Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Manchester United : Ole Gunnar Solskjaer, le Parc des Princes puis l’entrée en enfer

Cyril Morin

Mis à jour 30/09/2019 à 18:28 GMT+2

PREMIER LEAGUE - Ole Gunnar Solskjaer est-il l’homme idoine pour faire renaître Manchester United ? Ces dernières semaines, l’aura du Norvégien a connu une décote spectaculaire. Cependant, avant le duel face à Arsenal (21h), il ne semble pas encore directement menacé. De quoi révéler aussi beaucoup des limites de l’organigramme en place.

Ole Gunnar Solskjaer

Crédit: Getty Images

Si vous deviez passer un entretien pour devenir réalisateur TV des matches de Manchester United, sachez qu’il y a une règle d’or. Aux manettes, votre première mission est simple : repérer Sir Alex Ferguson dans les tribunes. Et montrer sa trombine, en gros plan si possible, dès que les Red Devils sont en mauvaise posture. Ces dernières semaines, on a beaucoup vu l’Écossais sur nos écrans. Cela dit beaucoup de l’état du club le plus sacré du championnat anglais.
On aurait tort de blâmer les réalisateurs. Au fond, qui incarne le mieux Manchester United aujourd’hui ? Sa plus grosse star a étalé ses envies de départ cet été. Son plus gros espoir, à savoir Marcus Rashford, est à l’infirmerie après avoir (déjà !) tiré la langue. Et son coach tarde à se débarrasser de l’ombre de son imposant mentor. Ole Gunnar Solskjaer et Sir Alex Ferguson, c’est une histoire de respect et d’inspiration. Pour redresser la maison United, le Norvégien ne pouvait pas faire autrement que réanimer un passé déjà lointain. Mais, à force de ressasser le passé, on en oublie le présent.

Noces parfaites et puis…

Reconnaissons un mérite à l’ancien coach de Mölde. L’espace d’un hiver, il a redonné de l’espoir voire de l’enthousiasme à un club qui n’avait plus connu pareille fête depuis le titre de Ligue Europa en 2017. Parce qu’il avait participé à la formidable machine mancunienne d’entre 1996 et 2008, Solskjaer saurait la reconstruire. Oubliés les échecs David Moyes, Louis van Gaal et José Mourinho, cette fois-ci, Manchester United allait revenir au firmament. Promis, juré.
picture

Paul Pogba et Ole Gunnar Solskjaer

Crédit: Getty Images

Les débuts étaient idylliques. Le gâteau de mariage était même copieux : 14 victoires en 17 matches. Et la cerise était aussi inattendue que succulente pour les fans mancuniens : une qualification dans les dernières minutes au Parc des Princes pour retrouver le Top 8 européen. De toute évidence, le "Fergie Time" allait de nouveau enchanter Old Trafford.
Tout à leur empressement d’avoir enfin trouvé un homme capable d’épouser le costume de coach du présent et de gloire passée, les dirigeants mancuniens se sont alors empressés de prolonger Solskjaer. Malgré deux défaites consécutives face à Arsenal et Wolverhampton qui annonçaient pourtant un printemps moins radieux. Depuis ? Vingt matches et une pauvre moyenne d’un point par match…
Les stats de Manchester United depuis la victoire au Parc des Princes en 2019

Infirmerie pleine et effectif trop court

Où se situe le vrai niveau de Manchester United ? Sûrement entre ces deux moyennes extrêmes. Où se situent les Red Devils vis-à-vis des ténors du championnat ? Probablement pas dans le Top 4 mais raisonnablement au-dessus de leur 11e place actuelle.
Si la troupe de Solskjaer a eu du mal au démarrage, c’est aussi que ses forces vives ont déserté son onze de départ. Sans Paul Pogba, les Mancuniens manquent cruellement de créativité. Sans Anthony Martial et Marcus Rashford, ils manquent de jambes, de vitesse et de finition. Ajoutez-y les absences longue durée d’Eric Bailly et celle de Luke Shaw et vous aurez une idée du casse-tête qui se présente à OGS avant de composer ses onze chaque week-end.
L’ancien supersub n’a pas fait ces choix. S’il a été dépensier à l’image des arrivées d’Harry Maguire (87 millions) et Aaron Wan-Bissaka (55 millions), le mercato mancunien a surtout ressemblé à un dégraissage en règle. Romelu Lukaku, Chris Smalling, Matteo Darmian, Antonio Valencia, Ander Herrera, Alexis Sanchez et Marouane Fellaini en janvier dernier ont allégé les caisses en salaire mais ont laissé un vide dans l’effectif. Surtout à des postes clés. Quel géant européen se permettrait de perdre son meilleur buteur sans avoir un réel remplaçant ?

Problème : "Solskjaer n'est pas apprécié des fans de United. Il est aimé"

Malgré la tentative de redonner une couleur british à l’effectif – un des piliers de l’ère Ferguson –, symbolisée par Daniel James, l’alchimie des débuts semble désormais bien loin. Ce que n’a pas manqué de souligner José Mourinho sur Sky Sports après la déroute à West Ham. "Nous avons été mauvais la saison dernière, mais je ne vois aucune amélioration cette saison, avait lâché le Special One. J’aime bien les trois [recrues], elles apportent de la qualité à l’équipe. Mais l’équipe en tant qu’équipe, je n’aime pas du tout". Facile. Mais pertinent.
Car, face à West Ham, c’est effectivement une équipe sans envie et sans but qui a erré sur la pelouse (2-0). Un sentiment similaire que celui connu à la fin de la période Mourinho, quand les dés étaient jetés mais que personne ne voulait se l’avouer. Un sentiment partagé par Jamie Carragher, ancien ennemi intime devenu décrypteur des maux mancuniens : "Solskjaer n'est pas apprécié des fans de United. Il est aimé. C'est trop difficile pour beaucoup de se résoudre à le pointer du doigt comme ils l'ont fait avec Moyes, van Gaal ou Mourinho avec qui ils étaient détachés émotionnellement. Pour moi, Solskjaer ressemble encore à un manager par intérim : il est en place pour débarrasser le vestiaire des noms coûteux et sous-performants et pour assembler la colonne vertébrale d'une équipe pour son successeur".
picture

Soutien entre légendes mancuniennes : Scholes et Vidic valident le travail de Solskjaer

Y a-t-il un plan secret ? Cela serait donné beaucoup de crédit à Ed Woodward et consorts à la tête d’un navire sans direction depuis 2013. Beaucoup de crédit car des idées, surtout des bonnes, ils en ont peu… Si le bateau tangue, Solskjaer ne peut être l’unique responsable. Manchester subit encore et toujours les conséquences de cette direction privée de piliers sportifs qui regarde davantage les bilans financiers du trimestre que les résultats du week-end. Mercredi, la direction s’est félicité d’un chiffre d’affaire record de 700 millions d’euros ! Pendant ce temps-là, les Red Devils coulent tranquillement. Avec Solskjaer en capitaine sans gouvernail. Sans que personne ne semble en état d’alerte au sein du club. Alors, à ce rythme-là, on risque de revoir souvent la moue de Ferguson…
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité