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Manchester, Chelsea, Arsenal, Liverpool : La Premier League, meilleur championnat du monde ?

Bruno Constant

Mis à jour 04/11/2016 à 12:31 GMT+1

PREMIER LEAGUE - Avec cinq équipes en trois points après dix journées, le championnat d'Angleterre n'a jamais été aussi indécis. L'arrivée de quelques-uns des meilleurs techniciens au monde n'y est sans doute pas pour rien. Cela en fait-il pour autant la meilleure ligue ?

Alexis Sanchez contre Chelsea

Crédit: Imago

Le titre est volontairement provocateur - je m'attends déjà à des remarques brûlantes dans les commentaires, émanant principalement des amoureux (défenseurs ?) de la Liga - et un brin arbitraire dans la mesure où il est difficile d'affirmer qu'un championnat, composé de vingt équipes, est supérieur à un autre, encore que la Ligue 1 soit nettement inférieure à la PL, la Liga et la Bundesliga qu'on a tendance à écarter un peu trop vite. Néanmoins, l'objet de cette chronique n'est pas une affirmation mais bien une question. J'y reviendrai - et répondrai peut-être - plus tard. Celle-ci trouve son origine dans le début de saison anglais. Jamais la Premier League n'est apparue si serrée, imprévisible et homogène.
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José Mourinho a glissé quelques mots doux à l'oreille d'Antonio Conte

Crédit: Panoramic

Serrée car, après dix journées, les cinq formations de tête se tiennent en trois points. Du jamais vu ! Quelles sont ces équipes de tête ? 1. Guardiola, 2. Wenger, 3. Klopp, 4. Conte, 5. Pochettino... Pardon. Manchester City, Arsenal, Liverpool, Chelsea, Tottenham... Tandis que Manchester United est déjà décroché, comme Chelsea l'an passé. A moins que ce ne soit leur dénominateur commun (Mourinho) qui le soit. Refaire un retard de huit points en vingt-huit journées sur une équipe n'a, en soi, rien d'impossible mais sur trois voire quatre semble peu probable.

Quatre favoris au titre

Imprévisible car, concernant le titre, bien malin qui peut désigner aujourd'hui le futur champion en mai. Chaque saison au mois d'août, en dehors de celle passée qui a vu l'inattendu conte de fées de Leicester, il était assez facile de miser dix pounds sur le ou, tout au moins, les deux grands favoris au titre sans se tromper : City et MU en 2012, MU et City en 2013, City en 2014, Chelsea et City en 2015. Cette saison, c'est beaucoup plus compliqué.
Après six journées, Manchester City, très vite porté par la nouvelle philosophie de jeu de Guardiola (6 matches, 6 victoires), semblait un ton au-dessus de tous les autres. Puis Liverpool, à travers la qualité de ses performances, a proposé le jeu le plus séduisant et le plus spectaculaire. Depuis quatre rencontres et le passage à une défense à trois qui a offert solidité à son bloc et confiance à ses attaquants (Costa et Hazard notamment), Chelsea est redevenu une machine redoutable (4 matches, 4 victoires, 11 buts marqués, 0 encaissé). Et ces deux-là - Reds et Blues - possèdent l'avantage de ne pas disputer de Coupe d'Europe.
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Gary Cahill et les joueurs de Chelsea célèbrent le but de N'Golo Kanté contre Manchester United, le 23 octobre 2016.

Crédit: AFP

Enfin, il ne faudrait surtout pas oublier Arsenal. Ok, Arsenal, on connaît la chanson. Frustrant en août, séduisant ensuite, fragilisé par les blessures de novembre à février et hors course début mars. Mais, malgré le pessimisme ambiant qui les entoure, les Gunners possèdent sans doute l'effectif le plus riche et le plus équilibré. Et finiront bien un jour par remporter à nouveau ce foutu championnat !
J'exclue dans ce décompte Tottenham, dont l'absence de réelle deuxième buteur derrière Harry Kane (Janssen n'y est pas encore) et la difficulté de jouer sur deux tableaux (championnat et Ligue des Champions). D'ailleurs, ses résultats décevants sur la scène européenne tiennent autant à Wembley qu'aux blessures qui fragilisent son équipe-type (Kane, Alderweireld, Rose, Dembélé). J'exclue également Manchester United, déjà à huit points et qui semble parti pour une nouvelle saison de transition, à moins que celle de Mourinho vers son crépuscule.

La difficulté du championnat ? Son ventre... dur

Enfin, homogène car, au-delà du Big Five, la Premier League, et c'est là où réside sans doute sa difficulté par rapport aux autres ligues, possède un ventre... dur, très dur même, composé de sept à huit équipes. Koeman semble donner une nouvelle dimension à Everton (6e), redoutable en contres. Malgré les départs des trois meilleurs joueurs (Mané, Pellé, Wanyama), Claude Puel a su maintenir Southampton à son rang et s'appuie sur l'une des meilleures charnières (Fonte-Van Dijk). Watford (7e) change de manager chaque année sans altérer la progression de l'équipe. Bournemouth (10e) possède le meilleur technicien anglais (Eddie Howe) et sans doute le jeu le moins "british" de PL.
Avec le retour d'Ayew et plus tard de Carroll, le West Ham de Payet redeviendra une équipe dangereuse. Stoke (12e), qui reste sur trois succès, retrouve peu à peu son jeu hispanophone et brillant de l'an passé. Quelque peu décevant, le Crystal Palace (13e) de Mandanda, Cabaye, Benteke reste une équipe difficile à jouer. Enfin, Leicester, sans jamais avoir imaginé réitérer le parcours de l'an passé, doit son retard (11e) à sa volonté de prioriser la Ligue des Champions où le club, premier de son groupe après quatre journées, est en passe d'accrocher une qualification historique.
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Paul Pogba face à Leicester

Crédit: AFP

Pour preuve, s'il en fallait une, la même remarque émise par Guardiola, Conte et Klopp quelques semaines après leurs débuts anglais, toutes au bout du même soupir : "Croyez-moi, la Premier League c'est vraiment dur ! Les rencontres sont imprévisibles. Jusqu'à la dernière minute, tout peut se passer, face à n'importe quelle équipe".

Les clubs qui dominent l'Europe sont les clubs "historiques"

Vous me direz : quel rapport avec le meilleur championnat du monde ? J'y viens. Mercredi, quelqu'un m'a demandé, sur Twitter, si le succès de Manchester City face à Barcelone (3-1) faisait de la Premier League le meilleur championnat du monde ? Il y avait évidemment un poil d'ironie, certains diront de provocation, dans la question, mais la réponse était assez simple : non, évidemment que non ! J'ai toujours pensé et soutenu l'idée que les résultats des clubs sur la scène européenne ne reflétaient en rien la valeur du championnat qu'ils représentent, seulement le niveau de leurs meilleurs clubs.
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Gundogan, Manchester City, celebra su gol ante el Barça (UCL)

Crédit: Eurosport

A cela, deux exemples : Chelsea, sacré en 2012 alors que les Blues souffraient en championnat (6e), et le PSG. Oui, le PSG qui, depuis quatre saisons, écrase de sa domination un championnat d'une faiblesse abyssale mais a atteint un niveau de jeu et de maitrise impressionnant sur la scène européenne qu'on n'a peut-être pas assez savouré en France, comme le soulignait justement Claude Puel dans une récente interview ("Paris était du calibre de Barcelone"). Et si le PSG a toujours échoué aux portes du dernier carré, l'histoire aurait peut-être été tout simplement différente avec un meilleur tirage en quarts - Malaga ou Galatasaray plutôt que le Barça en 2013, Monaco ou Porto plutôt que le... Barça en 2014 - à l'image de la route du Real de Zidane jusqu'en finale la saison passée (AS Rome, Wolfsburg, Manchester City).
A ce jour, il est une évidence de dire que les trois meilleurs clubs espagnols - Real Madrid et Barcelone, qui se sont (trop) longtemps partagé le gâteau des droits TV espagnols, et l'Atletico Madrid - sont les meilleures équipes au monde. Ce sont aussi, en dehors de l'émergence nouvelle mais durable de l'Atletico de Simeone, deux des six grands clubs historiques qui ont toujours dominé l'Europe, par leur poids historique, populaire, médiatique et financier : Real, Barça, Bayern, AC Milan, Juventus et Manchester United, qui sont aussi les clubs à compter le plus de finales lors des trente dernières années (*). La place de l'Atletico renvoyant aux succès passagers de Dortmund, Chelsea, Liverpool ou l'Inter Milan.

Qui paierait cher pour de la médiocrité ?

Mais je reviens à notre championnat d'Angleterre. Qu'est-ce qui réfère au "meilleur championnat" ? Les meilleurs joueurs ? Ils sont en Espagne (Messi, Ronaldo, Suarez, Neymar, Iniesta, Griezmann...). Quoi d'autres ?
Les meilleurs entraîneurs ? Ils sont majoritairement en Angleterre (Conte, Guardiola, Klopp, Mourinho, Wenger...) où les nouvelles philosophies de jeu se reflètent déjà sur la scène européenne. A l'image de City qui a battu Barcelone et Messi à l'Etihad, où le score aurait été plus sévère et après avoir fait jeu égal avec lui (mais pas Messi) au Camp Nou. Un City qui souffre pourtant en championnat (une seule victoire depuis quatre journées). Heureusement, Guardiola n'est là que depuis trois mois.
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Mauricio Pochettino et Pep Guardiola

Crédit: AFP

Les meilleurs défenseurs ? Ils sont rares et éparpillés en Europe. Néanmoins, il est amusant d'entendre, lorsque les buts pleuvent en Espagne, que c'est grâce au talent des joueurs et, quand c'est en Angleterre, que c'est à cause des défenses ou des gardiens, anglais de préférence. Or, depuis deux ans, la PL compte certainement quatre des cinq meilleurs gardiens au monde (Cech, Courtois, De Gea, Lloris dans l'ordre alphabétique).
Le meilleur spectacle ? Honnêtement, vous croyez que les chaines du monde entier casseraient leur tirelire pour diffuser les matches de la Premier League si ce n'était pas le meilleur championnat ?
(*) Milan et Barça (8), Bayern (6), Real et Juve (5), MU (4).
Bruno Constant fut le correspondant de L'Equipe en Angleterre de 2007 à 2016. Il collabore aujourd'hui avec RTL, Europe 1, Rfi et i-Télé en tant que spécialiste du football anglais et vous livre chaque sa semaine sa chronique sur la culture foot de Sa Majesté. Pour approfondir le sujet et l'actualité de la Premier League, mon Podcast du foot anglais : https://soundcloud.com/bcprod-1/podcast-100-foot-anglais-9
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