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Kazakhstan-France - Manzorro : "Ils se demandaient si Deschamps allait venir avec les meilleurs..."

Alexis Billebault

Mis à jour 28/03/2021 à 11:26 GMT+2

QUALIFICATIONS MONDIAL 2022 - Cela fait plus de deux ans que Jérémy Manzorro (29 ans) s’est posé au Kazakhstan. L’ancien joueur de Reims, passé par la Bulgarie, Chypre, l’Iran et la Lituanie, a récemment signé à Tobol Kostanay, un des meilleurs clubs kazakhs, son troisième dans ce pays. Avant la visite des Bleus dimanche, Manzorro a évoqué cette rencontre, et sa découverte du football local.

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Crédit: Getty Images

Jérémy Manzorro, assisterez-vous au match Kazakhstan-France dimanche, à Nur-Sultan ?
J.M. : Non, j’y avais pensé, mais le match se jouera à huis-clos. J’aurais aimé être sur place pour soutenir les Bleus, mais je me contenterai de regarder le match à la télé.
Y-a-t-il une certaine excitation au Kazakhstan autour de la venue de l’Equipe de France ?
J.M. : Bien sûr. J’ai plusieurs coéquipiers en club qui ont été sélectionnés pour ce match (sept au total). Je peux vous assurer qu’ils étaient pressés de partir en regroupement ! C’est la première fois que les deux équipes vont s’affronter. Accueillir les champions du monde, c’est un évènement. Ils connaissent très bien la majorité des Bleus : Mbappé, Pogba, Griezmann, Varane, notamment. Les Kazakhs ne suivent pas beaucoup la Ligue 1, mais plutôt les championnats anglais et espagnol. Mais pour eux, la France est la meilleure équipe du monde, ils ont hâte de l’affronter. On en a un peu parlé avant leur départ en stage. Ils étaient très excités, certains m’ont dit qu’ils allaient essayer de récupérer des maillots des Bleus. Je me souviens aussi qu’ils m’avaient posé une question un peu surprenante…
Laquelle ?
J.M. : Ils se demandaient si Didier Deschamps allait venir avec ses meilleurs joueurs ! Comme s’ils pensaient que la France n’allait pas envoyer sa meilleure équipe pour venir au Kazakhstan, parce que c’est loin, parce que la sélection nationale kazakhe ne fait pas partie des meilleures d’Europe… Ils ont vite été rassurés. Je leur ai dit que c’était une rencontre qualificative pour la Coupe du Monde, et que Deschamps la prenait très au sérieux.
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Le Kazakhstan n’a jamais battu de grosses sélections européennes, mais il a su, parfois, leur poser des problèmes…
J.M. : Oui. La Belgique ne s’était imposée que 2-0, en qualifications pour l’Euro 2021. Ce ne sera pas facile pour les Bleus. Les Kazakhs seront très motivés, le match aura lieu sur un terrain synthétique… La France est le grand favori, tout le monde le sait. Il y a une différence de niveau entre les deux équipes, je pense que les Français vont gagner, mais à mon avis, pas 4-0 ou 5-0.
Plusieurs de vos coéquipiers sont internationaux. Le gardien Mokin, les défenseurs Malyi, Marochkin et Valiulin, et les milieux Muzhikov, Tagybergen et Nurgaliyev…
J.M. : Tous ne sont pas titulaires à part entière en sélection. A mon avis, les trois milieux le seront contre la France. Ce sont des joueurs qui ont une bonne qualité technique, une bonne qualité de passe. La sélection kazakhe n’est pas une équipe qui ferme le jeu. Bien sûr, quand elle affronte une grosse équipe, ça ne va pas être opération portes ouvertes. Mais il y a une volonté de partir de derrière, de construire. Techniquement, le joueur kazakh est intéressant. Il y a de la qualité dans ce domaine.

"Les joueurs kazakhs sont bien chez eux"

Que vaut le championnat local ?
J.M. : Il y a quelques équipes qui sont au-dessus du lot : Tobol, le FC Astana, Kairat Almaty, Ordabasy, Karagandy notamment. Des clubs qui ont des moyens financiers assez importants, de bonnes structures, et qui peuvent non seulement conserver leurs meilleurs éléments, mais aussi faire venir des joueurs étrangers, en proposant de bons salaires. Et d’autres équipes qui vont plutôt lutter pour le maintien. Globalement, le niveau est assez intéressant, surtout quand les matches opposent des équipes du haut du classement. Je dirais que techniquement et physiquement, ce n’est pas mal du tout. Tactiquement, il y a encore parfois des progrès à faire.
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Pourquoi les joueurs kazakhs s’exportent-ils aussi peu ?
J.M. : Certains jouent en Russie ou en Arménie. Mais ils préfèrent rester dans leur pays. Ils sont plutôt bien payés, surtout les internationaux qui évoluent dans les meilleurs clubs. Ils sont avec leurs familles, leurs amis. Ils sont bien chez eux, finalement. Il y a aussi la question de la langue. Les gens parlent russe, donc quand des joueurs vont en Russie, ils n’ont pas de problème pour communiquer. Mais à Tobol, par exemple, très peu de mes coéquipiers kazakhs parlent anglais. Comme je me débrouille un peu en russe, ça va. Et puis, les recruteurs d’Europe de l’Ouest ne semblent pas vraiment s’intéresser au championnat kazakh. Ici, on voit surtout des observateurs russes et chinois.
Cela fait plus de deux ans que vous jouez au Kazakhstan. Parlez-nous de votre vie au quotidien…
J.M. : C’est un pays agréable à vivre. Les gens sont accueillants, on se sent en sécurité, et il y a de très beaux endroits à voir. Quand je jouais pour Karagandy, en raison de la Covid-19, le club nous avait installés à Almaty. J’y ai passé plusieurs mois, j’ai visité pas mal de choses et c’est très sympa. En ce moment, contrairement à la France, il y a très peu de restrictions en raison de l’épidémie. Les restaurants sont ouverts, avec des horaires certes un peu différents. Il y a un peu de public autorisé dans les stades. Bref, on mène une vie quasiment normale. Dans l’effectif de Tobol, il y a plusieurs nationalités, et les étrangers parlent anglais. Avec les locaux, c’est un peu plus difficile de communiquer, même si je parle un peu le Russe. Mais on y arrive, et franchement, l’ambiance est bonne dans l’effectif.
L’éloignement vous pèse-t-il ?
J.M. : Oui, cela peut arriver. Ma copine vit en Lituanie. La France est loin, et je vois mes parents et mes amis assez rarement. La dernière fois que je suis rentré, c’était en début d’année. Trente-huit heures de voyage pour rentrer à Lyon, il faut passer par Nur-Sultan et Istanbul, … Avec les escales, l’attente dans les aéroports, c’est très long. Il y a le téléphone, bien sûr, mais les gens qui vous sont proches vous manquent. Mais c’est ainsi, j’ai choisi cette vie, cela fait des années que j’ai quitté la France, j’ai joué en Bulgarie, à Chypre, en Iran, en Lituanie… Alors, on s’habitue à cet éloignement…
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