Premier League - Après sa victoire à Tottenham (0-2) : Arsenal, la gueule d'un champion

A quoi reconnaît-on un champion ? A sa faculté à gagner, évidemment. Même en terrain hostile, même quand le vent se fait contraire. Mais aussi à sa lucidité au moment d'éviter les pièges, multiples, qui minent le chemin vers le titre. Ce dimanche, au Tottenham Hotspur Stadium, il n'y avait que ça. Un derby, de la tension, des mauvais coups, une révolte adverse et la peur de faire le break qui peut parfois tétaniser des équipes pas préparées à de telles altitudes. Arsenal a tout déjoué. Mieux, Arsenal a déroulé. Ces baby-Gunners ont beau ressembler à des gamins emballants, ils ont l'assurance de vieux briscards en mission.

C'est ce qui ressort de ce North London Derby où ils auront su gérer les temps forts pour faire mal aux Spurs et les temps faibles pour finir de les dégoûter. Dans un stade où ils restaient sur quatre défaites consécutives, ils ont montré qu'ils n'avaient plus grand-chose à voir avec l'équipe emballante, mais parfois naïve entrevue ces dernières saisons.

"C'est franchement incroyable, a reconnu Martin Odegaard, auteur d'un but magnifique pour sceller la victoire des siens. Il était temps de regagner ici. […] L'année dernière et les années passées, on avait bien joué au football, mais on n'a pas été aussi malins dans les moments-clés. Aujourd'hui, on a montré autre chose, on a montré à quel point on avait progressé".

Cette première période fut un modèle du genre. Il a fallu un peu de réussite - autre qualité d'un champion - pour ouvrir la marque. Et beaucoup de talents pour doubler la mise au terme d'une action éclair, si caractéristique du Arteta-Ball récité par les Gunners depuis le début du championnat. Alors, forcément, l'entraîneur espagnol était aux anges après coup. "J'ai tout aimé, a-t-il souri après coup. La façon dont on a joué mais aussi le courage qu'on a eu de faire ça ici et de jouer ainsi".

Mais le disciple de Guardiola a voulu vraiment insisté sur la qualité de son groupe : "Tout ce qu'on demande, ils sont vraiment enthousiastes à l'idée d'essayer. C'est un groupe de joueurs franchement fantastiques. Et je crois qu'aujourd'hui, on a fait un pas en plus. L'année dernière, on avait gagné des matches face à des gros, dans des stades pareils. Mais la façon dont on a gagné rend les choses encore plus plaisantes".

En face, les Spurs n'ont pu que reconnaître leur défaite. "C'est une super équipe, ils sont leaders pour une raison", a soufflé un Eric Dier dépité du résultat final. Pourtant électrique pendant le match, Antonio Conte a été beau joueur au moment de saluer ses adversaires. Ses hommes ont essayé, notamment en seconde période, mais ont fini par se heurter à un Aaron Ramsdale impressionnant. Il paraît que les champions ont toujours un grand gardien...

"Arsenal a montré à quel point c'est une super équipe, a détaillé l'Italien en conférence de presse. Jouer dans cette atmosphère, ce n'était pas facile pour eux mais ils ont un super équilibre et ils savent souffrir dans les bons moments. Ils ont été super résilients en seconde période. Quand une équipe sait faire ça, c'est qu'elle est prête à se battre pour le titre avec Manchester City. Pour moi, ce sont les deux seules équipes qui peuvent être championnes".

Dans cette optique, les huit points d'avance dont disposent désormais les Gunners font d'eux le grand favori à cette conquête. Cette équipe a montré trop de choses, a déjoué trop de pièges pour tomber dans celui de la naïveté. A voir Arteta courir après le coup de sifflet final pour retenir Ramsdale et Xhaka qui étaient à deux doigts de répondre aux provocations adverses (Ramsdale a même reçu un coup de pied de la part d'un supporter des Spurs, NDLR), on se dit aussi qu'ils sont bien accompagnés.

Alors, que peut-il leur arriver ? Beaucoup de bonheur, à condition de rester eux-mêmes, répond l'Espagnol. "Ce match était une vraie opportunité, a-t-il reconnu. Cette avance nous permet de nous souvenir que nous en sommes là grâce à notre style de jeu. Et, ça, il ne faut jamais l'oublier".