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Messi, Piqué, Fabregas... Quand les cadets A du Barça écrasaient tout sur leur passage

Four Four Two

Mis à jour 19/02/2018 à 15:47 GMT+1

Une équipe de cadets du Barça a mis le feu sur les pelouses espagnoles au début des années 2000. Emmenée par Messi, Piqué et Fabregas, cette 'Generacion del 87' est même devenue une référence. Pour Eurosport, FourFourTwo vous raconte son histoire.

Barcelona - Generación 1987 - Messi, Fabregas y Pique

Crédit: Eurosport

C’est une année gravée dans les mémoires. Lors de la saison 2002-03, les cadets A de Barcelone ont tout balayé sur leur passage, terminant leur campagne des U15 invaincus pour remporter les championnats espagnols et catalans, ainsi que la Copa Catalunya. Cette 'Generacion del 87' fait assurément figure de référence. Un laissez-passer pour une carrière majuscule et un héritage footballistique. Avec trois phénomènes dans ses rangs : Gerard Piqué, Cesc Fabregas et Lionel Messi.
Un samedi ensoleillé de 1997. Amador Bernabeu, ancien vice-président de Barcelone, se présente à une journée de détection organisée par les Blaugrana en compagnie de son petit-fils. Un blondinet de 9 ans. "Je te présente Gerard", indique-t-il à Albert Benaiges, ami de longue date et futur entraineur de La Masia. Il lui demande un avis sur le gamin et l’obtient deux heures plus tard : "Ton petit fils est une machine."
Peu de temps après, le petit Gerard Piqué est rejoint par un milieu de terrain de neuf ans, tout aussi précoce et issu d’Arenys de Mar, une petite ville tranquille située sur la côte à 45 minutes de Barcelone. Francesc Fabregas Soler est tellement doué que son entraîneur du club local de Mataro refuse de le faire jouer lors des matchs contre Barcelone, tentant en vain de le tenir à l’abri des regards des recruteurs blaugrana. Le stratagème ne fonctionnera qu’un temps.
Messi ? Nous pensions qu’il était muet
En décembre 2000, la dernière pièce du puzzle de la 'Generacion del 87' trouve sa place avec l’arrivée de Messi. Transféré de Rosario, le petit Argentin peine à s’intégrer à Barcelone. Ses problèmes à une cheville n’arrangent rien. S’il mange et s’entraîne avec ses coéquipiers à La Masia, il ne dort pas avec eux et vit avec son père Jorge, dans un appartement aux abords du Camp Nou, dans le quartier Gran Via de Carles III.
"Nous pensions qu’il était muet", se souvient Fabregas. "Jusqu’à ce qu’il prenne la balle et là, les doutes se sont dissipés", l’interrompt Piqué. Entre le défenseur et l’Argentin, le courant passe bien. Messi l’appelle 'le patron', ce dernier jouant souvent un rôle de protecteur auprès de la Pulga sur le terrain. Le gamin de Rosario sort alors progressivement de sa coquille, notamment lors du prestigieux tournoi italien de Maestrelli en 2002. Son tout premier avec Barcelone.
Le Barça envoie quatre équipes et les capitaines (Cesc Fabregas, Gérard Piqué, Marc Valiente et Victor Vazquez) ont pour habitude d’organiser le bizutage des nouveaux. "Une fois arrivé à l’hôtel, Messi est allé dans sa chambre avec Cesc pour poser ses affaires, se souvient Vazquez, avant-centre de l’équipe et joueur le plus créatif après l’Argentin. Mais pendant le dîner, Piqué a complètement vidé la pièce. Comme un cambriolage. Ils ont tout pris : le lit, la Playstation, le sac de sport… Il ne restait rien. Après le repas, tout le monde est retourné dans sa chambre. Cesc et quelques autres joueurs ont regardé Messi rentrer dans la sienne. Il était en état de choc, le visage figé. Il ne savait pas quoi dire. Quand on lui a expliqué que c’était une forme de rituel, cela lui a permis de se libérer."
Barcelone bat Parme en finale et c’est désormais Messi qui orchestre les farces. "Il a vraiment changé après ce tournoi, raconte le milieu de terrain Julio de Dios à FourFourTwo. C’est lui qui faisait les blagues et je pense qu’il a joué quelques tours à Piqué. À partir de ce jour-là, il est devenu l’un des nôtres. Nous étions tous frères." Et c’est en cadet B, avec les U14 lors de la saison 2001-02, que cette équipe si prometteuse commence vraiment à s’épanouir et à assimiler le 3-4-3 rendu célèbre par Johan Cruyff. Ce même schéma tactique qui a permis au Barça de décrocher son premier titre européen en 1992.
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Avant la légende, Messi c'était ça...

Le rôle prépondérant de Tito Vilanova

''L’équipe était incroyablement talentueuse, se souvient Julio de Dios. Valiente était tellement serein en défense. Toni Calvo était un ailier très rapide. Sito Riera joue aujourd’hui en première division polonaise et Franck Songo’o était un talent à l’état pur. Quant à Victor Vazquez… Probablement le plus doué techniquement. Mais il était évident que Messi, Cesc et Piqué avaient quelque chose en plus. Nous battions des équipes plus âgées que nous par sept ou huit buts d’écart !"
Cette saison-là, Barcelone remporte la ligue régionale (la Preferente Catalana) devant les cadets A de l’Espanyol. C’est la première fois qu’une équipe de jeunes surclassés réalise une telle performance. ''Nous avions une équipe tellement bien organisée, explique Victor Vazquez, qui évolue aujourd’hui aux côtés de Sebastian Giovinco dans l’équipe de Toronto en MLS. Chaque entraîneur entretenait cette philosophie de jeu. J’ai débuté lorsque j’avais 12 ans sous la direction de Rodolpho Borrel. Puis avec Albert Benaiges et Tito Vilanova, qui étaient des gens de la maison. Cela facilite les choses car rien ne change d’année en année et vous savez exactement ce que l’on attend de vous."
Plus que n’importe qui, Vilanova, qui mena Barcelone au titre en 2013 avant de mourir d’un cancer l’année suivante, a su entretenir l’esprit de compétition de cette 'Generacion del 87', qui remporte la majorité de ses matchs avec une incroyable facilité. "Je me souviens d’un match lors duquel nous menions 3-0 après seulement trois minutes de jeu, a raconté un jour Vilanova à l’auteur Marti Perarnau. C’était presque impossible de faire ça. Je me suis tourné vers mon assistant et je lui ai dit : 'Qu’est-ce que je vais leur dire maintenant ?' Que dire à la pause lorsque vous menez 8-0 ?"
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L'équipe junior du Barça en 2002-2003

Crédit: DR

Messi catastrophique... à la Playstation

Le développement personnel devient le maître mot au sein de ce groupe hors-normes. A l’image d’un Piqué qui fait du rab après les entraînements en cadet B pour améliorer son jeu de tête. "Nous savions ce que l’on attendait de nous, explique Victor Vazquez à FFT. Nous ne nous relâchions jamais car l’objectif était d’intégrer l’équipe première. Les jours de match étaient toujours les meilleurs moments de la semaine car c’était l’opportunité de démontrer notre talent face à des adversaires que nous ne connaissions pas."
'La Generacion del 87' intègre l’équipe des cadets A, dirigée par Alex Garcia, lors de la campagne 2002-03. Tout est alors réuni pour que cette saison soit celle des records. "La seule question était de savoir combien de buts nous allions inscrire, se souvient Victor Vazquez. Il nous arrivait de gagner 10 ou 15-0. Messi et moi nous battions pour savoir qui marquerait le plus de buts lors de chaque rencontre. Cesc et Piqué se livraient aussi à une petite compétition entre eux. C’était le moyen le plus intéressant pour rester motivé."
L’équipe reste invaincue tout au long du championnat de Catalogne et le défenseur Oriol Palencia se souvient d’une victoire 22-0. Fabregas, lui, nous parle d’un succès 32-0. L’harmonie ne se limite évidemment pas au terrain et au vestiaire. Après l’entraînement du soir, les joueurs prennent leur repas à 20h00 puis ils ont deux heures de temps libre. Les tournois de Playstation sont une tradition et tous les jeunes du centre y participent. ''Fabregas était assez doué, Piqué aussi, se remémore Julio de Dias. Mais Messi, c’était une catastrophe ! Il s’est amélioré avec le temps mais il était vraiment très mauvais au début. Enfin, seulement sur la Playstation. Parce que sur le terrain, c’était lui le meilleur.''
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Lionel Messi avec ses coéquipiers en équipe jeune du Barça

Crédit: DR

Le match du masque en guise de jubilé

Avec Messi, qui inscrira plus de 40 buts lors de la seule saison complète qu’il disputera en équipe jeune, cette bande de copains de 15 ans est surnommée Las Ansias (les pépites) par l’entraîneur Alex Garcia. "C’était un groupe tellement extraordinaire, avec des joueurs taillés pour le succès, se souvient Garcia, un brin nostalgique et qui travaille encore aujourd’hui pour le club. Cette génération était unique. Vous aviez un mélange parfait de joueurs incroyablement talentueux et de très bons joueurs évoluant ensemble depuis qu’ils étaient en Avelines (U11). C’était une armada de talents."
Une rencontre cette saison-là est restée célèbre : la finale de la Copa Catalunya face à l’Espanyol, le 4 mai 2003. Ce match est encore connu sous le nom de 'partido de la mascara' (le match du masque). Une semaine plus tôt, la 'Generacion del 87' a été officiellement sacrée en championnat face à cette même équipe mais Messi y a laissé une pommette. Malgré une fracture, il est autorisé à participer à la finale de la Coupe, à condition qu’il porte un masque protecteur.
"Lors de cette partido de la mascara, se souvient Garcia, j’ai découvert que Messi appréhendait le football comme un jeu mais également comme un effort collectif. Ce jour-là, il a démontré qu’il était capable de tout pour gagner." Cette finale de la Copa Catalunya, remportée 4-1 par le Barça, sera la dernière partie que Messi, Piqué et Fabregas joueront ensemble avant 2011 et le retour de Fabregas en provenance d’Arsenal.
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Cesc Fabregas et Lionel Messi en 2011

Crédit: Getty Images

Piqué et Fabregas filent en Premier League, pas Messi

Six semaines plus tard, la légendaire équipe des cadets A du Barça remporte la finale du championnat espagnol en battant l’Athletic Bilbao (2-1). Messi absent, c’est Fabregas qui est élu meilleur joueur de ce tournoi d’Albacete. Avant de filer pour Arsenal où Arsène Wenger promet de l’intégrer rapidement dans l’effectif de l’équipe première malgré ses 16 ans. Piqué est lui en discussion avec Manchester United, qui lui offrira son premier contrat professionnel l’année suivante. Quid de Messi ? Lors de la saison 2003-04, il navigue entre les différentes équipes du Barça : Juvenil B, Juvenil A, Barcelone C, Barcelone B et enfin l’équipe première lors d’un match amical face au Porto de José Mourinho.
Quinze ans se sont écoulés depuis que la 'Generacion del 87' a marqué l’histoire. Et Fabregas n’est pas le seul à considérer cette époque comme la plus belle période de sa vie. "J’ai des souvenirs inoubliables, confie Julio de Dios, qui évolue aujourd’hui à Jumilla en troisième division. J’ai joué avec quelques-uns des meilleurs joueurs du monde et tout le monde ne peut pas en dire autant. Aujourd’hui, les relations sont un peu plus rares et il est difficile de rester en contact avec tout le monde. Mais quand nous nous voyons, c’est comme si nous n’avions pas grandi."
Le sentiment dominant pour les joueurs de cette équipe de cadets A est le même : la fierté d’être parvenus à un tel exploit, d’avoir côtoyé de futures stars et de partager un héritage commun. "C’était un privilège, conclut Victor Vazquez. J’ai joué en équipe première et j’ai marqué aux côtés de l’un de mes meilleurs amis, Lionel Messi." Avis partagé par Julio de Dios : "Je suis tellement reconnaissant envers Barcelone et envers mes anciens coéquipiers de la 'Generacion del 87' de m’avoir appris tout ce que je sais aujourd'hui du football. Je venais d’une petite ville de 30 000 habitants et je suis arrivé à La Masia, conscient du travail qui m’attendait. Les sept années passées là-bas m’ont permis de me construire en tant qu’homme." Aux côtés d’un phénomène et de deux futurs vainqueurs de la Coupe du Monde...
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