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CAN 2015 : De Le Roy l'ancien à Gourcuff, le p'tit dernier, voici la bande des cinq

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 14/11/2014 à 09:04 GMT+1

Entre le 14 et le 19 novembre, lors des deux dernières journées éliminatoires de la CAN 2015 (17 janvier- 8 février, dans un pays à désigner après la disqualification du Maroc), cinq sélectionneurs français - Gourcuff a déjà validé son billet avec l’Algérie - seront concernés. L’occasion d’évoquer avec eux leur relation avec l’Afrique, un continent que certains fréquentent depuis déjà longtemps.

Christian Gourcuff

Crédit: AFP

Un p’tit dernier nommé Gourcuff

On l’attendait plutôt à Bordeaux, et c’est finalement sur les rives de la Méditerranée que Christian Gourcuff (59 ans) s’est installé après la Coupe du monde. Priorité de Mohamed Raouraoua, le président de la fédération Algérienne de Football alors que Vahid Halilhodzic, toujours aux commandes, avait joué la montre après avoir reçu une proposition pour prolonger son contrat, Gourcuff, parti fâché de Lorient, s’est installé dans un quartier cossu d’Alger, pas très loin du centre national technique de Sidi Moussa. "Je m’imprègne de mon nouveau cadre de vie, même si, pour des questions de temps et de sécurité, je n’ai pu assister qu’à quelques matches de L1."
L’ancien coach des Merlus, qui a signé jusqu’en 2018, avait besoin de changer d’air. "Diriger une sélection, c’est une autre façon de travailler, moins dans l’urgence", explique-t-il. Egalement en charge de la sélection A’, Gourcuff, qui met en place son système de jeu, plus audacieux que celui de son prédécesseur, a accepté l’offre de son nouveau boss, "car je pense que mes conceptions du football sont compatibles avec les caractéristiques du joueur algérien."
Le Breton s’est déjà mis tout le monde dans la poche en qualifiant les Fennecs pour la CAN au bout de quatre journées. Il a aussi découvert l’instabilité technique des clubs "changeant très souvent d’entraîneur" -, la violence dans les stades - "il y a beaucoup de supporters fanatiques, et cela dissuade les autres de venir", et une formation encore très perfectible. "J’imaginais un football de rue plus développé. C’est une force, car la pratique de la masse permet de dégager une élite. Ici, des générations de joueurs se sont construites dans la rue. En Algérie, les jeunes ne jouent pas assez. J’ai des idées, mais c’est le président de la fédération qui décidera de mon niveau d’intervention..."
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Christian Gourcuff

Crédit: SID

Dussuyer, un peu par hasard

En Afrique, où le pouvoir n’oublie jamais de se mêler des affaires du football, le sort d’un sélectionneur dépend souvent des humeurs d’un ministre ou du chef de l’Etat. Michel Dussuyer (55 ans) n’a donc guère été surpris d’apprendre que sa mission en Guinée pourrait prendre fin si le Syli National ne se qualifiait pas pour la CAN. Sélectionneur de la Guinée depuis 2010, l’ancien gardien de but de Nice et Cannes y avait débuté sa carrière africaine en 2002, un peu dans l’urgence.
"J’étais directeur du centre de formation de Cannes depuis 1996, mais en fin de contrat, raconte-t-il.  Les Guinéens, qui sortaient d’une suspension infligée par la FIFA, recherchaient un coach, et l’agent d’Amara Simba avait été mandaté pour cela. Il a proposé mon nom, je suis allé à Conakry, alors qu’un match qualificatif pour la CAN 2004 était programmé dix jours plus tard. J’ai signé, on a gagné 3-0 face au Liberia, et on a participé à la CAN 2004 en Tunisie. Je suis parti la même année, avec l’envie de voir autre chose."
Ce sera l’ANPE, ancêtre de Pôle Emploi, pendant plusieurs mois, jusqu’à ce qu’Henri Michel, sélectionneur de la Côte d’Ivoire, lui propose de travailler sur les adversaires des Eléphants pour la CAN et la Coupe du monde 2006. "J’ai ensuite retrouvé, après un retour à Cannes, un poste au Bénin (2008-2010), avant de revenir en Guinée." L’éloignement ne favorisant pas la reconnaissance, Dussuyer, qui partage son temps entre Conakry et la Côte d’Azur où il possède une maison, admet "ne pas être très connu en France. Pour cela, il faut faire un exploit, comme Hervé Renard qui a remporté la CAN avec la Zambie en 2012. Ici, on ne s’intéresse pas trop au foot africain et au travail qui y est accompli…"
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Michel Dussuyer.

Crédit: AFP

Giresse, toujours

Cela fait déjà huit ans qu’Alain Giresse (62 ans) n’a plus bougé d’un continent qu’il avait découvert entre 2001 et 2003, le temps de se chauffer la voix au FAR Rabat (Maroc). Un petit détour en Géorgie plus tard (2004-2005) et l’ancien milieu de terrain des Bleus (47 sélections) s’est installé en Afrique subsaharienne, d’abord au Gabon (2006-2010), puis au Mali (2010-2012) et au Sénégal depuis janvier 2013. "A chaque fois, je suis monté en gamme. Au Gabon, quand je suis arrivé, la fédération n’avait pas de vrais moyens de communication, la sélection disputait peu de matches amicaux, etc. J’ai contribué à structurer les choses, pour qu’il y ait une adhésion autour des Panthères. Au Mali, il y avait une fédération plus organisée. Et au Sénégal, c’est l’expérience la plus… décalée."
En Afrique, Giresse a appris à étendre son champ d’action à des domaines qui, dans un monde idéal, ne devraient pas s’inscrire dans la mission d’un sélectionneur. "Il faut s’occuper de beaucoup de choses, des relations avec les équipementiers, parfois des billets d’avion. On le sait en y allant et on l’assume", poursuit-il, en glissant au passage "que les relations avec la presse locale sont souvent compliquées. On doit toujours justifier ses choix. Mais on vit en Afrique des choses intenses. Comme notre retour à Bamako en 2012, après la troisième place obtenue à la CAN. C’était presque de l’hystérie…" Ou quand des supporters gabonais l’avaient violemment pris à partie, après une défaite en Coupe de la CEMAC…
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Alain Giresse

Crédit: AFP

Renard, les émotions d’abord

Il a découvert l’Afrique en tant qu’adjoint de Claude Le Roy au Ghana (2006-2008). Depuis, Hervé Renard (46 ans) ne l’a quittée que pour huit mois, le temps d’une opération sauvetage à Sochaux finalement ratée (octobre 2013-2014). "J’ai eu plusieurs fois l’occasion d’aller dans des pays où j’aurais pu gagner beaucoup plus d’argent. Je ne dis pas que je ne le ferai pas un jour, mais ce qui guide mes choix, c’est la passion et les émotions. Et en Afrique, il y en a, même si c’est souvent plus compliqué qu’ailleurs."
Comme en Côte d’Ivoire, où il a été nommé en août dernier. Les Eléphants, loin d’avoir assuré leur qualification pour la CAN 2015, vont jouer gros face à la Sierra Leone (14 novembre), puis au Cameroun cinq jours plus tard, toujours à Abidjan. Et Renard, qui a toujours choisi de résider sur place - "sur les conseils de Claude Le Roy, mais si les conditions sont réunies" - comme ce fut le cas en Zambie ou en Angola, estime qu’elles ne le sont pas en Côte d’Ivoire. "Je ne suis pas satisfait." Sinon ? Renard a adoré la Zambie (2008-2010 et 2011-2013) - où il possède encore une maison - un peu moins l’Angola, d’où il est parti, "même si cela reste une bonne expérience." Et le Savoyard, qui a brièvement dirigé l’USM Alger en 2011, n’imagine pas travailler en Afrique autrement qu’à la tête d’une sélection. "Parce que j’ai envie de gagner une deuxième CAN…"
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Hervé Renard (Sochaux)

Crédit: Panoramic

Le Roy, bientôt trente ans

Il a travaillé en Asie (Emirats Arabes Unis, Malaisie, Chine, Oman, avec qui il a remporté la Coupe du Golfe en 2009 et Syrie), en France bien sûr, mais son nom est indéfectiblement attaché à l’Afrique. "En 1985, alors que j’étais à Grenoble (Division 2), j’avais eu un désaccord avec le président Braillon. Et le Cameroun cherchait un sélectionneur. Albert Batteux a suggéré mon nom à Eugène Njo Léa, missionné par le président de la République Paul Biya, pour trouver un coach. Je suis allé à Yaoundé, et lors d’une conférence de presse, le ministre des Sports m’a présenté comme le nouvel entraîneur des Lions, alors que je n’avais rien signé ! Et je suis resté trois ans." Le temps d’atteindre la finale de la CAN 1986 et de gagner l’édition suivante (1988), et d’empiler les souvenirs, comme ces stages d’un mois dans un camp militaire à Rio de Janeiro, "avec trois séances par jour."
Il reviendra au Cameroun pour la Coupe du mponde en 1998 après un passage par le Sénégal (1989-1992), toujours marqué par le souvenir d’une qualification volée par un arbitre hongrois lors d’un match face au Chili (1-1). Claude Le Roy (66 ans), qui refera le coup du come-back en RD Congo (2004-2006 et 2011-2013) –"un pays avec un potentiel incroyable, pas assez exploité" - s’aventurera même en Afrique anglophone, le temps de rêver à un inscrire une seconde CAN à son palmarès avec le Ghana en 2008, qu’il achèvera finalement à la troisième place. Aujourd’hui, le technicien français œuvre surtout pour qualifier les Diables Rouges du Congo pour une phase finale qui se refuse à eux depuis 2000. "Être dans cette position, c’est une surprise. On ne s’y attendait pas, avec une sélection largement renouvelée." Le Roy avait d’ailleurs découvert le Congo en 1971 lors d’une tournée de l’ACA, durant laquelle il avait affronté Jean-Michel Mbono, ex international devenu l’actuel président de la fédération…
Alexis BILLEBAULT
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