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Débat : Qui de Liverpool ou de Manchester City développe le plus beau jeu en Angleterre ?

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 03/01/2019 à 19:08 GMT+1

PREMIER LEAGUE - Manchester City reçoit Liverpool à 21h dans le cadre de la 21e journée. Un duel entre prétendants au titre mais aussi entre deux équipes qui jouent un football séduisant. Pour autant, laquelle développe le plus beau jeu ?

Pep Guardiola gegen Jürgen Klopp

Crédit: Eurosport

Liverpool

  • Sasha Beckermann
La question peut-elle vraiment se poser ? Comparer le jeu de Liverpool et celui de Manchester City, c’est comparer une vieille Aston Martin, avec quelques kilomètres au compteur, un peu cabossée, mais qui a parcouru les plus belles routes du monde à une Ferrari flambant neuve qui n’a aucun cachet. Oui, City c’est spectaculaire et ça joue très bien, mais ça procure beaucoup moins d’émotion que Liverpool, qui roule sur la Premier League depuis le début de la saison telle la DB5 Goldfinger de James Bond.
Liverpool, c’est une rigueur sans borne, associée au petit grain de folie de Jürgen Klopp, et forcément ça fait des étincelles. L’équipe est capable de jouer de manière compacte, sans rien céder, et de se porter vers l’avant très rapidement à la récupération du ballon.
Oubliés le jeu de possession, les trop nombreuses passes, les constructions de jeu qui durent quinze minutes, Liverpool, c’est la culture de la rapidité, de la surprise et c’est surtout très efficace. Liverpool c'est l'équipe qui est capable d'être menée dans les premières minutes du jeu, mais qui est capable de tout renverser en une petite dizaine de minutes, quoi de mieux que les montagnes russes pour procurer des émotions ?
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Jurgen Klopp

Crédit: Getty Images

Contrer la contre-attaque en contre-attaquant, il est là tout le génie de Klopp qui a compris que jouer était toujours mieux que d’attendre avec le ballon en ronronnant. Pour ce faire, l’équipe en face doit elle aussi jouer pour pouvoir mettre en place ce "gegenpressing" : "Vous ne pouvez pas le faire si elle ne joue pas. (...) S'ils jouent, alors on devra être là", expliquait le tacticien en octobre. Mais pour le moment, très peu d’équipes sont parvenues à déjouer ce système. Je préfère largement voir une équipe un peu brouillonne, se montrer ultra offensive par phases, avec des moments forts qui procurent des émotions terribles, plutôt qu'une équipe qui va jouer de manière linéaire, qui va sûrement maîtriser son sujet de A à Z mais qui va me faire changer de chaîne au bout de la 60e minute de jeu. Les attaques-éclair, qui ne sortent de nulle part, il n'y a rien de mieux.
Liverpool, c’est également le gage d’avoir une équipe équilibrée. J’ai énormément souffert avec l’Olympique de Marseille de Bielsa, qui a été une équipe fantastique à voir jouer mais qui était catastrophique en défense. Klopp m’évite les mêmes cauchemars. Le recrutement de l’été, en plus de la pépite Van Dijk débarquée en janvier dernier, permettent d’avoir une défense stable et sûre d’elle. Défense qui n’a concédé que 8 buts en championnat. Le double pour City… Alisson est clairement une recrue de grande qualité, et a permis à son équipe de réaliser dix clean sheets en Premier League depuis le début de la saison.
Fabinho, acheté à Monaco l’été dernier a été préservé. Un choix audacieux mais payant pour Klopp qui voit son joueur être un acteur très important de l’entrejeu lorsqu’il est aligné. Son système de jeu en 4-2-3-1 avec Salah en pointe, Mané à droite et Firmino juste derrière l'Egyptien (la composition alignée contre Arsenal, victoire 5-1) leur permet d’exprimer tout leur talent : 34 buts à eux trois, toutes compétitions confondues, depuis le début de la saison. Klopp fait tourner l’équipe, impensable pour lui de s’écrouler en deuxième partie de saison comme l’année dernière, surtout que Liverpool joue encore la Ligue des champions. Peu importe les joueurs sur le terrain, l’équipe est très plaisante à voir jouer, évoluer. Il y a peu de déchets techniques, tout est millimétré, sans pour autant devenir aseptisé.
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Mohamd Salah und Roberto Firmino vom FC Liverpool

Crédit: Imago

Enfin, et c’est un indicateur assez important, Klopp est parvenu à réveiller Anfield, qui s'était endormi depuis quelques années. Preuve que le jeu de son équipe fait grandement plaisir aux supporters des Reds. Bref, je vote pour le beau jeu, celui qui n’a peur de rien.
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Jurgen Klopp, Manager of Liverpool talks with Josep Guardiola, Manager of Manchester City during the Premier League match between Liverpool FC and Manchester City at Anfield on October 7, 2018 in Liverpool, United Kingdom.

Crédit: Getty Images

Manchester City

  • Pierre-Alexandre Conte
Il existe probablement autant de définition du beau jeu que d'amateurs de football. Mais lorsque le débat est lancé, le nom de Pep Guardiola est inévitablement mentionné. Parce qu'avec le Barça, le Bayern et aujourd'hui, Manchester City, l'Espagnol n'a pas seulement obtenu des résultats, il a séduit le monde entier à travers le jeu déployé par ses équipes. En particulier en Catalogne, terre de ses premiers exploits en tant qu'entraîneur et dans le Nord de l'Angleterre, pays qui accueille l'un des championnats les plus compétitifs de la planète.
A l'évidence, Liverpool développe un jeu plaisant. Flamboyant même par séquences. Et c'est bien là son problème. La formation de Jürgen Klopp est secouée de spasmes offensifs ravageurs. Elle est capable de mettre à mal n'importe quel adversaire, mais sur une durée assez courte. Pendant quinze, vingt minutes. Arsenal peut en témoigner. Samedi, les Gunners menaient, avant d'être retournés en un quart d'heure par les Reds. Pour autant, cela ne suffit pas à en faire la plus belle équipe à voir jouer du Royaume. L'actuel troisième du classement fait mieux sur ce point.
Pep Guardiola a toujours expliqué que le style adopté par ses équipes ne servait qu'un seul but : la victoire. Cette manière de jouer, elle est désormais connue de tous. Le technicien, double vainqueur de la Ligue des champions, fait de la possession une priorité. Celle-ci s'accompagne d'un pressing agressif, d'une occupation de l'espace minutieuse et d'une prise de risques importante.
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Gabriel Jesus of Manchester City celebrates

Crédit: Getty Images

A l'image de son entraîneur, Man City ne supporte pas l'idée de laisser le ballon. L'équipe étouffe ses adversaires avant de les dévorer. Surtout en championnat. Les coéquipiers de Kevin De Bruyne possèdent le ballon plus de 64% du temps. Personne ne fait aussi bien en Premier League. De manière logique, c'est aussi la formation qui effectue les passes les plus précises (89,1%) et celle qui tente le plus sa chance (17,9 tirs par match). Les statistiques ne sont en rien un gage de beau jeu. Mais ces chiffres donnent ici un éclairage sur le style voulu. Car contrairement à ce que beaucoup veulent faire croire, Manchester City ne ronronne pas. Manchester City attaque. A en perdre la raison.
Regarder les Citizens, c'est poser les yeux une équipe dont chaque membre connaît sur le bout des doigts sa partition. Tout a un sens. Du timing des passes – au moment où l'adversaire vient au contact, pour créer des espaces – aux permutations des ailiers, en passant par les déplacements du gardien. Et en même temps, paradoxalement, les joueurs disposent aussi d'une grande liberté d'action, d'improvisation. Un subtil mélange.
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Bernardo Silva of Manchester City reacts to Leicester City scoring there sides second goal during the Premier League match between Leicester City and Manchester City at The King Power Stadium on December 26, 2018 in Leicester, United Kingdom

Crédit: Getty Images

L'équipe de Pep Guardiola propose un ballet splendide, presque romantique car jusqu'au-boutiste, sans égal en Angleterre. Le débat n'existe aujourd'hui qu'en raison du classement. Oui, Liverpool est plus efficace à l'heure actuelle. Les Reds marquent beaucoup et encaissent peu de buts. Ils font une saison remarquable. Mais c'est bien Manchester City qui pratique le football le plus enthousiasmant d'Angleterre.
Une seule action résume à merveille cette affirmation. C'était dimanche dernier, lors du succès à Southampton (1-3). L'avantage n'est alors que d'un but pour les Citizens. Ederson reçoit dans sa surface un ballon un peu mou venu de la gauche. Pressé, le gardien choisit de jouer en triangle aves ses défenseurs. Les passes sont courtes et précises. Les Saints ne parviennent pas à intercepter. Ils se découvrent, s'essoufflent. Le portier brésilien touche la balle deux fois puis trouve subitement Fernandinho dans l'axe, à la limite de la surface. Celui-ci cherche alors Riyad Mahrez sur le côté droit via une ouverture lumineuse. En bout de course, après avoir profité des espaces laissés, l'international algérien manque son geste final et le cadre. Mais qu'importe, car le plaisir procuré par une action d'une telle beauté laisse une empreinte indélébile dans l'esprit du spectateur.
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Riyad Mahrez celebrates his goal at Watford on Wednesday

Crédit: Getty Images

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