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Premier League - Arsenal : Aubameyang - Mkhitaryan, les nouveaux canonniers ?

Bruno Constant

Mis à jour 10/02/2018 à 10:58 GMT+1

PREMIER LEAGUE - En attirant les deux anciens joueurs de Dortmund cet hiver, Arsenal a profondément modifié le visage de son attaque mais également son profil et retrouvé puissance et rapidité qui faisaient la force des Gunners lors de la première moitié de l’ère Wenger.

Aubameyang et Mkhitaryan, les recrues hivernales d'Arsenal.

Crédit: Getty Images

Quoi ? Encore Arsenal ? Je vous rassure, je ne suis pas obnubilé par le club d’Arsène Wenger même si on peut tous admettre que les Gunners sont un peu plus suivis en France que les autres formations anglaises. A ceux qui se posaient la question, j’ai compté : c’est ma cinquième chronique sur le club londonien depuis le début de la saison. Cinq sur vingt-neuf, ce n’est pas ce qu’on pourrait appeler une obsession. Et puis surtout, Arsenal fut le club anglais le plus actif lors de ce mercato d’hiver et cela mérite qu’on s’y arrête, d’autant que, pour une fois, Arsenal a frappé vite et fort, ce qui leur a souvent été reproché de ne pas faire par le passé.
Et il faut admettre que l’effet a été immédiat et prometteur face à Everton (5-1), même s’il convient de relativiser un peu en raison de la faiblesse de l’opposition. Avec Pierre-Emerick Aubameyang à la pointe de son attaque, Arsenal a retrouvé ce qui faisait la force de la première moitié de règne de l’ère Wenger : vitesse, puissance et profondeur dans son jeu vers l’avant qui terrorisaient ses adversaires.
On jouait un football beaucoup plus rapide que les autres
Le surnom des joueurs d’Arsenal – les Gunners ou Canonniers en français – tient son origine dans la création du club par des ouvriers d’une manufacture d’armement à Woolwich. On ne saura sans doute jamais si notre nom influence qui on est et ce qu’on devient mais celui-ci a rapidement collé à la façon de jouer des hommes d’Arsène Wenger, entre 1998 et 2006. A cette faculté de se projeter rapidement vers l’avant et traverser le terrain en quelques touches pour se retrouver dans le box adverse, ces chevauchées qui faisaient passer des frissons dans les tribunes de Highbury.
"Ce n’est pas que nous courions plus vite que les autres mais le ballon allait plus vite", explique Freddie Ljungberg. De Ian Wright à Thierry Henry en passant par Nicolas Anelka, Robert Pires, Sylvain Wiltord et donc Ljungberg, le manager alsacien a longtemps basé le jeu de son équipe sur la vitesse et la puissance jusqu’à son point culminant : les Invincibles, dont la rapidité du jeu était davantage de l’ordre du psychisme – disons l’intelligence - que de qualités athlétiques.
"Quelle est la chose la plus rapide en football ?, demanda un jour Jens Lehmann, gardien de l’époque, dans ce qui ressemblait à un piège. Ce n’est pas le ballon. Personne n’est plus rapide sur le terrain qu’une pensée. Ensuite vient le ballon. Et ensuite viennent les joueurs. Entre 2003 et 2006, on jouait un football beaucoup plus rapide que les autres. A une touche." Depuis sa position, le portier allemand était aux premières loges. "C’était extraordinaire à voir", se souvient-il. Le premier joueur recherché n’était pas Henry mais Dennis Bergkamp pour sa faculté à trouver des intervalles. "Le chef d’orchestre", dixit Lehmann. A ses côtés se trouvaient Pires et Ljungberg ou Wiltord, les accélérateurs de particules, et, à la finition, Henry, le satellite prêt à être lancé sur orbite. Les attaques rapides étaient la marque de fabrique des Gunners, une qualité qui a décliné ces dernières années en même temps que le nombre de trophées.
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Bergkamp, Pires et Henry lors de la fameuse saison des "Invincibles" d'Arsenal en 2004.

Crédit: Getty Images

Aubameyang a quelque chose de Henry

Depuis le départ d'Henry (2007), Wenger s’est tourné vers des profils d’attaquants très différents du Français. De Robin van Persie à Alexandre Lacazette en passant par Marouane Chamakh, Lukas Podolski et Olivier Giroud, le jeu très vertical des Gunners est devenu plus latéral avec davantage de possession et un point de fixation. Moins rapide et plus prévisible, à de rares exceptions (Theo Walcott, Danny Welbeck) sans réel succès. Avec l’arrivée d’Aubameyang cet hiver, Arsenal revient quelque part aux origines de son jeu et à un profil qui rappelle la vélocité et les qualités de sprinter du meilleur buteur de l’histoire du club. "Auba" a quelque chose de "Titi", bien au-delà du numéro 14 dont il a hérité.
Par ailleurs, l’attaquant gabonais n’est pas arrivé seul. Arsène Wenger ou plutôt Sven Mislintat, l’ancien responsable du recrutement de Dortmund passé à Arsenal en novembre dernier dont on a déjà senti l’apport dans la rapidité d’exécution cet hiver, a eu la bonne idée d’inclure Henrikh Mkhitaryan dans le transfert d’Alexis Sanchez à Manchester United. En cédant le Chilien contre l’Arménien, les Gunners ont peut-être perdu en qualité individuelle – il suffit de comparer les statistiques des deux joueurs – et en régularité, mais ils ont gagné en vitesse de transmission. Surtout, ils ont reformé la paire Aubameyang-Mkhitaryan qui a partagé 59 buts et 31 passes décisives à Dortmund en 2015-2016. Une complicité déjà entrevue samedi : le Gabonais a marqué sur une passe de l’Arménien et fut à l’origine du premier but en décalant en une touche ce dernier qui trouva Aaron Ramsey au centre. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour Alexandre Lacazette, le grand perdant dans l’histoire qui a hérité du strapontin laissé vacant par Olivier Giroud.
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Pierre-Emerick Aubameyang inscrit sur premier but d'une belle balle piquée lors d'Arsenal - Everton en Premier League.

Crédit: Getty Images

Avec Mkhitaryan et Özil dans les rôles de Pires et Bergkamp

Mkhitaryan permet(tra) également aux Londoniens d’être moins dépendant des passes de Mesut Özil dans les trente derniers mètres. J’ai souvent été critique devant l’irrégularité des performances de l’Allemand mais j’ai aussi pu constater que le niveau de jeu de ce dernier avait tendance à s’élever lorsque tout s’accélérait autour de lui, ce qui sera le cas avec Aubameyang et Mkhitaryan. Ces trois-là peuvent raviver la flamme du glorieux passé des Canonniers : Özil dans le rôle de Bergkamp, Mkhitaryan dans celui de Pires et Aubameyang dans celui d'Henry. Mais, évidemment, il y a un "mais"…
Dans son livre The Invincibles, Amy Lawrence décrit la formation de 2003-2003 comme "the beauty and the beast", "la Belle et la Bête". D’un côté, la beauté de son jeu et, de l’autre, la force animale qui se dégageait de ses joueurs (Thierry Henry, Patrick Vieira, Gilberto Silva, Kolo Touré, Sol Campbell, Martin Keown, Lauren). Or, ces dernières années, Arsenal s’est trop souvent concentré sur la part "belle" du jeu en délaissant la "bête", comme l’illustre son manque criant d’agressivité et de puissance athlétique dans les duels. C’est la raison pour laquelle le nouveau visage d’Arsenal, aussi prometteur soit-il avec son nouveau trio, doit absolument s’accompagner de deux autres renforts majeurs et réclamés depuis tant d’années : un défenseur central et surtout un milieu de terrain défensif axial, rouages essentiels vers de nouveaux succès.
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Henrikh Mkhitaryan lors d'Arsenal - Everton en Premier League.

Crédit: Getty Images

Bruno Constant fut le correspondant de L’Equipe en Angleterre de 2007 à 2016. Il collabore aujourd’hui avec RTL et Rfi en tant que spécialiste du football anglais et vous livre chaque sa semaine sa chronique sur la culture foot de Sa Majesté.
Pour approfondir le sujet, écoutez mon Podcast 100% foot anglais sur l’actualité de la Premier League et du football britannique.
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