Et maintenant, avancer en mémoire de Davide Astori...

Les jours passent, les heures défilent et pourtant, le décès de Davide Astori paraît toujours aussi difficile à croire. En pleine nuit, le coeur du défenseur italien s'est arrêté dans la nuit du 3 au 4 mars. L'autopsie, effectuée quelques jours plus tard, révèlera un "ralentissement du coeur". À seulement 31 ans, le capitaine de la Fiorentina s'est éteint, laissant derrière lui une compagne dévastée et une petite fille de deux ans, désormais orpheline d'un père qui était tant apprécié.

Formé à Milan, passé par Cagliari ou encore la Roma, l'international transalpin (14 sélections) était en effet un joueur - mais surtout un homme - aimé par ses pairs. Depuis dimanche dernier, les hommages pleuvent. Joueurs, supporters, journalistes, dirigeants... C'est tout le monde du football qui pleure Davide Astori. De son sourire communicatif à sa simplicité désarmante, le capitaine de la Fiorentina laisse une empreinte indélébile. Dans un sport souvent pollué par tant de choses, il était une exception. Et n'importe quel joueur qui a croisé sa route vous le dira.

"Je suis sans voix ... Ce sont toujours les meilleurs qui s'en vont ... bon voyage mon ami. RIP", écrit par exemple Andrea Pirlo. "Tu as une jeune femme et des membres de la famille qui souffrent mais surtout ta petite fille mérite de savoir que son père était à tous égards une PERSONNE PARFAITE", a de son côté confié un Gigi Buffon le coeur lourd. Des messages comme ces deux-là, il y en a eu des milliers. Jeudi, le dernier adieu a eu lieu. Famille, amis, anonymes... Plus de 10 000 personnes se sont réunies à Florence pour saluer Davide Astori. Un moment d'une intensité rare. L'émotion était énorme dans La cité du Lys, où une minute de silence avait été décrétée à 13h. Le 13, comme le numéro du défenseur, qui a d'ailleurs été retiré en sa mémoire à la Fiorentina comme à Cagliari. Maintenant, il va falloir se relever et avancer, même si la tâche ne s'annonce pas simple. Tant pour le football italien, qui perd l'un des siens, que pour la Fiorentina, orpheline de son capitaine.

"Cette nouvelle a été un énorme choc pour toute la ville de Florence. On ne peut pas penser qu'un homme de 31 ans, qui est un sportif de haut niveau, puisse s'éteindre dans son sommeil comme ça", nous confie Matteo, un jeune supporter de 26 ans de la Fiorentina. "On se préparait à un dimanche de football comme tous les autres. Et puis, le drame. Nous perdons un joueurs symbole, un point de repère pour tous. C'est notre capitaine. Nous sommes dévastés", poursuit-il la voix tremblante. Un énorme choc pour la ville de Florence mais également pour l'Italie, qui avait appris à apprécier Davide Astori au fil du temps et de années.

"Un choc total, peu importe pour qui. Au début, j'ai pensé que c'était une blague, puis on a eu la confirmation de la police d'Udine. Et c'est là que tu te dis que c'est vraiment arrivé", nous explique Simone Nobilini, journaliste à Sky Italia. "Tes pensées vont tout de suite à sa famillle, à sa fille de deux ans qui ne connaîtra jamais son père. On pensait vivre un dimanche d'éléctions [Les législatives ont eu lien dimanche dernier en Italie, NDLR] et de derby (Milan-Inter, finalement reporté), puis tout s'est effacé. L'Italie était sous le choc, ceux qui avaient la chance de l'avoir croisé te parlaient du prototype du bon garçon. Et c'est vrai que quand on y pense, on n'a jamais entendu du mal de lui. Ni sur le terrain, ni en dehors..."

Désormais, il faut donc repartir de l'avant. Aussi difficile que ce soit. Mais comment faire ? Comment imaginer les joueurs de la Viola continuer cette saison qui n'a désormais plus aucun sens ? "Le football va désormais passer au second plan. Il y a un championnat à terminer, mais on a perdu notre repère. Celui du club, du vestiaire. Je pense que les dirigeants vont engager un psychologue pour pouvoir affronter tout ça. Nous somme tous unis dans cette épreuve. On va devoir aller de l'avant, au nom de Davide Astori", explique Matteo, tifoso de la Fiorentina depuis sa plus tendre enfance. Au point que sa soeur se prénomme... Viola.

"C'est très difficile d'aller de l'avant, mais la vie t'y oblige. J'ai écrit une lettre après le décès de Astori, où je dis qu'avancer après un décès, c'est jamais la solution première, celle que tu veux. Tu t'écroules moralement. Mais la vie t'y oblige, sinon tu ne t'en sors plus. La Fiorentina va devoir avancer, les autres clubs aussi", pense Simone Nobilini. Toutefois, lui aussi peine à imaginer comment. "Honnêtement, c'est difficile. Moi aussi, j'ai eu des deuils à faire. Comme tout le monde. Et on sait tous que c'est compliqué, surtout quand le décès est aussi prématuré. Je ne sais pas comment ils vont faire, mais ils vont y arriver. Ils vont réussir. La ville de Florence va les y aider. Ils vont le faire au nom de la grande personne qu'était Davide Astori", conclut-il.

Dimanche, à 12h30, la Fiorentina devrait affronter le Benevento au Stade Artemio Franchi. Oui, "devrait", car la lanterne rouge a donné son accord pour éventuellement ne pas jouer si les joueurs de la Viola n'en ressentent pas l'envie. Toutefois, le match devrait bien avoir lieu. Entre émotion, douleur et hommage(s), il s'annonce terriblement difficile. Mais il faut repartir au combat, comme l'aurait certainement voulu l'éternel numéro 13 de la Viola. Penser au ballon, ce n'est pas l'oublier. C'est simplement avancer. La Serie A reprend ses droits ce week-end, avec un seul nom dans les têtes et gravé dans les coeurs. Celui de Davide Astori.