PSG - Tuchel, un échec retentissant... à nuancer

"Je ne sens pas que ma position est fragile. Je ne sais pas... Je ne suis pas naïf". La déclaration est signée Thomas Tuchel, en conférence de presse lundi, et elle est aussi affirmée qu’hésitante. Surtout, elle résume à elle seule le flou ambiant qui règne au Paris Saint-Germain en cette fin de saison. A nouveau défait samedi dans un match éliminatoire cette saison, le PSG version Tuchel réalise sa pire saison depuis l’arrivée de QSI, en 2011.

Surtout, le discours ambivalent du technicien allemand, agrémenté des sorties de certains joueurs, cache des divisions internes qui ont de plus en plus de mal à rester privées. A commencer par Neymar, qui a allumé une nouvelle mèche après la finale perdue face à Rennes (2-2, 6 t.a.b à 5). "Il y a de très jeunes joueurs qui sont un peu perdus. Ils devraient plus écouter que parler. Certains gars plus expérimentés parlent et eux répondent. Ou alors l’entraîneur parle, et ils répondent. Ce n’est pas une équipe qui ira loin (ainsi), qui aura la chance d’aller au bout", s'était fendu le Brésilien à la sortie du match.

En ciblant indirectement les plus jeunes joueurs du PSG, le Brésilien a confirmé entre les lignes une deuxième fracture après celle entre l’entraîneur et sa direction : celle du vestiaire. Une sortie qui fait écho à celle de Daniel Alves sur RMC, le 11 avril dernier. "J’ai envie qu’on m’écoute plus, qu’on me suive plus. J’ai vécu des choses. Au sein du club, dans notre entourage, les gens ne savent pas vraiment", avait averti le latéral droit.

C’est peut-être l’échec le moins visible mais le plus essentiel de Thomas Tuchel pour sa première année au PSG : conserver pendant une saison entière la confiance d’un groupe bardé de stars mais aussi de joueurs sans réelle expérience. Faire communier un groupe vers un objectif commun, gérer les egos et les blessures, l’Allemand avait semblé parfaitement le faire pendant cinq mois.

Mais les défaites inattendues, et parfois injustifiables, semblent avoir eu raison de l’unité du vestiaire du champion de France. L’entraîneur parisien lui-même, affable avec les médias en début de saison, est apparu de plus en plus tendu, comme après la lourde défaite face à Lille (5-1), le 14 avril dernier. Comme lassé d’un manque de soutien, et le signe aussi d’une certaine impuissance face à une cascade de blessures.

Pour autant, le technicien allemand ne semble pas fragilisé sur son avenir immédiat. Son poste ne semble pas menacé, alors qu’il a (quand même) remporté le championnat et prolongé son bail jusqu’en 2021. Mais il a perdu une bataille : selon une information du Parisien, le directeur sportif du PSG Antero Henrique, avec qui Thomas Tuchel a évoqué des divergences, devrait rester en place et mener le mercato parisien cet été.

Doha constaterait lui-même son propre échec en renvoyant l’entraîneur allemand après une seule année. Tuchel a connu un démarrage canon, il a fini, comme son groupe, sur les rotules. L’année une d’un coach est toujours celle de l’adaptation. La suivante donne souvent un meilleur échantillon d’une possible réussite.

Thomas Tuchel a évidemment sa part de responsabilité dans une saison qui s’apparente à un nouveau coup d’arrêt du "Rêvons plus grand". Mais il est loin d’être le seul. "On a perdu notre intensité après la trêve. Je dois réfléchir pour quelques jours. Ce n'est pas une situation facile", a-t-il demandé. Le PSG est de plus en plus pressé d’accéder au sommet, blasé d’un championnat qu’il domine facilement. Il faudra pourtant donner du temps à son entraîneur pour avancer sereinement.