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Non, la Juventus n'est ni protégée, ni plus avantagée par les arbitres que le reste de la Serie A

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 18/10/2014 à 22:50 GMT+2

Pour Valentin Pauluzzi, la Juventus Turin ne bénéficie d'aucun traitement de faveur de la part des arbitres de Serie A. Il vous explique pourquoi.

L'attaquant de la Roma, Gervinho, devancé par Arturo Vidal, le milieu de la Juve

Crédit: Eurosport

Le Juventus-Roma du dimanche 5 octobre a remis au goût du jour les polémiques arbitrales liées à la Vieille Dame et réapparues dès son retour sur le toit de la hiérarchie du football italien. Les années passent mais le refrain est toujours le même : la Juventus est aidée par les arbitres et les autres équipes ne peuvent lutter à armes égales. A force de le répéter, tout le monde va commencer à y croire, d'ailleurs beaucoup de monde y croit déjà. Comment une telle réputation réussit à perdurer au cours des saisons ?

L'instrumentalisation des erreurs d’arbitrage

Tout commence par-là et on a encore eu la preuve lors du Juventus-Roma. Pour la grande majorité des observateurs, l'arbitre de la rencontre a avantagé les Bianconeri. En analysant de plus près, on constate que le verdict n'est pas aussi net. Il y a eu quatre situations difficiles à juger qui auraient pu amener un penalty ou pas, deux décisions sont allées en faveur de la Juventus (les deux penalties), deux en sa défaveur (le penalty pour la Roma et celui non sifflé pour Marchisio). Quatre décisions compliquées à prendre à vitesse réelle, il a fallu des reconstitutions 3D et des centaines de ralentis pour tenter de les clarifier, parfois sans succès. Le but vainqueur de Bonucci ? La règle du hors-jeu passif a changé cet été et justifie totalement sa validation. Voilà pour la mini-moviola. On est déjà très loin de l'arbitrage à sens unique.
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Leonardo Bonucci et Paul Pogba (Juventus)

Crédit: Eurosport

Il s'était exactement passé la même chose lors d'un autre choc qui avait fait parler de lui, le fameux Milan-Juventus de février 2012 et le but refusé à Muntari. Là, pas de doute, il était parfaitement valable, mais dans la même rencontre, un but également valable avait été refusé à la Juventus, un coup de poing de Mexès à Borriello passait complètement au travers, tandis que Muntari prenait Lichtsteiner pour un punching-ball. Là aussi sans sanction. Toutes des situations que vous trouverez facilement sur Internet, moins dans les émissions télés ou les journaux. Bref, on appuie bien sur l'erreur qui favorise la Juve et on passe les autres sous silence. En d'autres termes, on instrumentalise. Heureusement, de nos jours, on peut se rendre compte facilement du tour de passe-passe, mais quand est-il des autres "classiques" datant d'il y a plusieurs décennies qui ont construit cette réputation légendaire ? La question mérite d’être posée.

L'anti-juventinisme, un vrai business

Ne soyons pas hypocrites et appelons-le comme il se le doit : l'anti-juventinisme. Ce sentiment populaire qui vise à discréditer régulièrement les succès de la Juventus est un vrai marché en Italie. Qu'on soit entraîneur, joueur ou journaliste, cela permet avant tout de gagner en visibilité, tandis que de nombreuses rédactions journalistiques s’adonnent à ce sport national. Basées en grande majorité à Rome ou à Milan, elles rivalisent d’ingéniosité pour formuler des titres de plus en plus populistes. Des méthodes qui conditionnent régulièrement l’opinion publique, même si les responsabilités sont largement partagées.
En effet, leurs lectorats respectifs n'ont pas pour priorité d'être bien informés mais préfèrent plutôt que leurs convictions profondes soient constamment renforcées par les théories de ces médias. Une mine d'or pour certains éditeurs pas étouffés par la déontologie. Malheureusement, la plupart de ces thèses sont reprises par ricochet à l'internationale et il est ensuite très compliqué d'équilibrer la balance.

Des arguments légers et opportunistes

Mais alors sur quoi se base la réputation de la Juve ? Elle s'articule autour de plusieurs classiques que nous tenterons de résumer en quelques lignes. D'abord la puissance politique, la Vieille Dame est historiquement dirigée par une des familles les plus puissantes d'Italie (les Agnelli) mais est en constante opposition avec les institutions footballistiques depuis 2006. Ensuite, un mythe, les difficultés de la Juventus en Coupes d'Europe, pour rappel, elle a atteint quatorze finales de Coupe d'Europe, soit une proportion de 27% en rapport au nombre de participations. Dernièrement, aucun club italien n’a engrangé plus de points que la Juve de Conte à l’indice UEFA.
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Paul Pogba en duel avec Francesco Totti lors du match entre la Juventus et la Roma, le 5 octobre 2014.

Crédit: AFP

Pour finir, les penalties offerts grâcieusement. Autre idée reçue. Voici les statistiques depuis le début de l'ère Conte, soit un peu plus de trois saisons : 22 pour et 13 contre. En comparaison, on a 18/21 pour la Roma, 28/16 pour le Milan, 30/6 pour le Napoli. Rien de scandaleux pour une équipe qui passe énormément temps dans la surface adverse. D’ailleurs, l’an passé, la Juventus a engrangé 102 points avec quatre penalties en sa faveur. Hasard ou coïncidence, toute cette argumentation disparaît lors des passages à vide de la Vieille Dame, notamment de 2009 à 2011 et ses deux septièmes places consécutives. Enfin, quel avantage devrait tirer un arbitre qui favorise la Juventus vu la véhémence des critiques qui s’abattent sur lui ?

A quoi a servi le Calciopoli alors ?

Ceux qui attisent ce sentiment populaire sont les mêmes qui ne jurent que par le Calciopoli, cette affaire datant de 2006 et qui devait nettoyer le football italien en écartant notamment l'ancienne direction juventina et le fameux Luciano Moggi. Ce dernier est out depuis huit ans, la Juve a été envoyée en Serie B puis en est revenue et  les polémiques identiques sont réapparues comme par enchantement dès qu’elle s’est remise à gagner. A sa tête, des dirigeants respectés et respectables comme Agnelli et Marotta. Malgré tout, des députés à l’assemblée vont jusqu’à évoquer un Calciopoli 2, à quoi le premier a donc servi ? Faut-il renvoyer la Juve en Serie B ?
Cette nouvelle Juventus bat record sur record en Serie A depuis un peu plus de trois ans. Elle a cumulé 291 points en 120 matches soit +64 sur le Napoli, +71 sur le Milan, +73 sur la Roma et +111 sur l'Inter ! Des chiffres éloquents certes, mais qui ne découragent pas certains de faire passer la Vieille Dame pour une vaste escroquerie arbitrale. Mais pendant que le reste de l’Italie footballistique continue de se cacher derrière ces théories conspirationnistes pour justifier en partie leurs échecs, la Juventus, elle, trace son chemin et engrange les succès. Et si c’était finalement ça le secret de sa réussite ?
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