Mercato : Paris Saint-Germain, Juventus et maintenant Manchester United ? Adrien Rabiot, le prestige sans convaincre

Il a démarré sa carrière au sein du club qui vient de rejoindre Saint-Etienne en tête du palmarès de la Ligue 1 avec un 10e sacre de champion de France. Il l'a poursuivie dans celui totalise le plus de titres en Italie. Et maintenant, il va peut-être porter les couleurs de celui qui a été le plus souvent champion d'Angleterre. Après le PSG et la Juventus Turin, Adrien Rabiot serait sur le point de débarquer dans une autre institution prestigieuse à Manchester United. Les Red Devils sont franchement dans le creux de la vague. Mais le parcours du milieu français n'en prendrait pas moins une dimension encore plus remarquable.

Du moins, sur les clubs qu'il aura fréquentés en cas de signature à MU. Ils sont dignes du joueur ultra-prometteur qui avait débuté sa carrière professionnelle dès l'âge de 17 ans au PSG. Pas forcément de son niveau global de performance sur les dix années qui ont suivi. En club comme en équipe de France, où il totalise 29 sélections, Rabiot n'a jamais totalement convaincu. A 27 ans, il n'a globalement pas tenu toutes les promesses que son immense talent appelait à Paris et à la Juventus Turin avant son éventuel départ à Manchester United.

Paris y voyait un symbole. Désireux de bâtir une équipe capable de remporter la Ligue des champions en recrutant des stars, le PSG espérait faire de Rabiot le fleuron de son centre de formation, un joueur issu du club qui s'imposerait en équipe première. L'exemple cité à l'époque, c'était celui de Steven Gerrard à Liverpool. Il y avait du chemin à parcourir, mais Rabiot n'était pas si mal parti. Lancé par Carlo Ancelotti, installé dans le groupe pro par Laurent Blanc, devenu titulaire sous les ordres d'Unai Emery, le milieu français progressait régulièrement et rapidement dans cette optique.

Rabiot dégageait cependant déjà l'impression d'un joueur plus exigeant avec les autres qu'avec lui- même. Il se plaignait souvent, rechignant une première fois à prolonger son contrat au début de la saison 2014-15. Il estimait régulièrement qu'il méritait davantage de temps de jeu. Il revendiquait aussi de jouer à un poste précis, celui de relayeur, quand ses entraîneurs le voyaient comme une solution crédible dans un rôle de sentinelle. Il était souvent dans le conflit, quittant son club formateur au bout d'un bras de fer qui lui avait coûté une mise à l'écart du groupe pro à l'été 2019. Son passage à Paris a laissé un désagréable goût d'inachevé.

La Vieille Dame s'est spécialisée depuis longtemps dans l'art d'attirer des bons joueurs en fin de contrat. Elle pensait ainsi avoir réalisé un coup retentissant en recrutant Rabiot, alors âgé de 24 ans, sans avoir à débourser le moindre euro en indemnité de transfert. Trois ans plus tard, la Juve n'a aucune intention de le retenir. Pourtant, Rabiot a eu sa chance. Maurizio Sarri, puis Andrea Pirlo et enfin Max Allegri lui ont accordé beaucoup de temps de jeu. Mais même si Rabiot n'est pas un élément purement offensif, ses statistiques résument ce manque de rendement qui a fini par la lasser le club turinois.

La Juve attendait bien mieux d'un relayeur censé se projeter vers la surface pour être décisif. Au-delà de son apport offensif insuffisant, c'est aussi son allure nonchalante et son attitude parfois détachée qui lui ont valu des critiques, voire même quelques moqueries. Allegri avait bien tenté de secouer Rabiot à l'automne dernier, comme Blanc l'avait déjà fait au PSG. "C'est inutile de parler de son potentiel. Il doit faire beaucoup plus, c'est simple. Si j'étais Rabiot, je serais très en colère contre moi-même", avait lancé l'entraîneur turinois devant la presse. Sans que cela ne provoque la prise de conscience escomptée. Rabiot semble toujours incapable de hausser son niveau d'exigence pour exploiter son potentiel.

Que Rabiot intéresse un club comme Manchester United après ses échecs au PSG et à la Juve peut éventuellement surprendre. Même si le club mancunien le suit depuis longtemps et avait tenté d'obtenir sa signature quand le Français avait quitté le PSG. Mais depuis, Rabiot n'a vraiment pas montré grand-chose pour devenir le milieu de terrain de gros calibre qui fait si cruellement défaut à l'entrejeu des Red Devils.

Il n'était d'ailleurs pas le premier choix des dirigeants mancuniens. Si Rabiot est revenu dans le viseur de Manchester United, c'est surtout parce que la direction du club anglais semble se résoudre à tirer un trait sur Frenkie De Jong, le milieu du FC Barcelone que le nouvel entraîneur Erik ten Hag souhaite toujours attirer du côté d'Old Trafford. La complexité de ce dossier pourrait bien permettre au milieu français de rejoindre le Théâtre des Rêves. Où il tenterait alors de réussir enfin ce qu'il n'a pas su faire jusqu'ici : convaincre.