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En attendant de s’occuper du PSG, le FPF ne lâche pas l’Italie d’une semelle

Valentin Pauluzzi

Publié 05/09/2017 à 12:20 GMT+2

SERIE A - A l’heure où le PSG version QSI défie les experts comptables de l’UEFA à coups d’opérations mirobolantes, quelques cadors italiens, eux, restent bien sous leur joug, ce qui a conditionné et conditionnera leur marché des transferts.

2017, Luciano Spalletti, Serie A 2016-2017, Getty Images

Crédit: Getty Images

Bien heureux ceux qui ont suivi la filière comptabilité et gestion. Le marché des transferts est une histoire de gros sous, mais il faut maintenant dépiauter les bilans comptables des clubs afin de maîtriser parfaitement le sujet. La "faute" à ce Financial fair-play instauré au début de cette décennie, un des termes les plus récurrents à chaque session de mercato, qui plus est en Italie.
L’Inter Milan et la Roma cohabitent avec ce colocataire encombrant, et le Milan y aura bientôt le droit. Un organe qui tempère les ambitions de certaines équipes de Serie A contraintes de ne jamais lâcher leur calculatrice.

Interdiction de finir dans le rouge

Il est délicat de "vulgariser" une thématique bourrée de termes techniques, mais pour faire simple, la Roma et l’Inter sont entrées dans le viseur du FPF pour leurs bilans financiers souvent largement dans le rouge et avec des revenus bien loin d’égaler les dépenses. La faute à une économie footballistique italienne ultra dépendante des droits TV nationaux et continentaux. Les comptes du FPF fonctionnent par période de trois ans, un laps de temps durant lequel il faut respecter les chiffres imposés sous peine de sanctions plus ou moins lourdes allant jusqu’à l’exclusion des coupes européennes.
Nos deux clubs n’ont jamais été forcés de rester en Italie mais ont dû concocter des listes UEFA sans certaines de leurs recrues. Dans le cadre du Settlement Agreement, on leur a demandé de fournir un ultime effort en ne dépassant pas les 30 millions de déficit sur trois bilans financiers, y compris le dernier pour la Roma et le prochain pour l’Inter. Un joker grillé dès la première année et qui interdit un passif pour les prochains comptes. Etant donné la longue absence des Nerazzurri en Ligue des champions et l’échec des Giallorossi en barrages l’an passé, le moyen le plus rapide de renflouer les caisses était encore de vendre les joueurs.

Chasse aux plus-values

Toutefois, vendre ne suffit pas, il faut en effet viser les plus-values lesquels prennent en compte l’amortissement du joueur dans les bilans financiers. Par exemple, un élément acheté 20 millions d'euros pour un contrat de 5 ans sera amorti à hauteur de 4 millions d’euros chaque année, il faudra ainsi le revendre à 16 l’année suivante pour éviter une moins-value, vu ? D’où l’importance de posséder un centre de formation très performant (ce qui est le cas de ces deux clubs) et de bien monnayer les jeunes qui en sortent. C’est ce qu’a fait très intelligemment l’Inter au moins de juin réussissant à tirer près de 15 millions d'euros de joueurs qui n’ont à peine voire jamais endossé le maillot de l’équipe une (les Miangue, Di Marco, Eguelfi, Gravillon, Gyamfi). La Roma aussi a exploité le filon avec Marchizza, Frattesi et Ricci.
Ces opérations n’étant toutefois palliatives, il fallait également se séparer d’éléments de l’effectif pro et ce avant le 30 Juin, date de clôture des comptes. L’Inter a signé un joli coup en refourguant Banega à Séville pour 9 millions alors qu’il était justement arrivé d’Andalousie en fin de contrat l’an dernier. Aucun top player n’a été sacrifié, contrairement à la Roma qui s’est mise à l’abri avec les ventes de Paredes, Rudiger et Salah pour près de 80 millions de plus-values, auxquels il faut ajouter les économies sur le salaire brut, elle a ensuite appréhendé le mercato avec plus de sérénité, forte de sa qualification directe en Ligue des champions.
Malgré un recrutement soigné (Dalbert, Skriniar, Vecino, Borja Valero, Cancelo, Karamoh pour environ 75 M€), l’Inter n’a pu mettre à profit la puissance financière de son propriétaire chinois Suning (un groupe pesant 60 milliards d’euros). Pour compenser, de multiples accords de sponsoring avec l’Empire du Milieu ont été noués afin d’assainir les comptes, mais il faudra patienter pour décupler les revenus commerciaux à l’Est et équilibrer la balance.

Le Milan va aussi passer sur le grill

Des comptes d’apothicaires auxquels le Milan sera bientôt confronté. Les Rossoneri ont déboursé plus de 200 millions d’euros pour renforcer l’effectif ne réussissant que 20 de plus-values dans la case ventes. Vues les finances rouge écarlate depuis plusieurs saisons, le FPF va s’intéresser au découvert du Diavolo, lequel a en réalité déjà pris les devants via un "Voluntary agreement". Introduit en 2015 afin de faciliter notamment le lancement des projets des néo-propriétaires du club (l’Inter ne peut en bénéficier car déjà sous le régime du Settlement Agreement), il permet de dépasser largement la limite des 30 millions de déficit sur trois ans en échange d’un plan d’investissement et surtout de retours sur investissement convaincants.
Une première tentative a été faite cet hiver, sans succès, la seconde, décisive, se fera en octobre. De fait, ce mercato spectaculaire pourrait rester sans suite, encore plus si une qualification en Ligue des champions n’est pas obtenue. Le cas échéant, l’administrateur délégué Marco Fassone a déjà annoncé la vente d’un top player (probablement Donnarumma). Sans oublier l’achat du club en partie financé par des prêts aux taux d’intérêt exorbitants et remboursables d’ici un an, ainsi que les restrictions envisagées par le gouvernement chinois concernant les investissements massifs dans le foot européen. Rassurez-vous, une institution comme le Milan ne finira jamais en banqueroute, mais le retour vers les sommets est parsemé d’embûches… et de calculatrices.
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