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Ronaldo, Fernando Santos, talent : pourquoi le Portugal peut se mettre à rêver

Nicolas Vilas

Mis à jour 12/10/2015 à 00:28 GMT+2

QUALIFS EURO 2016 - Qualifié, cette fois-ci, sans trop trembler pour sa neuvième phase finale d’affilée, le Portugal se tourne maintenant vers l’avenir. L’Euro en France aura une signification particulière pour la Seleção qui se met même à y croire.

Le Portugal après sa qualification pour l'Euro 2016

Crédit: Panoramic

"Grâce à Dieu, cette fois-ci nous avons obtenu notre qualification sans avoir eu besoin de calculatrice." Jeudi soir, Braga, cité des archevêques, a été le théâtre de la joie de Cristiano Ronaldo et de ses disciples. La Seleção assure une place à l’Euro 2016, sa neuvième phase finale de rang, obtenue grâce à un sixième succès de suite en match de qualif, performance inédite dans son histoire. Pas de barrages donc pour les Portugais. Ils n’avaient pas été aussi tranquilles depuis 2008 (et encore, à cette époque-là, il n’y avait pas de playoffs).
Ce 1-0 face au Danemark n’avait rien de spectaculaire. Fernando Santos avait prévenu : "Le plus important pour le football portugais est que la sélection soit à l’Euro, en France." Maintenant que c’est fait, vient le temps de construire et de rêver. Bernardo Silva lâchait à voix haute, depuis le rocher (de Braga) : "Nous allons donner le meilleur de nous-même pour aller le plus loin possible et ça passe par une place en finale."

Un leader : Cristiano Ronaldo

Avec cinq buts claqués au cours de ces éliminatoires, Cristiano Ronaldo termine meilleur buteur de son pays. Une fois encore. A ceux qui sont restés sur le manque d’influence du capitão en équipe nationale, voici quelques chiffres : depuis la phase de qualification de l’Euro 2012, il est le meilleur réalisateur du Portugal ; avec 26 buts, il est le meilleur buteur de l’histoire de la zone Europe (qualif + phase finale) ; en 56 rencontres qualificatives (4721 minutes), il compte 35 buts ; il est responsable de 25% des buts du Portugal en matches officiels depuis qu’il a intégré les A en 2004.
Face aux Danois, Santos l’a testé en pointe de son 4-3-3. Ce ne fut pas un immense succès mais la superstar du Real Madrid est (aussi) le leader incontesté et incontestable du Portugal. Son sélectionneur s’en est amusé récemment face aux journalistes : "J’aimerais avoir 20 Cristiano Ronaldo, pas un !" A 30 ans, la natif de Madère, buteur historique de la Seleção (55) continue d’exploser les records. Celui du joueur le plus capé de son pays n’est plus très loin (avec 123 sélections il n’est plus qu’à quatre caps de Figo). Reste sa volonté toujours affirmée de conquérir un titre en équipe nationale. "Pour Cristiano, il n’y pas d’impossibles", dit de lui Fábio Coentrão. Ça tombe bien, il faudra au moins ça donc au Portugal l’été prochain.
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Cristiano Ronaldo (Portugal) contre le Danemark

Crédit: AFP

Un ingénieur : Fernando Santos

Lui aussi a soigné ses stats. Baptisé il y a un peu plus d’un an par une défaite face aux Bleus (1-2), Fernando Santos affiche un impressionnant bilan en tant que sélectionneur. Grèce (où il a officié entre 2010 et 2014) et Portugal confondus, il n’a perdu aucun de ses 15 matches éliminatoires pour un Euro. Si on y inclut ceux menant au Mondial, il faut remonter au 22 mars 2013 pour trouver une défaite (1-3 en Bosnie, avec la Grèce). La seule en 28 rencontres. Après avoir mené les Hellènes (à l’Euro 2012 et au Mondial 2014), il envoie ses garçons vers un nouveau championnat d’Europe.
La tâche n’était pourtant pas aisée. Il avait repris une équipe défaite par l’Albanie. Un groupe en implosion. La situation de Paulo Bento n’était plus tenable mais celle de Fernando Santos n’avait rien d’enviable. Santos revenait au pays avec une suspension de huit rencontres, écopée au Brésil. A Braga, ce dernier le rappelait : "Je ne peux manquer de dédier la victoire au président, Fernando Gomes, et à la Fédération. Ce n’était pas un pari facile, il a fallu du courage, parce que j’étais suspendu." La peine sera finalement réduite et la joie immense.
C’est d’abord à lui que Cristiano a rendu hommage, jeudi soir à Braga : "La venue du mister Fernando Santos a été une plus-value pour nous. Il a récupéré des joueurs qui nous faisaient défaut." L’attaquant se réfère aux retours de Tiago, Bosingwa, Ricardo Carvalho, Quaresma ou Danny. Dès sa prise de fonction, le technicien de 60 ans a expliqué qu’il n’acceptait pas "le concept de vieux." Pour "l’ingénieur", "n’a de fondement que la qualité." De même, l’ancien entraîneur du Benfica, FC Porto ou Sporting récuse la notion de "révolution" : "Il y a un processus naturel, toujours basé sur la qualité."
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Cristiano Ronaldo Fernando Santos - Portugal 2014

Crédit: AFP

Un avenir : une génération de talent

Dans les faits, Santos n’a rien de sectaire. Ni dans son système ni dans ses choix. Il admet avoir l’une des sélections "dont la moyenne d’âge est la plus élevée" mais pas "vieille" pour autant. Il est dans la quête perpétuelle d’un équilibre. Il explique : "Il y a un groupe de joueurs qui sont importants dans la structure et ce n’est qu’en les maintenant que peuvent s’incorporer de nouveaux joueurs." Avec moi, cette Seleção sera toujours ouverte, assure-t-il. Ceci n’est pas un groupe fermé."
En onze matches, FS a ainsi lancé 14 joueurs en Seleção (7 autres ont été appelés sans avoir joué). La dernière rencontre face au Danemark est l’illustration de cette ordonnance. Aux sept titulaires comptant plus de 50 caps (Bruno Alves, Ricardo Carvalho, Coentrão, Moutinho, Tiago, Nani, Ronaldo) et représentants des "Conquistadores" de 2004 et 2006 et/ou des "Navigateurs" de 2010, s’ajoutaient Cédric et Danilo, deux survivants de la "Génération courage" (finaliste du Mondial U20 2011) et Bernardo Silva (finaliste de l’Euro Espoirs 2015).
Pour pallier aux forfaits de Tiago, Ronaldo et Ricardo Carvalho, en plus du jeune Rafa de Braga, les "vierges" Rui Fonte et Ricardo Pereira (le Niçois) ont été conviés, pour le match en Serbie. Ce onze remanié - et certainement rajeuni - aura la lourde responsabilité d'assurer un statut de tête de série qui, la praline de Moutinho l'a presque fait oublier, n'est pas encore assuré.
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Bernardo Silva célèbre un but lors de la demi-finale de l'Euro U21 2015 face à l'Allemagne

Crédit: AFP

Le symbole : la France

Jeudi soir, le héros s’appelait João Moutinho. Il a choisi sa 80e sélection et ce jeu à enjeu pour inscrire son troisième pion avec sa sélection. Le milieu de terrain de Monaco était accompagné de trois de ses coéquipiers. Quatre joueurs de Ligue 1 dans un même match du Portugal, c’était inédit. Et encore, Anthony Lopes et Raphaël Guerreiro n’étaient pas là.
Le nombre record de Portugais dans le foot français va certainement donner des envies à Santos pour qui cette présence en France est "un grand symbole." Peut-être parce l’ultime grand rendez-vous manqué des Portugais était la Coupe du monde 1998, suite à ce terrible nul face à l’Allemagne (1-1) et cet "ingobable" rouge sorti par Marc Batta… Surement parce que dès son premier match, au SDF, Fernando Santos a senti "le poids de jouer là-bas. C’est exactement comme jouer à la maison."
Reste à dérouler comme une équipe qui évolue à domicile. Ce samedi, il annonce carrément : "Au final, la qualification a été facile. Nous ne sommes pas faviris mais (...) cette équipe a les conditions pour lutter pour le titre à l’Euro mais nous savons qu’il y a des choses à améliorer." Place donc aux jeunes et au jeu ?
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