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Craven Cottage, le joyau qui fait la fierté de Fulham

Bruno Constant

Mis à jour 27/09/2018 à 14:11 GMT+2

Après deux saisons avec la team Eurosport, l’histoire s’arrête mais elle fut joyeuse. Au gré de mes chroniques, j’ai eu le plaisir de partager ma passion du football anglais et quelques-unes de ses spécificités. Pour ma dernière, j’ai donc décidé de vous emmener dans mon stade londonien préféré et sans doute le plus beau d’Angleterre : Craven Cottage.

Craven Cottage, Fulham Stadium, Londres

Crédit: AFP

On ne va pas se mentir. Nous, journalistes qui couvrons le football anglais, nous sommes tous réjouis le jour de l’officialisation du retour de Fulham en Premier League après quatre ans d’absence, en mai dernier. Il faut avoir assisté, au moins une fois dans sa vie, à une rencontre dans le stade des Cottagers pour comprendre. Craven Cottage, son nom sonne comme un film hitchcockien que l’on imagine volontiers en noir et blanc, les couleurs de Fulham soit dit en passant mais également de son enceinte. Craven Cottage n’a pourtant rien du thriller.
C’est davantage une parenthèse enchantée dans un cadre idyllique, là où le temps s’est arrêté, là où le football moderne et ses centre commerciaux du football qui se ressemblent tous n’ont pas encore altéré la tradition et la différence. Craven Cottage colle parfaitement à l’image que l’on se fait d’un stade anglais : sa façade de briques rouges, ses quatre tribunes soutenues par ces poteaux qui bouchent une partie de la vue et poussent les spectateurs à se dandiner sur leur siège. Petit, simple, charmant, certains diront posh (chic), old school mais so british !
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Craven Cottage

Crédit: Eurosport

The Eight Bells, le pub où se changeait les joueurs…

Laissez-moi vous emmener en balade vers mon stade préféré à Londres et sans doute le plus beau d’Angleterre, ce joyau du club de Fulham, écrin magnifique déposé au bord de la Tamise au sud ouest de la capitale. On dit, outre-Manche, qu’il n’y a pas de plus belle journée pour se rendre à un stade de foot qu’un match à Craven Cottage un jour de printemps. Le voyage initiatique commence bien avant les grilles du stade, depuis la principale station de métro qui le dessert : Putney Bridge, sur la District Line. En sortant, prenez à gauche sur Ranelagh Gardens. Plus loin sur la droite, vous découvrirez le pub mythique de The Eight Bells (Les huit cloches) qui servait de vestiaire aux joueurs de Fulham entre 1886 et 1888, une époque où Craven Cottage, construit dix ans plus tard, n’existait pas encore. L’année suivante, le club, qui a connu douze stades différents et même logé dans celui de son rival des Queens Park Rangers (Loftus Road), évolua à Purser’s Cross dont la particularité, au-delà d’être régulièrement inondé, était d’avoir un… arbre sur son terrain.
Après le pub, prenez à gauche sur Fulham High Street puis à droite sur Willow Bank. Vous passerez sous le pont de Putney où résonnent les chants des supporters les jours de match. Là, vous pourrez admirer le cimetière de l’église épiscopale de All Saints avant de vous engouffrer dans Bishops Park qui abrite des courts de tennis, des terrains gazonnés de lan bowling (le jeu de boulingrin) ainsi que le Fulham Palace, bordé de chênes vieux de plus de cinq cents ans. Enfin, vous longerez la Tamise bercé par cet écrin de verdure. Comptez une demi-heure de marche jusqu’à la sortie du parc sur Stevenage road, cette rue bordée de maisons victoriennes qui mène jusqu’au stade et qui a même donné son nom à la tribune principale.
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Craven Cottage, stade de Fulham, l'un des plus vieux clubs d'Angleterre

Crédit: Eurosport

La plus vieille tribune d’Angleterre et du monde !

Avec sa façade de briques rouges, ses lettres majestueuses qui proclament le nom du club et ses sièges en bois rabattables qui sentent bon le vernis quand vient le printemps, la Stevenage stand entretient l’histoire et la tradition du Fulham FC. Il s’agit d’ailleurs de la plus vieille tribune des quatre divisions professionnelles anglaises et même du monde - elle date de 1905 ! - au point d’être classée au patrimoine du royaume. Elle fut rebaptisée du nom de Johnny Haynes, illustre joueur du club (1952-1970) et capitaine de l’Angleterre - "le meilleur passeur que j’ai jamais vu", dira un jour le grand Pelé -, à la mort de celui-ci dans un accident de voiture en 2005 et dont la statue trône au pied de celle-ci.
Mais l’une des nombreuses particularités de Craven Cottage, au-delà de sa tribune adossée à la Tamise bien sûr, c’est le « pavillon » qui se dresse à l’angle du terrain, posé comme un cheveu sur la soupe à la suite d’une erreur de l’architecte de la tribune principale, le célèbre Archibald Leitch, qui avait omis, en 1905, d’inclure des vestiaires à celle-ci. Aujourd’hui encore, le "cottage", comme s’y réfèrent les supporters, abrite les vestiaires, le bureau du manager. Néanmoins, le mot "cottage" de Craven Cottage fait référence à la bâtisse qui trônait à l’endroit du rond central avant même que le terrain ne soit construit et où dit-on la Reine Victoria aurait vécu un temps.
Il a beau être l’un des plus petits stades de Premier League – environ 25 000 places –, il reste l’un des plus beaux et plus authentiques du football anglais. L’ambiance, d’ordinaire bon enfant, n’a rien à envier aux plus grands lors des principaux derbies londoniens, des grosses affiches ou de l’épopée européenne qui avait conduit la formation de Roy Hodgson jusqu’en finale de l’Europa league (2010) perdue face à l’Atletico Madrid d’Agüero, Forlan et d’un jeune gardien prometteur répondant au nom de De Gea.
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Craven Cottage

Crédit: Eurosport

Mon premier match : Fulham face au Bolton d’Anelka

Mon histoire avec Fulham a débuté très tôt, dès mon premier reportage en Angleterre, pour le journal But! cher à Olivier Rey et qui a formé bon nombres de journalistes de L’Equipe et de France Football. J’avais été missionné pour aller voir l’autre french connection de Londres. Pas celle des Gunners (Henry, Vieira, Pires, Wiltord) donc mais celle, émergente, de Fuham et Jean Tigana composée à l’époque de Saha, Marlet, Malbranque, Legwinski et Goma. Cette année-là (2001), néanmoins, je n’avais pas eu la chance de connaître Craven Cottage. J’avais dû attendre six années pour y vivre mon premier match, l’année de mon installation à Londres. Un agent anglais, rencontré quelques mois plus tôt à Motspur Park, le centre d’entraînement des Cottagers, m’avait proposé de l’accompagner. La rencontre n’avait rien d’une affiche, Fulham face à Bolton. C’était un mercredi soir d’août, sous la pluie. Fulham comptait peu de grands noms outre l’ancien Bordelais Smertin et les premiers pas de celui qui deviendrait plus tard une légende du club, l’Américain Clint Dempsey.
Dans le camp des "vagabonds", en revanche, figuraient plusieurs joueurs français ou anciens de la Ligue 1 : l’ancien Marseillais Abdouleye Meïté, l’ex Bordelais Gérald Cid, El Hadji Diouf et surtout Nicolas Anelka, principale quête de ma visite et que j’avais pu approcher après la rencontre. Car, à Fulham, à l’époque tout au moins, les spectateurs les plus patients pouvaient facilement aborder les joueurs qui bravaient la foule à la sortie du stade pour rejoindre leur bus. J’avais ainsi pu discuter avec Meïté, que j’avais connu lors de l’épopée européenne de l’OM en 2004 et qui m’avait présenté Anelka, avec qui j’avais pu m’entretenir et qui s’était révélé bien plus accessible que l’image qu’on en donnait trop souvent. Mais je garde surtout le souvenir d’un vrai match anglais et de ce qui, bien des années auparavant, avait provoqué le coup de foudre d’Arsène Wenger pour ce football si particulier : "Il faisait froid, il pleuvait, on était serré en rang d'oignons dans la tribune et, ce jour-là, je suis tombé amoureux du football anglais." Et moi de Craven Cottage !
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