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Turquie - France - De la Coupe du monde à l’infâme, pas de panique, c’est une vieille habitude

Martin Mosnier

Mis à jour 09/06/2019 à 21:03 GMT+2

QUALIFICATIONS EURO 2020 – Onze mois après leurs sacre mondial, les Bleus se sont crashés avec fracas sur le sol turc (2-0). Un naufrage collectif, le plus spectaculaire de l'ère Deschamps, qui rappelle que la France n'a jamais de garantie même avec deux étoiles au-dessus du cœur. C'est même une vieille rengaine.

Paul Pogba lors de Turquie - France

Crédit: Getty Images

De Moscou à Konya. De l'exceptionnel à l'exécrable en moins de onze mois. Chapeau les Bleus. De mémoire de suiveur de cette équipe, je n'avais plus assisté à un tel désastre depuis la tournée sud-américaine de 2013 et une leçon infligée par le Brésil (3-0) à Porto Alegre. Mais c'était le Brésil, pas la Turquie. Une sélection vaillante portée par un public en feu mais une équipe limitée qui n'a plus disputé de Coupe du monde depuis 2002 tout de même. Voilà dix longues années que la France, elle, n'avait plus traversé un match sans la moindre frappe cadrée. Une date qui nous amène aux années les plus sombres du siècle bleu.
Le crash de Konya, à ne surtout pas confondre avec Knysna, nous rappelle surtout que la France n'est jamais à l'abri de rien. Que sa vie reste une montagne russe. Des très hauts, des très bas et très peu d'entre deux. Après un début d'année enivrant, on pensait un peu naïvement que la deuxième étoile la protégeait d'un nouveau black-out. Mais c'est plus fort qu'elle, quasiment inscrit dans son ADN. Toute championne du monde qu'elle, la sélection française n'écrasera jamais ses adversaires comme l'omnipotente Espagne au tournant des années 2010. Elle n'aura jamais l'aspect implacable de l'Allemagne. Les Bleus peuvent être tout autant champions du monde que champions de l'immonde.

Le plaisir de se mettre des bâtons dans les roues

C'est même une de leurs caractéristiques parmi les grandes nations du jeu. La France ne sait pas maintenir un minimum décent dans ses prestations. Parce que les Bleus aiment se mettre des bâtons dans les roues et transformer les boulevards rectilignes en chemins de traverse tortueux. Parce que rien n'est jamais facile. La France est donc cette nation capable de concéder un nul face à l'un des pays les plus faibles d'Europe (le Luxembourg) quelques mois avant de mettre le monde à ses pieds.
La seule vraie nouveauté, c'est l'ampleur du désastre. Jamais les Bleus version Didier Deschamps dans leur intégralité (hormis un Lloris impeccable) n'avaient semblé à ce point à côté de leurs pompes. Le calvaire turc est tout en haut de la pile des plus grosses désillusions avec Didier Deschamps. Voici un top 3 tout à fait personnel qui n'englobe que les matches à enjeux :
1. Turquie 2019 (2-0) parce qu'un tel néant est inédit avec cette équipe.
2. Luxembourg 2017 (0-0) parce que le Luxembourg…
3. Ukraine 2013 (2-0) parce que ce fut un cauchemar sans nom.

Pas de conclusion, la marge reste épaisse

Le curieux bégaiement de l'histoire et la belle collection des gadins de juin (Uruguay et Brésil 2013, Belgique et Albanie 2015, Suède 2017) inscrit la France de Deschamps dans une tradition bien française. Leur sélectionneur a beau haïr la défaite, incarner tous les triomphes du foot tricolore, il ne peut pas grand-chose face à l'inéluctable. La bonne nouvelle, c'est qu'aucun de ces monumentaux fiascos n'a amorcé une chute vertigineuse. Au pire, les Bleus passent de mauvaises vacances mais ils s'en remettent très vite et très bien. Notamment l'année qui suit.
Voilà pourquoi il serait bien cavalier de tirer la moindre conclusion définitive de la débâcle. Bien sûr, Didier Deschamps avait la mâchoire serrée dans les couloirs du stade mais ses hommes gardent de la marge. Ils viennent de passer a priori le plus dur, ce déplacement traquenard, et le casting qui suit (Andorre puis Albanie et Andorre à domicile) autant que l'élargissement des équipes qualifiées (les deux premiers de chaque groupe) les préservent du pire. Il ne faut pas s'attendre à une quelconque révolution. La thèse de l'accident tient le coup. Au moins jusqu'à mardi.
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