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Tottenham - Manchester City (Premier League) I Le symbole João Cancelo : City est-il devenu trop sage sur le mercato ?

Vincent Bregevin

Mis à jour 05/02/2023 à 15:41 GMT+1

PREMIER LEAGUE – Paradoxalement, Manchester City s'est fait discret sur un mercato d'hiver plus frénétique que jamais en Angleterre. Une tendance qui se confirme pour le club mancunien, qui s'est même permis le luxe de céder João Cancelo, prêté au Bayern Munich, malgré son manque de réserve au poste de latéral gauche. Mais le pari de la sagesse n'est pas sans risque.

Pep Guardiola lors du match opposant Manchester City à Séville en Ligue des champions, le 2 novembre 2022

Crédit: Getty Images

C'est normalement un autre terrain où il joue les premiers rôles. Manchester City est souvent l'un des principaux animateurs du mercato. Le champion d'Angleterre est pourtant resté sage en cet hiver. Un paradoxe dans une Premier League qui a explosé son record avec un montant total de dépenses estimés à 920 millions d'euros, dont 310 pour le boulimique Chelsea. City, lui, s'est contenté de lâcher un chèque de 11 millions d'euros à Velez Sarsfield pour lui arracher son jeune milieu argentin Maximo Perrone.
City ne suit pas la tendance en Angleterre. Toutes proportions gardées. Sur les deux fenêtres du mercato en 2022-23, il a quand même investi 150 millions d'euros sur le marché des transferts. Mais cela ne le classe qu'à la 9e place des clubs les plus dépensiers en Premier League cette saison. Dans le même temps, il est celui qui a enregistré le plus de revenus avec près de 160 millions d'euros. Et l'un des quatre clubs de l'élite anglaise, avec Everton, Brighton et Leicester, à présenter une balance positive sur le marché de la saison en cours. Pour City, c'est une première depuis… 2005/2006.
Un signe de sagesse à souligner. Depuis son passage sous pavillon émirati en 2008, le club mancunien est celui qui présente la balance revenus/dépenses la plus négative sur le mercato avec un déficit qui approche 1,5 milliard d'euros, creusé dans l'optique de bâtir l'un des effectifs les plus compétitifs au monde. C'est le cas depuis plusieurs saisons et, à défaut d'avoir atteint son objectif suprême en remportant la Ligue des champions, City a imposé sa suprématie sur l'Angleterre avec quatre sacres sur les cinq dernières éditions de Premier League.

Un rival pour la C1 renforcé

Cette discrétion nouvelle sur le marché des transferts apparaît comme logique, tant Josep Guardiola peut déjà s'appuyer sur un groupe riche en qualité et en quantité. Surtout depuis que City s'est doté d'un avant-centre de premier plan en recrutant Erling Haaland l'été dernier. Il n'y a rien de justifié à dépenser autant que Chelsea et l'entraîneur mancunien n'a pas manqué de le souligner. "On doit être le cinquième ou sixième club le plus dépensier de Premier League sur les cinq ou six dernières saisons et on a remporté 11 trophées, dont quatre titres de champion, a-t-il rappelé vendredi devant la presse. C'est vraiment tout ce qui compte pour nous."
City s'est donné les moyens d'avoir la main moins lourde sur son porte-monnaie. Mais après avoir dépensé sans compter pendant de nombreuses années, il doit aussi faire attention à ne pas tomber dans l'excès inverse. Sa gestion du cas João Cancelo a notamment de quoi interpeller dans cette optique. Pas seulement pour avoir cédé l'un des meilleurs latéraux d'Europe à un concurrent direct en Ligue des champions, le Bayern Munich, et sous la forme d'un prêt avec une option d'achat à 70 millions d'euros, qui ne serait pas obligatoire.
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Mudryk, symbole des dérives de Chelsea... et de la réussite d'Arsenal

Il y a des explications à ce départ. La perte sportive n'en est pas moins considérable avec le transfert de Cancelo, "un acteur incroyable sur nos deux derniers titres de champion" de l'aveu même de Guardiola, était un maillon essentiel du dispositif de Manchester City. Le technicien catalan appréciait notamment sa polyvalence, avec une capacité à évoluer aussi bien sur la gauche que sur la droite de la défense. Mais aussi cette faculté à se recentrer pour venir apporter le surnombre au milieu de terrain dans la philosophie du jeu de position si chère à l'ancien entraîneur barcelonais.

Une décision justifiée, une main d'œuvre en question

City a ainsi perdu un joueur de grande valeur et renforcé un rival dans la lutte pour le titre de champion d'Europe. Mais surtout, il ne l'a pas remplacé à ce poste de latéral gauche où le club mancunien était déjà amoindri avec les problèmes judiciaires de Benjamin Mendy. Le timing explique en partie la décision. "C'est arrivé à deux jours de la clôture du marché, a rappelé Guardiola vendredi. Je suis toujours content de mon groupe. Dans le doute, c'est mieux de garder de l'argent de côté et de ne pas être critiqué pour dépenser trop." Que City ne se soit pas mis dans la quête d'un remplaçant par manque de bonnes opportunités a du sens.
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Joao Cancelo

Crédit: Getty Images

Mais dans ce cas de figure, cela en a beaucoup moins de se séparer de Cancelo à ce stade de la saison. Au poste d'arrière gauche, Guardiola va ainsi devoir s'appuyer sur Nathan Aké, certes performant à l'image de son match face à Arsenal et Bukayo Saka en Cup (1-0), mais qui reste un défenseur central de formation. C'est aussi le cas d'Aymeric Laporte, qui peut éventuellement dépanner dans ce rôle, mais l'international espagnol sera certainement amené à jouer dans l'axe après la blessure de John Stones. Il y a aussi les jeunes Rico Lewis, plutôt latéral droit, et Sergio Gomez, recruté l'été dernier comme doublure en arrière gauche, mais rarement utilisé. "Je pense que Guardiola a pris un risque, estime Pete Sharland, journaliste à la rédaction anlaise d'Eurosport. Il n'y de toute évidence pas d'arrière gauche de métier dans l'équipe et une ou deux blessures peuvent les mettre en grande difficulté."
Guardiola ne s'inquiète pas du manque de main d'œuvre à ce poste qui était plutôt réputé comme un point fort de City avec Cancelo. Il assume même pleinement ce choix malgré l'enjeu d'une deuxième moitié de saison chargée pour City, devancé par Arsenal en championnat et toujours en quête de la Ligue des champions. "On peut tenir dans tous les secteurs, a-t-il assuré. J'ai confiance en mes joueurs. On aurait pu aller sur le marché et dépenser une grosse somme sur un arrière gauche. Je préfère attendre quelques mois jusqu'à la fin de la saison, on peut faire sans." C'est le pari de la sagesse. Reste à savoir si Guardiola le paiera au prix fort ou non.
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