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Premier League - Arsenal, un chantier gargantuesque

Bruno Constant

Mis à jour 18/08/2018 à 18:18 GMT+2

PREMIER LEAGUE - Il ne suffisait pas de tourner la page Wenger pour assister au redressement miraculeux du club londonien. Unai Emery, désormais au pied de la montagne après la démonstration de Manchester City (0-2) et avant de défier Chelsea à Stamford Bridge samedi, a pu mesurer de près l’immense chantier qui l’attend.

Emery Ozil Arsenal

Crédit: Getty Images

Une défaite à domicile en guise de lever de rideau, une fin de match dans un stade à moitié vide, une fragilité défensive déconcertante, un gardien fébrile, des stars qui désertent, un manque de poids devant le but adverse… A Arsenal, le manager a beau changer - et il faut avouer que cela faisait bizarre de voir un autre entraîneur qu’Arsène Wenger sur le banc des Gunners -, certaines choses ne changent pas. Il est évidemment trop tôt pour juger Unai Emery mais la performance de son équipe laisse augurer de l’immense chantier qui se dresse devant lui. Il y avait une classe d’écart entre Arsenal et Manchester City, entre un grand corps malade et un candidat à sa propre succession. On l’avait déjà dit mais, quitte à se répéter, il ne suffisait pas d’inviter Arsène Wenger vers la sortie pour espérer que tous les problèmes d’Arsenal disparaissent par enchantement. La route pour retrouver une place dans le Top 4 peut être longue, très longue, même si on se souvient du chemin de croix de Liverpool, privé de Ligue des Champions pendant quatre saisons après sa dégringolade à la septième place en 2010.
Trois à quatre mercato pour façonner son équipe
L’ancien entraîneur du PSG aura besoin de temps, de ''trois à quatre Mercato pour construire et façonner une équipe à son image'', selon Gary Neville, consultant pour la chaîne Sky Sports. C’est à dire au moins une année complète. C’est à peu près le temps qu’il a fallu à Pep Guardiola pour faire adopter sa philosophie à ses nouveaux joueurs à Manchester City où il a également changé toute sa défense, du gardien (Ederson) aux joueurs qui composaient son ''back four'' dimanche (Walker, Stones, Laporte et Mendy). C’est à peu près le temps qu’il a fallu à José Mourinho pour remettre de l’ordre dans la maison de United, passant de la sixième (2017) à la deuxième place (2018). Et il a fallu deux bonnes années à Jürgen Klopp pour réveiller le géant de Liverpool. Bien sûr, il y a parfois des changements plus radicaux, comme celui d’Antonio Conte à Chelsea. L’Italien avait récupéré une équipe terminant à la dixième place avant de la conduire au titre dès sa première saison (2017) grâce à un bouleversement tactique qui a fait des émules (passage à une défense à trois). Mais les Blues s’appuyaient sur un effectif qui avait été sacré champion deux ans plus tôt (2015, avec Mourinho).
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Unai Emery all'Arsenal durante una sessione d'allenamento. Il primo anno zero dell'Arsenal post ventennio Wenger

Crédit: Getty Images

L’héritage n’est pas tout à fait le même à Arsenal. On n’ira pas jusqu’à dire qu’Emery a découvert un champ de ruines mais il n’y a pas de hasard si les cinq joueurs recrutés par ses dirigeants en un temps record - entre le 19 juin et le 11 juillet - sont tous à vocation défensive (le gardien Leno, les défenseurs Papastathopoulos et Lichtsteiner, les milieux défensifs Torreira et Guendouzi). On ne va pas se mentir, ce ne sont ni des noms qui font rêver les foules ni qui laissent imaginer Arsenal revenir de sitôt dans la course au titre ou ne serait-ce que dans le Top 4. C’est le signe d’un club en redressement contrairement à un grand d’Europe qui ajoute une à deux nouvelles têtes - de vraies valeurs ajoutées - à son onze par saison.

Les promesses de Guendouzi

Il y a plus inquiétant encore lorsque le joueur qui s’est fait le plus remarqué face au champion en titre n’a que 19 ans et évoluait encore en Ligue 2 il y a trois mois de ça. On ne peut décemment pas parler de bon match pour Guendouzi quand on perd autant de ballons précieux dans des zones aussi dangereuses et qui auraient pu coûter cher à son équipe, mais il faut admettre que le jeune milieu de terrain français, jamais ébranlé par ses erreurs et toujours soucieux de jouer vers l’avant, a montré un cran et un caractère qui ont souvent fait défaut à Arsenal. On aurait aimé en dire autant d’Özil, Xhaka, Mkhitaryan ou Mustafi…
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Guendouzi Arsenal

Crédit: Getty Images

Si le chantier est immense, on ne peut pas pour autant tout excuser à Unai Emery. On n’a pas compris pourquoi le technicien espagnol s’est, par exemple, entêté à demander à son équipe, et notamment à son gardien Petr Cech, de repartir de derrière en passes courtes alors que ce n’est pas le point fort de ce dernier, ni de ses coéquipiers d’ailleurs qui ont montré peu de disponibilités pour aider le porteur du ballon. Face à un adversaire comme City, passé maître dans cet art et donc dans la manière de le perturber, c’était suicidaire. Et comme si cela ne suffisait pas, la Premier League a souhaité un impitoyable ''Welcome to England'' à son nouveau manager qui, après avoir accueilli le champion en titre, Manchester City, ira défier le Chelsea de Maurizio Sarri à Stamford Bridge, samedi.
Néanmoins, à Arsenal, tant qu’il y a de la vie, il y a (un peu) d’espoir. Le temps qui passe jouera de plus en plus en faveur du technicien basque pour apporter sa patte et se détacher de celle de son prédécesseur. Avec le temps, Bernd Leno disputera la place de numéro un à Cech qui a pourtant sauvé son équipe à plus d’une reprise dimanche. Lucas Torreira, fort de la belle réputation qui l’a précédé (meilleur tacleur de la Serie A deux saisons de suite avec la Sampdoria), ramènera la ''méchanceté'' qui a trop longtemps manqué à Arsenal (Martin Keown). Guendouzi pourrait être l’une des révélations de la saison. Özil pourrait finir par se réveiller et justifier son énorme revalorisation salariale, Aubameyang redevenir le poison qu’il était à Dortmund et Lacazette être récompensé par ses entrées qui dynamitent souvent le jeu des Gunners. De l’espoir, il en faut surtout aux supporters d’Arsenal. Et de la patience aussi.
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Xhaka, Özil et Mustafi lors d'Arsenal - Manchester City en Premier League.

Crédit: Getty Images

Bruno Constant fut le correspondant de L’Equipe en Angleterre de 2007 à 2016. Il collabore aujourd’hui avec RTL et Rfi en tant que spécialiste du football anglais et vous livre chaque sa semaine sa chronique sur la culture foot de Sa Majesté.
Pour approfondir le sujet, retrouvez mon Podcast 100% foot anglais sur l’actualité de la Premier League et du football britannique.
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