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Tottenham, le syndrome européen ?

Bruno Constant

Mis à jour 28/11/2017 à 20:46 GMT+1

PREMIER LEAGUE - Impressionnants et magnifiques en Ligue des Champions face au Real Madrid et Dortmund, les Spurs ont sérieusement décroché en championnat, au point d’être éjectés du Top 4. Alors, Tottenham victime de son bon parcours européen ?

Hugo Lloris (Tottenham), capitaine désamparé

Crédit: Getty Images

Le carrosse ne s’est pas encore transformé en citrouille mais, au rythme où vont les choses en Premier League, on a tôt fait de se retrouver à la rue. Auteur d’un parcours au presque parfait en Ligue des Champions qui voit Tottenham en tête de son groupe devant le Real Madrid et le Borussia Dortmund après avoir pris quatre points au champion d’Europe en titre et six sur six aux Allemands, le club londonien traverse une zone de turbulences en championnat. En l’espace de quatre semaines, les Londoniens sont passés d’un statut de candidat sérieux au titre à celui de rejeté du Top 4. La faute à une panne sèche en Premier League : deux défaites à Old Trafford contre United (0-1) et à l’Emirates Stadium face à Arsenal (0-2), un nul concédé à Wembley face à West Bromwich (1-1), soit quatre points pris sur douze possibles.
Il ne faut pas avoir fait polytechnique pour comprendre que les Londoniens du nord, émigrés à l’ouest (Wembley), subissent la contrepartie de leur beau parcours sur la scène européenne. Comment expliquer, sinon, leur pâle copie face à une équipe en chute libre privée de son entraîneur, Tony Pulis, limogé, ce quatre jours après un match parfaitement maitrisé à Dortmund (1-2) qui leur garantit la première place du groupe avant la dernière journée de Ligue des Champions ? Le coup de mou est davantage psychologique que physique.

Tous les symptômes du burn out

Les Spurs ont, en effet, tous les symptômes du burn out. Tous les joueurs vous diront que les minutes les plus compliquées à gérer dans l’enchaînement des rencontres sont les vingt premières et les coéquipiers de Hugo Lloris n’y ont pas échappé. Une entame poussive, les jambes lourdes, des erreurs techniques inhabituelles, un ballon perdu bêtement au milieu du terrain par Dele Alli, une intervention ratée de Davinson Sanchez sur Rondon, un ballon qui vient mourir lentement dans le petit filet du gardien français et Tottenham se retrouve à courir après le score. Le pire scénario quatre jours après une rencontre de C1.
Ce n’est pas la première fois que cela arrive aux Spurs. Après le match aller face à Dortmund (3-1), ils avaient souffert face à Swansea (0-0) et, quatre jours après son exploit à Madrid (1-1), ils avaient eu tous les maux pour venir à bout de la lanterne rouge, Crystal Palace (1-0). C’est un décrochage logique, presque naturel, pour une équipe aussi jeune que les Spurs, mais pas seulement. Lors de la saison 2011-2012, Chelsea, qui comptait dix points de retard après treize journées, s’étaient focalisés sur la Ligue des Champions, un vieux rêve qu’ils touchaient du doigt depuis quelques saisons et qu’ils avaient fini par remporter tout en finissant… sixième du championnat. Inconsciemment, Chelsea est un peu dans la même situation cette saison. Sacrés champions d’Angleterre la saison passée, Antonio Conte et ses joueurs ont fait de la Ligue des Champions leur priorité.

Pour le titre c’est déjà fini

Certains me feront remarquer que Monaco, la saison passée, avait réussi à combiner leur excellent parcours européen et le titre en Ligue 1. Mais le championnat de France n’est pas la Premier League. Dans un week-end qui a vu Manchester City venir à bout de Huddersfield (2-1) à la 84e minute sur un ricochet heureux, United s’imposer sur un tir détourné face à Brighton (1-0) et Arsenal arracher un succès à Burnley (1-0) grâce à un penalty dans le temps additionnel, la treizième journée a confirmé que rien n’est donné ni pardonné dans ce championnat ultra compétitif. Le moindre relâchement coûte très cher. Les hommes de Mauricio Pochettino viennent d’en faire l’amère expérience.
Il y a un mois, on vantait – moi le premier – la montée en puissance de cette nouvelle force anglaise, brillante et ambitieuse, qui avait l’occasion de passer Manchester United à Old Trafford et rester dans la roue de City (5 points). Loin de moi l’idée de retirer la moindre ligne que j’ai pu écrire sur cette formidable équipe. Leur parcours européen me conforte d’ailleurs dans cette idée. Mais, aujourd’hui, les Spurs se retrouvent à treize longueurs du leader, ce qui a poussé leur entraineur à concéder le titre, déjà.

La méforme d’Alli s’étire à n’en plus finir

Le passage de White Hart Lane à Wembley, certes, n’arrange rien même si, au fil des semaines, les joueurs de Mauricio Pochettino ont appris à dompter leur nouvelle maison comme en témoignent leur succès en Ligue des Champions ou leur démonstration face à Liverpool (4-1). Non, le problème est ailleurs. Les cadres sont un peu moins bien ou un peu moins en réussite. Si Harry Kane parvient encore à s’astreindre de sa responsabilité première – marquer -, Christian Eriksen est moins performant, Hugo Lloris moins décisif tandis que la méforme de Dele Alli s’étire à n’en plus finir. Ajoutez à cela les absences d’Alderweireld et Wanyama, si précieux la saison passée.
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La déception de Dele Alli (Tottenham) contre West Bromwich Albion

Crédit: Getty Images

Mais, dans ce groupe, certains ne jouent pas ou plus leur rôle. Walker est parti et quelque chose semble s’être brisé entre Rose et le club, Dembélé collectionne les petits pépins physiques et Sissoko ne ressemble toujours pas au joueur de l’équipe de France. On peut aussi être déçu des apports d’Aurier et surtout de Llorente, qui n’a toujours pas marqué le moindre but et confirme la difficulté de vivre dans l’ombre de Kane comme a pu le montrer Janssen avant lui. Cela montre à la fois les limites du banc de Tottenham et la force des effectifs pléthoriques de Manchester City et United.
Bruno Constant fut le correspondant de L’Equipe en Angleterre de 2007 à 2016. Il collabore aujourd’hui avec RTL et Rfi en tant que spécialiste du football anglais et vous livre chaque sa semaine sa chronique sur la culture foot de Sa Majesté. Pour approfondir le sujet, écoutez mon Podcast 100% foot anglais sur l’actualité de la Premier League et du football britannique.
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