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Premier League - Manchester United/Newcastle - Avec Ruben Amorim, Amad Diallo vise la rédemption à Manchester United
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Publié 29/12/2024 à 23:36 GMT+1
Arrivé à 18 ans chez les Red Devils, Amad Diallo a toujours eu l'étiquette de jeune talent. Les blessures ne l'ont pas épargné, et en dépit d'un excellent prêt à Sunderland, il n'a pas encore confirmé. Le coach portugais Ruben Amorim pourrait être décisif dans son émergence. Et la poursuite de sa progression passera par les matches importants comme l'accueil de Newcastle ce lundi (21h00).
Amad Diallo avec Manchester United en décembre 2024.
Crédit: Getty Images
Depuis l'arrivée de Ruben Amorim mi-novembre à Manchester United, le navire tangue toujours fortement. Mais s'il y en a un qui profite du départ d'Erik ten Hag, c'est peut-être Amad Diallo. Illustration contre Manchester City, que les Red Devils n'avaient plus battu à l'Etihad Stadium depuis mars 2021. La situation était mal embarquée jusqu'à la 88e minute, quand l'ailier obtenait un pénalty, avant de crucifier le grand rival, quelques instants plus tard. "Sur le terrain, il paraissait être le seul qui n'était pas en sédation profonde […]. Il s'est démarqué parce qu'il semblait réellement prendre du plaisir à jouer", résumait The Guardian.
Amad Diallo a été titularisé sept fois sur dix par le Portugais, pour deux buts et cinq passes décisives. Il a disputé plus de la moitié (26) du total de ses matches avec Manchester United (47) cette saison. Depuis sa venue à 18 ans pour 25M€ en janvier 2021, entre blessures, Covid et adaptation à un nouveau pays, Amad a dû batailler. Né en Côte d'Ivoire, il est arrivé tôt en Italie, où il a obtenu un passeport juste avant son transfert en Angleterre. A l'Atalanta, qu'il a rejoint à 13 ans, il n'a fait que quelques apparitions en pro. En revanche, ses performances avec les jeunes ont attiré l'œil. Une rencontre de Youth League revient souvent, en octobre 2019… à Manchester, victoire 3-1 contre le City de Cole Palmer. Un but et une passe décisive.
"Un talent naturel incroyable"
Dans The Athletic, Darren Fletcher, directeur technique, déclarait : "Il y avait le sentiment qu'on devait l'intégrer à l'équipe première, lui donner six mois pour voir où il en était et les étapes de son développement." Amad fait quelques sorties en Premier League, FA Cup et Ligue Europa (un premier but contre l'AC Milan en 8e de finale). En parallèle, les restrictions sanitaires l'éloignent parfois de sa famille, Eric Bailly et Paul Pogba tentent de l'aider face à la barrière de la langue. A l'été 2021, Jadon Sancho est venu garnir le secteur offensif. Le moment est venu de jouer régulièrement chez les grands : un prêt apparaît comme la solution idoine… Mais une blessure annule son départ à Feyenoord et ce n'est que six mois plus tard, en janvier 2022, qu'il s'engage finalement avec les Rangers. 13 petites apparitions et sa sortie à la pause lors d'une cinglante défaite 3-0 contre le Celtic résume sa malheureuse aventure écossaise.
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Video credit: Eurosport
Il revient chez les Red Devils qui veulent le prêter en Angleterre pour qu'il puisse s'aguerrir. Sunderland, club historique, 40 000 spectateurs chaque semaine, insiste pour le récupérer, se rappelle Mike Dodds, adjoint du coach Tony Mowbray : "Quand United prête des joueurs, ce n'est pas pour la rotation. Il y avait un plan très clair entre nous. Chez les jeunes, c'était un des meilleurs d'Europe, ça explique qu'ils aient investi autant. Il n'y a jamais eu de doute sur ses qualités, c'est pour ça qu'on a tant poussé."
Ce prêt est synonyme de mariage parfait et après les interrogations de base, Amad est adulé des fans. "Si je suis honnête, je n'aurais probablement pas imaginé un tel impact (42 matchs, 14 buts). Il est arrivé à quelques jours de la fin du mercato. On savait qu'on récupérait un talent naturel incroyable, mais c'était après ce prêt aux Rangers qui n'a pas fonctionné comme espéré. Il lui a fallu quelques semaines pour trouver un rythme. Certains ne matérialisent pas leur potentiel, mais lui l'a fait à un niveau exceptionnel. On améliorait notre domination avec la balle. Il est une des raisons principales de notre très belle saison." Les Blacks Cats, déjà promus de D3, terminent 6e et s'inclinent en demi-finale de play-offs contre Luton.
"Facile à vivre, humble, discret"
"C'est normal de se questionner, tu ne veux pas enchaîner un deuxième prêt similaire, sinon un schéma se dessine. On a tous fait en sorte de booster sa confiance pour lui prouver que s'il montrait la meilleure version de lui-même, c'était un footballeur merveilleux." Un quintette veille sur Amad au quotidien. "Ils étaient proches avec Tony Mowbray. Mark Venus, l'adjoint, avait une grande expérience. Michael Proctor faisaient du travail offensif en plus après la séance. J'avais l'habitude de travailler avec les jeunes, on discutait beaucoup de son évolution. Et Alessandro Barcherini, notre entraîneur des gardiens, parle italien, il y avait une connexion naturelle." Amad passe une année parfaite, avec la confiance des fans, du staff et des joueurs. "Sur le terrain, quand tu vois un tel talent, il gagne de suite le respect de tout le monde. Il n'était pas bruyant, il n'agaçait personne."
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Amad Diallo avec Manchester United.
Crédit: Getty Images
Amad revient revivifié à Manchester United, mais en présaison, une nouvelle grave blessure l'écarte jusque fin décembre 2023. Sa saison est encore tronquée (12 matchs), même si un événement le propulse dans la lumière. En quarts de finale de FA Cup, c'est bien lui, rentré en fin de partie, qui crucifie l'ennemi Liverpool (4-3), à la 120e minute… Sa joie le conduit à être expulsé pour avoir retiré son maillot. Un épisode marquant, symptomatique de sa volonté de ne jamais lâcher malgré les épreuves. Mike Dodds dresse son portrait psychologique : "Un garçon facile à vivre, humble, assez discret. On n'a jamais eu de problème. Il adorait jouer au foot." Et de raconter, un peu amusé : "Je lui ai dit quelques fois qu'il pourrait parfois s'entraîner avec un peu plus d'intensité. Pour lui, lundi, mardi et mercredi sont les pires jours, car le match est loin. A partir de jeudi-vendredi, il y a un déclic, sa personnalité change. Le jour J, il ne se cache jamais, il est à fond. Chacun a ses traits uniques. Quand il n'y a pas match, il est décontracté, relax."
"Le dribble, sa qualité principale"
Ruben Amorim est aussi arrivé avec un nouveau dispositif, le 3-4-3, dans lequel il a utilisé Amad comme piston droit au départ. Dernièrement, il était plus haut, dans le trio d'attaque. A l'Atalanta, il avait démarré dans l'axe. Du côté de Sunderland, le staff a cherché à l'accommoder au mieux. "A droite, on a réussi à trouver un système pour avoir Patrick Roberts et Amad. On l'utilisait plus comme 10, mais on lui donnait toute la liberté pour se déporter sur l'aile. On surchargeait le côté gauche adverse. Pour moi, ailier droit, c'est son meilleur poste. Sa qualité principale est le dribble. Il doit se retrouver en un contre un. Dans son exécution, c'est un des meilleurs que je n'ai jamais vu."
Durant son intérim, Ruud van Nistelrooy, ex-grand attaquant, avait déjà fait confiance à Amad. "Sur les situations offensives, ses courses, son influence dans le dernier tiers, il n'y avait plus grand-chose à lui apprendre", souligne Mike Dodds. Mais la Championship est une division très rude et Amad doit soigner l'aspect défensif. "Il n'avait jamais joué 90 minutes en pro ! On lui a donné cette robustesse mentale pour lui permettre d'enchaîner. Il s'est très bien développé, surtout quand on ne dominait pas, les efforts qu'on devait mettre dans les autres facettes du jeu. On a trouvé un équilibre, on tirait le meilleur de ses qualités au bénéfice de l'équipe."
Mike Dodds n'a aucun doute, son comportement lui permettra de passer les échelons. "Je lui ai parlé quand il est parti, il a montré une grande affection pour nous. Il vérifie toujours le score de Sunderland et il reste en contact avec des joueurs et membres du staff." Une expérience que l'ailier exploitera certainement à bon escient pour conserver ce temps de jeu. "Il n'a pas joué autant qu'espéré la saison passée, mais la patience est une vertu. J'espère qu'il aura plus de minutes, de belles performances et les louanges qui vont avec. Il le mérite, il a les pieds sur terre, c'est un gars adorable, c'est super de bosser avec lui. Il veut juste jouer au foot." Il reste une demi-saison pour qu'Amad prouve que les attentes placées en lui depuis ses débuts sont légitimes. La reconstruction de Manchester United version Ruben Amorim a des chances de passer par lui.
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