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Serie A - AS Rome - Javier Pastore, genèse d'une renaissance

Guillaume Maillard-Pacini

Mis à jour 22/11/2019 à 08:54 GMT+1

SERIE A - Après une première saison difficile l'AS Rome, Javier Pastore a retrouvé de sa superbe du côté de la Ville éternelle. Le milieu argentin, qui vient d'enchaîner six titularisations, profite de la cure régénératrice concoctée par son entraîneur Paulo Fonseca. Pour l'instant, ça fonctionne.

Javier Pastore (AS Roma)

Crédit: Getty Images

Stadio Olimpico, le 2 novembre dernier. Alors que la Roma s'apprête à s'imposer face au Napoli (2-1), Paulo Fonseca, l'entraîneur de la louve, décide de faire son dernier changement. On joue alors la 89e minute. Lorsque le panneau lumineux du quatrième arbitre indique le numéro 27, les tifosi romains se lèvent alors comme un seul homme. Auteur d'un match énorme, Javier Pastore reçoit une standing ovation bien méritée. Une scène inimaginable il y a encore quelques mois.
Débarqué dans la Ville éternelle à l'été 2018, l'ancien joueur du PSG a traversé sa première saison romaine comme un fantôme. Dans la presse italienne, rarement dans la demi-mesure, on parlait même d'un joueur "fini". Entre ses blessures, ses prestations et son salaire (3,5 millions d'euros nets, le deuxième du club), Pastore semblait promis à un départ lors du dernier mercato estival. Mais lui, il voulait rester. Et il a bien fait.

Entraînement sur mesure

"Quand il nous a fait part de sa volonté, on lui a dit : "Ok, mais tu dois jouer tes chances à fond". Il fallait qu'il donne ce que tout le monde attendait d'un joueur avec ses qualités. Et aussi avec son portefeuille. Un joueur qui gagne autant doit savoir prendre ses responsabilités", expliquait Gianluca Petrachi, le directeur sportif de la Roma, avant le match face à Parme (2-0) le 10 novembre dernier. Pour comprendre ce retour en forme du Flaco, il faut remonter à la genèse de cette saison.
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Javier Pastore

Crédit: Getty Images

En froid avec Eusebio Di Francesco la saison dernière, Javier Pastore a noué une toute autre relation avec Paulo Fonseca. Conscient de la condition physique parfois précaire de son joueur, le Portugais a longuement échangé avec son joueur lors de la pré-saison. De cette discussion découle un programme sur mesure, avec plusieurs entraînement personnalisés pour le joueur.
"J'ai parlé avec le staff en expliquant que la saison dernière, je n'avais jamais trouvé la forme. Je n'arrivais pas à améliorer ma condition physique à l'entraînement (...) Paulo Fonseca m'a tout de suite aidé, il a été très honnête avec moi", a récemment expliqué Pastore. "Le mérite revient à l'entraîneur. Il a su le gérer et comment travailler avec lui. Pastore a eu des entraînements différents, il s'entraînait souvent à part", surenchérissait Petrachi.
Plus concerné, mieux intégré, le Flaco se sent beaucoup mieux. Pour un joueur comme lui, ressentir la confiance de son entraîneur change presque tout. Mais il va toutefois devoir patienter pour avoir réellement sa chance.

Blessures à gogo, la chance du Flaco

Pour ça, Javier Pastore a dû attendre... des blessures. Mais cette fois, lui est épargné. Comme depuis plusieurs saisons, la Roma doit en effet faire face à une véritable hécatombe. Au total, on compte 16 blessures (musculaires et traumatiques) depuis le début de la saison. Passé entre les gouttes, le Flaco en profite lors d'un match contre la Sampdoria (0-0) le 20 octobre dernier. Pour remplacer Bryan Cristante, touché après quelques minutes, Fonseca décide de lancer le numéro 27 dans son onze. Il n'en sortira plus. L'absence de Lorenzo Pellegrini, touché lors d'un déplacement à Lecce un mois plus tôt, va également y contribuer.
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Fonseca : "Pastore a eu trop de problèmes physiques par le passé"

Replacé "trequartista" dans le 4-2-3-1 de son entraîneur, le Flaco vient donc d'enchaîner six titularisations toutes compétitions confondues. Une première depuis mai 2015 avec le PSG. Au total, il a disputé douze rencontres pour un total de 724 minutes. Soit un peu moins que son total sur l'ensemble de la saison dernière (17 matches pour 790 minutes). Au-delà de son temps de jeu, c'est surtout l'attitude du joueur qui retient l'attention. En plus de sa qualité indéniable ballon au pied, il n'hésite pas à multiplier les courses défensives à la perte du ballon. Face au Napoli, il en a récupéré onze. Son record en Serie A depuis un Fiorentina-Palerme de 2010.
"Aujourd'hui, la qualité ne suffit plus. Il faut la mettre au service d'un collectif et savoir également faire preuve du sens du sacrifice", nous confie Max Tonetto, passé par la Roma entre 2006 et 2010. "Pastore a su se remettre en jeu après une période difficile. Il semblait en fin de carrière, mais il a su montrer lors des entraînements que l'entraîneur pouvait compter sur lui. Les prestations ont fait le reste", ajoute l'ancien international italien.
Du côté de la presse transalpine, le vent a également tourné. La Gazzetta dello Sport lui attribue en moyenne une note de 6,14 par match (uniquement en championnat). La saison passée, elle était inférieure à 6 (la moyenne en Italie). "La recherche du temps perdu continue très bien : c'est lui le plus dangereux", écrivait par exemple le quotidien italien après la défaite romaine face à Moenchengladbach (2-1) début novembre.

Les sifflets... quels sifflets ?

Si Rome ne s'est pas faite en un jour, l'adapation de Pastore non plus. Dans une ville où l'humeur peut changer d'un match à un autre, l'Argentin a su (re)conquérir les tifosi romains. Autant dire qu'on partait de (très) loin. "C'est lui qui devait convaincre les tifosi à le suivre, pas l'inverse. Il a désormais le bon état d'esprit. Aucun tifoso ne pourra siffler un joueur qui a le sens du sacrifice", assure Tonetto.
"J'ai été sifflé et applaudi partout où j'ai joué, expliquait le Flaco début novembre. C'est pour mon style de jeu (...) Parfois, j'apprécie les sifflets. Quand les choses vont bien, c'est évident. Quand elles vont mal, il te faut une réaction du public. Ce sont des choses qui, personnellement, me donnent quelque chose en plus. Je me dis que c'est peut-être mieux que j'aille à l'entraînement deux heures avant."
Conscient du niveau de ses performances la saison passée, Pastore a donc su se remettre au travail pour changer la donne. Pas facile à faire changer d'avis, l'Olimpico est désormais totalement acquis à sa cause. Qui l'eût cru ?

Titulaire, oui mais...

Lessivé lors du match à Parme (2-0) juste avant la trêve internationale, Pastore a profité de ces deux semaines de "repos" pour se retaper. Lorenzo Pellegrini, lui, a fait son grand retour à l'entraînement. L'ex-joueur de Sassuolo, qui évolue également au poste de "trequartista" sous Fonseca, postule donc pour retrouver sa place dans le onze type. Au détriment du Flaco ?
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Lorenzo Pellegrini, Roma, Getty Images

Crédit: Getty Images

"Pour moi, il peut rester titulaire. Il y a beaucoup de matches et plusieurs joueurs peuvent être utilisés dans différents rôles. L'un d'entre eux est Pellegrini. Ils peuvent jouer ensemble", estime Tonetto. En effet, l'hypothèse de voir l'international italien reculer d'un cran n'est pas à exclure. Mais son positionnement plus avancé semble convaincre tout le monde. Avec lui sur le terrain, la Roma a inscrit 15 buts en 7 matches toutes compétitions confondues. Pendant son absence, 12 buts en 9 matches.
"C'est un numéro 10 atypique", estime son entraîneur. "Dans ce rôle, il a laissé tout le monde sans voix", expliquait récemment Roberto Mancini, le sélectionneur de la Nazionale. Avec son impact et son volume de jeu, Lorenzo Pellegrini donne en effet un tout autre visage à l'attaque giallorossa. Face à Sassuolo (3-3), mi-septembre, il avait délivré à lui seul trois passes décisives (quatre sur l'ensemble de son début de saison). Javier Pastore, lui, n'en compte "que" deux au total. Un élément qui pourrait peser dans la réflexion de Fonseca.
Mais pour le Flaco, l'essentiel est ailleurs. Le fait qu'il rentre dans les plans de son entraîneur est déjà une première nouvelle. Soyons honnêtes, presque personne n'aurait misé dessus il y a encore quelques mois. Walter Sabatini, l'homme qui est à l'origine de sa venue à Palerme en 2009, estime que son protégé a retrouvé "une once de son football" cette saison. "Pour moi, c'était l'homme des rêves. Quand il est arrivé à Palerme, on avait l'impression d'être dans un conte de fées", a-t-il ajouté lors du Social Football Summit, qui se déroule depuis quelques jours dans la Ville éternelle. Depuis, l'histoire est probablement devenue moins belle. Mais il n'est pas dit qu'elle soit terminée.
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