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Inter - Milan, le derby n'est plus ce qu'il était...

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 04/05/2014 à 14:16 GMT+2

L'Inter et le Milan s'affrontent pour le second derby de la saison. Un derby milanais qui a perdu de sa splendeur et son prestige ces dernières années avec des objectifs revus à la baisse et des interprètes pas au niveau de leurs prédécesseurs.

Mario Balotelli lors du derby face à l'Inter

Crédit: AFP

Il y a neuf ans, le Milan et l’Inter s’affrontaient en quarts de finale de la Champions League, c’était seulement deux saisons après une demi-finale fratricide dans la même compétition. Aujourd’hui, l'enjeu de ce 212ème derby de la Madonnina est une ou deux places en Europa League. En effet, les deux clubs milanais n’ont cessé de perdre des places dans la hiérarchie du football italien. Ils sont largués par la Juve et dépassés par la Roma, le Napoli et la Fiorentina, quatre équipes projetées dans le futur avec un projet technico-économique bien défini et qui tient la route.
Ce redimensionnement n'est que le fruit des mauvaises gestions de leurs propriétaires respectifs. C'est que sans Ligue des champions et ses importantes entrées d’argent, ces mastodontes vivent tout simplement au-dessus de leurs moyens. Une importante politique d’allègement des coûts a été entamée de chaque côté et ça se répercute forcément sur la qualité de l'effectif. Pour s’en rendre compte, il suffit de voir le duel que ce derby nous propose, finis les Ronaldo contre Shevchenko, les Vieri contre Inzaghi et les Ibrahimovic contre Milito. Place à Balotelli contre Icardi, deux joueurs issus de ces nouvelles générations qui font plus parler en dehors que sur le terrain.

Balotelli n’a pas changé

L’arrivée de Balotelli dans son club de cœur devait définitivement lancer sa carrière selon certains. C'était sous-estimer sa capacité à se compliquer la vie. Certes, d'un point de vue comptable, son bilan reste flatteur avec 30 buts en 51 matches. Aucun autre attaquant italien ne peut se vanter de faire mieux depuis un an et demi, hormis Graziano Pellé au Feyenoord. Mais les absences répétées lors des matches qui comptent pèsent lourd dans la balance alors que c'est là qu'on l'attend. En 18 mois, il n'a pas encore claqué son match référence avec le Milan et on attend toujours que ce potentiel champion se transforme en fuoriclasse, en vain. Oui, ses moindres faits et gestes sont épiés par la presse, mais il ne fait absolument rien pour passer inaperçu. Sur le terrain (20 jaunes et un rouge avec les rossoneri) et en dehors.
Le discours de la victime médiatique sonne faux depuis un moment. Le week-end dernier, il accusait les consultants de la chaîne Sky de trop attendre de lui (et aussi de ne rien comprendre au football), mais c'est bien Balotelli qui déclarait en septembre que seuls Messi et Ronaldo étaient meilleurs que lui. Ces mêmes médias qui lui ont d’ailleurs permis d’atteindre cette notoriété et une certaine popularité. Trop facile que de se plaindre du revers de la médaille. Cette instabilité médiatico-sentimentale influe évidemment sur son rendement. Le Milan savait le risque qu'il prenait en le recrutant et en a fait malgré tout sa tête de gondole voire son nouveau joueur symbole pour tirer un maximum de son image. C'est à double-tranchant, ça charme les nouvelles générations de supporters en quête de modèles transgressifs, ça fatigue en revanche les autres. Le flux ininterrompu de balotellades et son inconstance chronique portent à croire qu'il sera monnayé au plus offrant dès l'été prochain, afin de redresser les comptes du Milan AC.

Icardi promet dans son genre

Si on savait à quoi s'attendre avec Balotelli, on a été plus surpris avec Icardi qui semblait pourtant être un garçon tranquille quand il a débarqué à l'Inter. Mais ça c'était avant de rencontrer Wanda Nara, l'ex-femme et la mère des trois ans enfants de son collègue, compatriote et ancien ami Maxi Lopez. Ancien parce que s'en est suivi un soap-opéra de multiples épisodes diffusés à grande antenne sur Twitter ces derniers mois. Au début on en a rigolé, puis après c'est devenu petit à petit sinistre voire glauque quand Icardi a notamment commencé à s'afficher continuellement avec les fils de Maxi Lopez. Une histoire de mœurs qui a connu son apogée lors du très attendu Samp-Inter et la poignée de main refusée par l’avant-centre blucerchiato.
Dans un premier temps, l’attaquant argentin semblait hermétique à toutes les polémiques qu'il créé autour de lui et paraissait même s'en nourrir. Conspué pour son retour à Gênes, il a claqué son doublé avant d’être remplacé avec un large sourire narquois. Comme pour dire "Je vous…" enfin vous aurez compris. 8 buts en 18 matches (et seulement 10 titularisations) était alors son bilan mais l'euphorie semble retombée. Auteur de deux piètres prestations dans la foulée contre Parma et le Napoli, cette fois le sourire a laissé place à une moue et un geste d’humeur lorsque son entraineur Mazzarri l’a sorti en cours de jeu. Ce dernier fermait jusqu’alors un œil à propos de son hyperactivité sur les réseaux sociaux mais pas certain qu’il continue d’être si indulgent. Et là aussi Icardi pourrait être sacrifié pour assainir les bilans financiers de l’Inter qui sont encore abondamment dans le rouge.

Sinistrose ambiante

Ce 212ème derby de Milan est donc présenté comme celui des bad boys d'opérettes. Appellation obligée car les vrais champions sérieux et professionnels coûtent trop chers et ont d'autres ambitions que de jouer l'Europa League. On peut cependant espérer quelques améliorations côté nerazzurro. Le magnat indonésien Thohir met tout doucement en place sa stratégie économique et son plan de relance. Il faudra toutefois s'armer de patience pour retrouver un niveau convenable. C'est en revanche le flou le plus total au Milan, les rumeurs de potentiels acheteurs se multiplient et la gestion médiatique de la situation de Seedorf est très embarrassante et indigne d’un club pourtant réputé pour laver son linge sale en famille. La petite lueur d’espoir s’appelle Barbara Berlusconi. Derrière cette fille à papa se cache une manager aux idées pas forcément innovantes mais en adéquation avec leur temps.
Les équipes milanaises ont complètement loupé le virage de l’autogestion et de l’optimisation de leur image de marque. Elles se retrouvent aujourd’hui à batailler avec quatre autres équipes pour les désormais trois strapontins disponibles pour la Ligue des champions, compétition vitale pour la manne financière qu’elle représente. D’ailleurs, les supporters des deux clubs ne s'y trompent pas et la sinistrose est de mise dans les artères de la capitale lombarde. Le souvenir du médiocre derby aller et son record de déchet technique est encore présent dans tous les esprits. Milan n'est plus la capitale italienne du football et devra se retrousser les manches pour le redevenir. Bon courage, il en faudra.
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