L'Argentine peut-elle réellement passer à la trappe ?

Qu'arrive-t-il à l'Argentine ? Finaliste (malheureux) du dernier Mondial et des deux dernières éditions de la Copa América, l'Albiceleste a subi dans la nuit de jeudi à vendredi un revers cinglant contre le Brésil (3-0). Au-delà de son caractère hautement symbolique, cette défaite concédée sur la pelouse du rival historique a fait chuter la sélection d'Edgardo Bauza à la première place non qualificative pour la Coupe du monde en Russie.

L'Argentine figure donc au 6e rang de la zone AmSud avec 16 points. Certes, il s'agit là de la pire place dans la zone AmSud, mais la sélection d'Edgardo Bauza ne possède qu'une longueur de retard sur le Chili et l'Equateur, respectivement 5e et 4e, et deux sur le 3e, la Colombie. Autant dire que rien n'est joué car il reste sept matches à disputer. Seuls le Brésil (24 points) et l'Uruguay (23 points) semblent désormais hors de portée.

A y regarder de plus près, les difficultés de l'Argentine peuvent facilement s'expliquer. La qualité des joueurs disponibles n'est évidemment pas en cause. Le potentiel de l'équipe est fabuleux et n'a que peu d'égal à travers la planète. Le problème est plutôt dans les têtes. Les trois défaites en finale subies en deux ans - en particulier la dernière fin juin - ont totalement déstabilisé la sélection. Au point de voir Lionel Messi annoncer sa retraite sous le coup de la déception. Une décision qui n'aura tenu que quelques semaines.

Cette dynamique négative a également provoqué le départ de Gerardo Martino, qui avait pris la suite d'Alejandro Sabella à la suite de la Coupe du monde 2014. L'arrivée d'Edgardo Bauza, nommé en août, n'a pas apporté la fraîcheur espérée. Loin de là même puisque l'Albiceleste n'a gagné qu'une seule de ses cinq dernières rencontres (pour deux nuls et deux défaites) avec son nouveau sélectionneur. A l'évidence, l'équipe a besoin d'un laps de temps pour digérer les échecs récents. Une période de repos que le calendrier international ne lui accordera pas.

Les coéquipiers de Lionel Messi ont en prime eu la mauvaise surprise de voir la Bolivie perdre deux rencontres sur tapis vert pour avoir aligné un joueur inéligible. Des matches contre le Pérou et le Chili que cette dernière avait plutôt bien négociés. Ces revers ont eu pour conséquence de faire perdre une place aux Argentins.

C'est évidemment la question qui est aujourd'hui sur toutes les lèvres. En dépit du classement actuel de la zone AmSud, l'Argentine devrait se qualifier. Et ce, pour deux raisons. La première d'entre elles tient au format de ces qualifications. Quatre places sur dix sont directement qualificatives pour le prochain Mondial. Elles sont encore accessibles pour l'Albiceleste. La 5e présente aussi un réel intérêt dans la mesure où elle permet de disputer un barrage contre la meilleure équipe de la zone Océanie lors d'un match en format aller-retour qui donnera un ticket pour le Mondial russe. Cette place de barragiste est généralement dévolue à la Nouvelle-Zélande, l'Australie ayant été rattachée à la zone Asie. Autant dire un adversaire plus qu'abordable.

La deuxième raison tient au calendrier. L'Argentine rencontrera dans les mois à venir toutes les sélections mieux classées qu'elle, sauf le Brésil. Elle a donc son destin entre les mains et le temps de remettre les choses à plat avant de se lancer dans la dernière ligne droite. "Malgré toutes les mauvaises choses et la m.... dans laquelle nous sommes, la suite ne dépend que de nous", a confié Lionel Messi après la défaite contre le Brésil. A lui et ses coéquipiers de faire le nécessaire pour ne pas être la première sélection finaliste d'une Coupe du monde à ne pas se qualifier pour la suivante depuis les Pays-Bas en 1982.