmann, Giroud, Mbappé n'a jamais été utilisé dans une telle configuration en 4-3-3. Mais il reste un match face aux Etats-Unis dont la composition d'équipe donnera sans doute des enseignements définitifs.