Football, Premier league - De la paralysie à l'ébullition, Pep Guardiola a repensé ses ailiers à Manchester City

Il paraît qu'il n'y a qu'eux qui ne changent pas d'avis. Si jamais on l'en accuse, Pep Guardiola aura de bons arguments pour prouver qu'il n'est pas un imbécile. Sa conception et gestion du poste d'ailier à Manchester City est certainement le dernier exemple en date. Avec Savinho et Jérémy Doku, alignés lors des deux premières journées de championnat, les profils incisifs sont de retour chez les Citizens.

C'était pourtant loin d'être le cas il y a encore quelques mois. Contre le Real Madrid en Ligue des champions, contre Manchester United en finale de FA Cup ou contre Arsenal en Premier league, Jack Grealish, Phil Foden et Bernardo Silva occupaient les ailes à tour de rôle. Leur point commun, qui marque le changement de philosophie de Pep Guardiola cette saison : tous sont des joueurs bien plus conservateurs- que ce soit d'instinct ou parce qu'on leur a appris à l'être- et capable de jouer dans l'axe.

Leur anesthésie dans les duels, certainement trop préoccupés par l'idée surtout ne pas perdre la sainte possession, était d'ailleurs devenu sujet à moquerie. Et Pep Guardiola a dû avoir un éclair de génie : "Les ailiers sont là pour faire avancer le ballon et dribbler en un-contre-un ou deux-contre-un, a-t-il jugé fin juillet, en pleine préparation des Citizens. Ils doivent être en concurrence : plus tu crées d'occasions, plus tu as de chances jouer." Peut-être a-t-il simplement mangé le fruit de sa réflexion, après un exercice presque raté pour ses standards mancunien (un seul titre, la Premier league et élimination en quarts de finale de C1).

Peut-être, aussi, que l'arrivée à maturation de Savinho, produit du laboratoire du City Group et prêt à la promotion dans sa plus haute instance, l'a fait reconsidérer ses certitudes. Avec Jérémy Doku, arrivé l'été dernier et cantonné à dynamiter les fins de matches et animer les rencontres secondaires jusqu'ici, Pep Guardiola peut désormais tout bousculer. Chelsea a d'ailleurs été la première victime, incapable de contenir un Savinho écœurant de vivacité, numéro 26 sur le dos, et mimiques rappelant son prédécesseur Riyad Mahrez au point de provoquer un tweet de l'intéressé.

Mais puisque Guardiola reste Guardiola, il fallait qu'il y ajouter quelque chose : "Je sais que Savio préfère jouer à droite, et Doku à gauche, mais je voulais qu'ils attaquent la ligne de but sur leur bon pied (Savio est gaucher et Doku droitier, NDLR)." Mais les deux jeunes ailiers ne sont pas restés impertinents qu'avec le ballon, puisqu'ils ont échangé leurs postes durant la rencontre pour être chacun sur leur côté préférentiel. Contre les consignes de leur coach, donc.

"J'ai appris que je devais mettre les joueurs à des postes auxquels ils sont à l'aise" s'excusait Pep Guardiola après la rencontre. Mettre les ailiers gauches à gauche, et les ailiers droits à droite, donc, mais aussi, en filigrane, mettre des ailiers de métier sur les ailes. Avec six buts marqués en deux matches, la méthode porte pour l'instant ses fruits. Suite de la révolution ce samedi soir, face à West Ham (coup d'envoi 18h30). Aucun de ses deux nouveaux favoris n'a marqué pour l'instant cette saison. Ils ont une occasion d'entériner la recette.