Football, Premier League - Squid Game et fronde du vestiaire : Daniel Levy, président chahuté de Tottenham

A Tottenham, il y a ce que l'on montre au monde sur les encarts publicitaires, et ce que les fans voient tous les week-ends. Ce dimanche après-midi (17h30), la réception de Liverpool en championnat ne devrait pas faire exception. Le Tottenham Hotspur Stadium, le triste écrin flambant neuf construit sur les cendres du mythique White Hart Lane, sera décoré sur le thème de la série Netflix Squid Game. Le club du nord de Londres a annoncé son partenariat avec la plateforme américaine en début de semaine.

Pour les abonnés, ce ne sera qu'un symptôme de plus de la folie marketing de leur club. Chaque week-end, avant d'aller s'installer, les supporters des Spurs peuvent déjà profiter, entre autres, d'une boutique de la NFL, le championnat de football américain, et d'un circuit de karting aux couleurs de la Formule 1 dans l'enceinte du stade. Si les résultats suivaient et que Tottenham, troisième club le plus dépensier d'Angleterre sur les deux dernières saisons, parvenait enfin à renouer avec les sommets, Daniel Levy, le président du club depuis le début des années 2000, serait sûrement vu comme l'un de ces dirigeants tenant de diversifier ses activités comme tant d'autres.

Sauf que les résultats ne suivent pas. Et l'éléphant dans la pièce, ce décalage entre la multiplication de deals publicitaires la semaine et les roustes subies sur le terrain le week-end venu, devient impossible à ignorer. Pour une fois, tout est parti du vestiaire : "Il faut réaliser que quelque chose ne va pas, a déballé Cristian Romero à la télévision espagnole après la défaite de Tottenham face à Chelsea. Ces dernières années, ça a toujours été la même chose : d'abord, les joueurs sont mis en cause, puis on change de coach, et c'est toujours le même responsable."

Comprendre par là le président Daniel Levy, et son fonds d'investissement ENIC, contestés de longue date par les supporters et incapables de construire une équipe capable de remporter un trophée depuis 2008. "J'espère qu'ils réaliseront qui sont les vrais coupables, et que l'on pourra avancer. Avec la structure que le club a, nous pourrions facilement nous battre pour le titre tous les ans" a poursuivi le défenseur argentin champion du monde en 2022. Il y avait aussi certainement là une tentative de protéger son coach Ange Postecoglou. L'Australien serait menacé par les mauvais résultats récents de son équipe.

"Nous sommes très heureux avec le staff, mes collègues et moi, a défendu Romero. Nous aimons leur manière de travailler et le football qu'ils essayent de mettre en place." Et il n'est d'ailleurs pas son seul aficionado. "Ange fait du très beau travail, a loué Arne Slot, l'entraîneur de Liverpool qui avait refusé une offre de Tottenham à l'été 2023. J'espère vraiment qu'il gagnera un trophée, pas la League Cup évidemment, mais je suis complètement fan de son équipe pour la Ligue Europa." Mais lors du déplacement de son équipe ce dimanche à Londres, le spectacle, entre deux des équipes les plus offensives du pays, devrait commencer avant le coup d'envoi.

En réponse à l'ambiance du moment, et en contraste avec les statues géantes à l'effigie des personnages de Squid Game qui garniront les abords du stade, les supporters ont prévu une distribution de ballons 'LEVY OUT' et 'ENIC OUT', à lancer collectivement à la 24e minute du match. Ils pourront également continuer d'étrenner leur tout nouveau chant, débutés ces dernières semaines : "Je m'en fous de Levy // Levy s'en fout de moi // Tout ce dont je me préoccupe, c'est (Dejan) Kulusevski."