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Premier League - Manchester United et le syndrôme du "ça pourrait être pire"

Philippe Auclair

Mis à jour 11/01/2020 à 16:08 GMT+1

PREMIER LEAGUE - Semaine après semaine, Manchester United continue de s'enfoncer. Vers quoi ? Nul ne le sait vraiment. Ce qui est évident en revanche, c'est que le club "le plus populaire du monde" se vide peu à peu de ce qui en a fait l'un des meilleurs du monde.

Ole Gunnar Solskjaer

Crédit: Getty Images

Ce pourrait être pire, après tout. Une place dans le Top 4 - celle de Chelsea, branché sur le courant alternatif - n'est qu'à cinq longueurs. Il y a toujours un coup à jouer en Europa League: Club Bruges en seizièmes de finale, c'est éminemment jouable, et après, qui sait ? La leçon donnée par Manchester City lord de la demi-finale aller de la League Cup a certes cinglé comme un coup de règle sur des doigts gourds, mais qui est à l'abri de ce genre de contre-performance quand c'est un City des grands soirs qui est en face ? Un nul 0-0 chez les Wolves en FA Cup n'avait rien de déshonorant non plus. Tout est encore possible, à tout le moins dans cette compétition. Et caetera, et caetera.
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Riyad Mahrez of Manchester City scores a goal to make it 0-2 during the Carabao Cup Semi Final match between Manchester United and Manchester City at Old Trafford on January 7, 2020

Crédit: Getty Images

Je suis comme vous, cette litanie du "ça pourrait être pire" m'exaspère. Tout ce qui précède, c'est du vent, et pas de ceux qui vous balaient le ciel du plomb de ses nuages. Parler de Manchester United a un effet démoralisant sur ceux qui ouvrent la bouche comme sur ceux qui tendent l'oreille. Car de quoi parle-t-on ? De faux-semblants, d'ambitions que rien de ce que l'on voit sur le terrain ne justifie, sinon l'obligation de les formuler pour ceux qui prétendent les avoir, de poudre aux yeux lancée à un public dont une grande partie, désormais, n'a plus qu'une envie: regarder ailleurs.

Le capitaine Solskjaer n'a pas de cap

Pendant ce temps, United dérive. Le capitaine Ole est à la barre (curieux comme je me l'imagine en marin du XVIIIe siècle, enperruqué et coiffé d'un bicorne, tout frais sorti de Navale, entouré de lascars qui courent dans tous les sens et qui ne prêtent aucune attention à ses ordres). Le cap change au gré de la brise, et tout le monde s'en fiche un peu.
La barre est placée si bas. Chaque fois que les Red Devils ont attrapé le bon courant, nous avons été surpris : au Parc le printemps dernier, contre Chelsea le premier jour de la saison, face à Liverpool, dans les 2-1 passés à Tottenham et Manchester City en championnat. Chaque fois qu'ils se sont brisés sur un récif, nous nous y attendions un peu : Palace, West Ham, Bournemouth, Newcastle, Watford. Norwich ce weekend ? Qui sait ? Voilà où nous en sommes, un an et une vingtaine de jours après que United a été chercher Solskjaer dans sa péninsule de Romsdal. Ne pas être José Mourinho est certes un atout, comme le Norvégien l'a prouvé. Mais on ne peut pas abattre la même carte à chaque pli, à tous les tours de table.
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Ole Gunnar Solskjær

Crédit: Getty Images

De Solskjaer l'entraîneur, on ne sait toujours quasiment rien, en fait, au delà de quelques slogans. A quoi son équipe devrait ressembler, tout le monde l'ignore, y compris ses propres joueurs, à en juger par ce qu'ils montrent balle au pied; ou alors, c'est que nous avons affaire à des imbéciles. Quel jeu il entend leur faire pratiquer, on l'ignore toujours, au delà des poncifs sur les "traditions" de beau jeu de Manchester United qui, soit dit en passant, ne résistent pas toujours très bien à un examen en règle. Ce qu'on voit sur le terrain, hormis quelques fulgurances en contre, est affligeant. Le ballon colle aux chaussures, circule avec la fluidité d'une béchamel en train d'épaissir.

Solskjaer, racine du mal ou symptômes ?

Ceci n'empêche pas Ole de parler, de l'avenir en particulier, comme si son travail consistait à bâtir fondation après fondation, et pas à élever quelque chose qui ressemble à un mur. Chaque revers est un pas en arrière dans le processus, il l'admet de bonne grâce, de trop bonne grâce d'ailleurs, comme
qu'il avait vu sourire après la défaite 0-2 de Man United à Arsenal.
Mais dans l'univers de Solskjaer, ce pas en arrière est une prise d'élan, incapable qu'il semble être de ne pas positiver. Il évoque des lendemains qui vont bien finir par chanter un jour...mais quand ? Mystère. Inversement, chaque victoire est à ses dires une preuve qu'il est sur le bon chemin. Nous sommes loin, très loin de Chris Wilder, manager des plus loyaux pourtant,
.
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Harry Maguire - Manchester United

Crédit: Getty Images

Nous sommes loin, très loin de ce qu'on est en droit d'attendre du patron du "club le plus populaire du monde". Il est vrai que nous sommes aussi loin, très loin, de ce que ce club devrait être et que, plutôt que de voir en Solskjaer la racine du mal, nous devrions le considérer comme un de ses symptômes, voire comme une de ses victimes. S'il peut paraître insignifiant sur son banc, c'est aussi parce que son club s'est vidé de sa substance, est devenu une absence.
Il ne sait pas où il va ? United non plus. C'est comme ce jeu pratiqué dans les partys d'enfants anglais, pass the parcel, où l'on se passe et se repasse un cadeau enveloppé dans une multitude de feuilles de papier. Chacun ôte une couche, espérant être celui ou celle qui touchera au but. Mais parfois, lorsque la dernière feuille est dépliée, il n'y a rien.
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