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Serie A - A la recherche du sourire : l'Atalanta Bergame et l'après crise du coronavirus

Johann Crochet

Mis à jour 21/06/2020 à 20:36 GMT+2

La Serie A est de retour ce week-end. Parmi les premières rencontres du "monde d’après", celle opposant l’Atalanta et Sassuolo. Dans un contexte sanitaire très lourd depuis des mois, le club de Bergame va chercher à consolider sa quatrième place en redonnant le sourire à une région où l’ombre de la mort a plané dans tous les esprits.

Atalanta Bergame

Crédit: Getty Images

"Quel enthousiasme voudriez-vous que l’on affiche alors qu’il y a eu 10 000 morts à Bergame ?" À l’autre bout du téléphone, la voix est sincère et profonde. Elle témoigne de plusieurs mois d’une douleur intense. Giovanni Sartori est tout en retenue. La région de Bergame a été l’épicentre du coronavirus en Italie et demeure la région la plus touchée par l’épidémie. Alors n’espérez pas voir ou entendre le directeur technique de l’Atalanta parler d’enthousiasme.
Les blessures sont encore fraiches. Le retour du football ne pourra pas effacer ces morts évacués dans des camions militaires, toutes ces familles endeuillées et ces semaines d’angoisse. Au mieux, il apportera un peu de joie, un moment d’évasion permettant de laisser échapper des émotions positives restées enfouies au plus profond des corps depuis de trop longues semaines.

Retrouver la normalité

L’Atalanta s’apprête à retrouver les terrains ce dimanche à l’occasion de la reprise de la Serie A face à Sassuolo. Le championnat commencera par proposer les matches reportés de la 25e journée, lorsque le coronavirus avait commencé à perturber le bon déroulement de la vie quotidienne et avait placé plusieurs régions du Nord en quarantaine. Le club de Sassuolo est d’ailleurs le dernier vainqueur d’un match de Serie A avant que le pays ne soit mis sous cloche. C’était le lundi 9 mars et Francesco Caputo avait inscrit un doublé pour une victoire confortable (3-0). C’était quelques heures seulement avant le discours à la nation de Giuseppe Conte et la quarantaine appliquée à l’Italie toute entière. L’attaquant avait sorti un message plein d’espoir pour fêter son premier but : "Tout ira bien, restez chez vous".
Plus de trois mois après, la situation sanitaire s’est considérablement améliorée, même si de nouveaux cas positifs et des décès sont constatés chaque jour. La Lombardie reste la région la plus touchée et Bergame est toujours en alerte. Mais la vie a repris et elle a presque le goût de celle d’avant. "On essaye de retrouver une certaine forme de normalité, de récupérer notre vie pré-coronavirus comme toutes les entreprises du pays", confirme Sartori.
L’équipe première a retrouvé Zingonia, son centre d’entraînement, depuis le 5 mai et dans un protocole sanitaire très strict. "Tous les employés ne sont pas de retour dans nos bureaux, notre centre de formation est encore fermé, déroule le directeur technique du club. Seule l’équipe première et son encadrement sont présents." Le télétravail est encore une réalité pour beaucoup d’employés. Une routine débutée à la mi-mars.
On a fait du mieux possible pour trouver une bonne organisation en étant tous à la maison. Du côté des joueurs, on leur a fait livrer des tapis roulants et on a organisé des contacts quotidiens avec les préparateurs physiques. Ils ont fait une préparation chez eux, ils avaient pour objectif de rester en forme. Mais les joueurs ont été très sérieux et ils ont repris le 5 mai en affichant déjà une bonne condition physique. On a des joueurs très professionnels.
Ce professionnalisme a été verbalisé par le capitaine Alejandro Gomez dans une interview à la Gazzetta dello Sport ces derniers jours. Il explique avoir été "ému par la condition physique des joueurs, certains étant capables de répéter les efforts à haute intensité sans problème", allant même jusqu’à qualifier Robin Gosens, Hans Hateboer, Marten de Roon ou encore Remo Freuler "d’animaux".

De l’espoir à défaut de certitudes

Dans une ville où le lien entre l’équipe de football et la population est très fort, la reconstruction peut passer par le football. "Il y a une symbiose entre le club et la ville, c’est un sentiment très présent, affirme Sartori. Il y a ce grand sens d’appartenance chez les Bergamasques et aussi chez les joueurs. Tout ceci a été renforcé par cette crise. Il y avait une vraie volonté de reprendre le championnat, pas seulement pour l’aspect terrain, mais surtout pour cette envie très forte de bien faire les choses pour toute la communauté qui a tant souffert."
Le dirigeant de l’Atalanta refuse de se projeter pour le moment. Les dernières semaines ont apporté trop d’incertitude et ont chamboulé la vie quotidienne de millions d’Italiens : "On a vraiment envie de retrouver une certaine forme de normalité, on ne peut pas aller plus loin pour le moment. On veut donner, à notre niveau, un peu de bonheur à ceux qui ont eu tant de peine."
Si les joueurs ont bien travaillé pendant la quarantaine et ont répété leurs gammes depuis début mai, individuellement et collectivement, il y a trop d’inconnues et d’incertitudes à ce stade de la reprise. L’espoir demeure néanmoins : celui de revoir cette équipe séduisante de l’Atalanta surfer sur une vague dynamique de jeu et de résultats. Depuis le début de la saison, les hommes de Gasperini ont envoûté la planète football grâce à leur jeu résolument tourné vers l’offensive et leur activité intense aux quatre coins du terrain.
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Atalanta Bergame

Crédit: Getty Images

Avec en point d’orgue, une qualification pour les quarts de finale de la Ligue des champions. Giovanni Sartori n’a pas oublié cette euphorie d’un soir à Valence, vite douchée par les nouvelles de la propagation inquiétante du coronavirus à Bergame : "On espère aussi bien physiquement que mentalement être aussi forts qu’au mois de mars. On veut être à nouveau ‘ceux de Valence’ et apporter de la joie à nos supporters et à tous les habitants."
Soigner par le football. Dans un pays si attaché à son sport de ballon, et malgré la prise de position de dizaines de groupes ultras, résolument contre la reprise du championnat italien, la Serie A peut redonner un peu de sourire à un pays meurtri. Ce qui serait déjà une très belle victoire.
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