Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Premier League - Pour Martial, la coupe est pleine

Bruno Constant

Mis à jour 19/05/2018 à 18:37 GMT+2

PREMIER LEAGUE - A l’occasion de la finale de la Cup qui oppose Manchester United à Chelsea, le Français disputera peut-être son dernier match sous le maillot des Red Devils avec qui, lors des quatre derniers mois, il a perdu sa place de titulaire et ses chances de disputer la Coupe du monde.

Anthony Martial

Crédit: Getty Images

Quand vient le temps des beaux jours de mai, on a tous nos souvenirs de finales de FA Cup, plus ou moins jeunes. Ils nous ramènent souvent à l’ancien Wembley - le vrai, le mythique -, comme cette demi-volée de l’extérieur du pied de Cantona qui, en reculant, crucifia Liverpool un après-midi de 1996. Pour d’autres, c’est le Millenium de Cardiff qui a hébergé le rendez-vous durant la démolition puis la reconstruction de l’enceinte londonienne. Didier Drogba, lui, restera à jamais marqué par l’arche qui surplombe et symbolise le nouveau Wembley et qu’il a pris l’habitude de saluer à chaque fois qu’il passe devant en voiture. C’est un rituel. Wembley était son jardin. L’Ivoirien y a inscrit huit buts en neuf rencontres et reste le seul joueur à y avoir marqué dans quatre finales de Cup.
En apercevant cette arche métallique dans le ciel londonien depuis le bus mancunien qui le conduira à la finale opposant Manchester United à Chelsea ce samedi, Anthony Martial se demandera peut-être s’il étrennera une dernière fois le maillot des Red Devils. Le Français a été déclaré "fit" par Jose Mourinho après avoir manqué la dernière journée de championnat sans que l’on sache réellement si son absence était due à une petite gêne à la cuisse, comme évoqué par son cousin, ou un problème au… genou, selon son club. Et si son entraîneur avait prévu de l’aligner contre Watford dans une rencontre sans enjeu, il n’est pas dit qu’il le fera dans une rencontre qui peut lui éviter une saison blanche. Ce n’est pas vraiment la tendance des dernières semaines, qui ont vu le Français rester quatre fois sur le banc lors des huit précédentes rencontres.
picture

Anthony Martial

Crédit: Getty Images

Dans le nord de l’Angleterre, son départ ne fait d’ailleurs plus vraiment de doute dans ce qui ressemble à un énorme gâchis. Arrivé avec la réputation d’un futur crack liée en partie à la dimension de son transfert qui, finalement, n’atteindra que 60 des 80 M€ prévus par les bonus - le joueur n’a pas encore validé les 25 sélections nécessaires en équipe de France (18) ni sa présence dans le Top 10 du classement au Ballon d’or -, Martial a connu plus de bas que de hauts à Manchester. Ils ne sont pas tous le fait de ses entraîneurs, Van Gaal puis Mourinho. Le Français est un très bon joueur dont les performances, comme beaucoup de jeunes de son âge, sont assujetties à son niveau de confiance ; lui peut-être plus que les autres.

11 buts et 8 passes décisives en 5 mois avant l’arrivée d’Alexis…

Mais cette saison aurait pu, aurait dû, être la sienne à Manchester United. Après une première saison difficile sous Mourinho, qui avait soufflé le chaud et le froid avec le Français et son entourage, Martial avait réussi le plus dur : se plier aux exigences de son entraîneur et gagner la confiance de celui-ci grâce à des performances solides et régulières au point d’être l’homme de la première partie de saison mancunienne avec 11 buts, 8 passes décisives et une influence dans le jeu qui dépassait bien souvent ces statistiques. Et il n’y a sans doute pas de hasard si, après un Euro 2016 raté, sa meilleure performance en Bleus, face à l’Allemagne en novembre dernier, correspondait également à sa meilleure période en club où il était en pleine confiance. Mais, à l’époque, personne n’imaginait ce qui allait suivre.
Le 14 janvier dernier, j’avais émis quelques doutes sur son avenir si les rumeurs de l’arrivée d’Alexis Sanchez en provenance d’Arsenal se confirmaient. Huit jours plus tard, le Français découvrait sur son téléphone une vidéo dévoilant le nouveau numéro ''7'' des Red Devils jouant du piano dans un clip qui en disait déjà long sur le statut réservé au Chilien à United. Et lors des quatre mois qui ont suivi, Martial a tout perdu : sa confiance, sa place de titulaire sur le côté gauche de l’attaque de Manchester United d’où il a été délogé par le Chilien, et même sa place tout court étant donné les bruits au sujet de son avenir, et surtout ses chances de disputer la Coupe du monde.
picture

José Mourinho et Anthony Martial après le match Burnley - Manchester United en Premier League.

Crédit: Eurosport

Il se fait chiper son numéro puis son poste

Jose Mourinho est passé par là. Le Special One aime combattre l’idée qu’il ne donne pas sa chance aux jeunes mais sa gestion du cas Martial a été désastreuse. Après s’être fait chiper son numéro ''9'' à l’arrivée de Zlatan Ibrahimovic en 2016, le Français a été exclu de son couloir gauche. En allant chercher Alexis Sanchez qui se morfondait à Arsenal en échange de Mkhitaryan, Mourinho a détruit l’équilibre de son équipe en même temps que la confiance de son meilleur joueur. Le Chilien n’a jamais recouvré le niveau qui était le sien chez les Gunners et le Français, d’abord relégué sur le côté droit avant de glisser sur le banc, a perdu totalement pied.
Bien sûr, on peut débattre de la part de responsabilité du joueur qui n’a plus vingt ans et n’a pas toujours saisi la chance offerte par son entraîneur. Mais avouez que cela ressemblait quand même à un cadeau empoisonné… Tout le monde connaît la qualité première du joueur sur le côté gauche, celle de provoquer balle au pied pour repiquer dans l’axe où son pied droit est une arme absolue. A droite, Martial redevient prisonnier de cette ligne de touche qui l’enferme comme un lion en cage. Après trois années, le Français n’a plus vraiment le choix : il doit partir pour rebondir. La Juventus lui fait les yeux doux. Ça tombe bien, Mourinho aime beaucoup le Turinois Alex Sandro. Comme c’est étrange…
picture

Anthony Martial (Manchester United)

Crédit: Getty Images

Bruno Constant fut le correspondant de L’Equipe en Angleterre de 2007 à 2016. Il collabore aujourd’hui avec RTL et Rfi en tant que spécialiste du football anglais et vous livre chaque sa semaine sa chronique sur la culture foot de Sa Majesté.
Pour approfondir le sujet, écoutez mon Podcast 100% foot anglais sur l’actualité de la Premier League et du football britannique.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité