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Mercato : Finances, coûts et système... Le transfert de Dusan Vlahovic à la Juventus en cinq questions

Guillaume Maillard Pacini

Mis à jour 28/01/2022 à 22:27 GMT+1

MERCATO - C'est l'énorme coup de ce mercato hivernal. Et personne ne l'a vraiment vu venir. Co-meilleur buteur de Serie A, Dusan Vlahovic est officiellement passé de la Fiorentina à la Juventus Turin pour 70 millions d'euros (et 10 de bonus), en faisant le transfert le plus élevé de l'histoire du football italien en janvier. De quoi se poser (au moins) cinq questions.

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Comment la Juve a-t-elle pu se permettre un tel coup ?

Autant commencer par celle que tout le monde se pose. Au total, la Vieille Dame devrait débourser pas moins de 150 millions d'euros pour Dusan Vlahovic. En détails : 70 millions d'euros de transfert payables sur trois ans + 10 de bonus, un salaire net de 7 millions d'euros par an jusqu'en 2026, soit 60 millions d'euros (en brut). Sans compter les 11,6 millions d'euros pour la contribution de solidarité FIFA et les charges accessoires. Pas vraiment des miettes.
La Juventus, propriété de la famille Agnelli et cotée en Bourse, avait pourtant annoncé une perte nette de 209,9 millions d'euros pour la saison 2020-2021, un record. De plus, le chiffre d'affaires a baissé de 16%, en raison notamment des recettes de billetterie quasiment inexistantes, les matches ayant été joués à huis clos à la suite des mesures prises par le gouvernement italien pour contenir la pandémie. Le Covid-19 aurait coûté 320 millions d'euros au club piémontais, ce qui impactera le bilan économique 2021-2022 à hauteur de 40% (130 millions d'euros). Autre donnée : la balance coûts-recettes est loin d'être à l'équilibre. "Les dépenses sportives (fonctionnement du club, salaires etc...) représentent 75-80% des recettes nettes provenant du mercato", écrivait La Gazzetta dello Sport.
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Pour financer le transfert de Vlahovic, la Juve a notamment pu compter sur une augmentation de son capital à hauteur de 400 millions d'euros. "Elle fait partie des mesures afin de répondre aux conséquences économiques et financières de la pandémie de Covid-19. Elle permettra de renforcer les fonds propres de l'entreprise et d'équilibrer les ressources du club", avait expliqué le club. Sur cette somme totale, un budget de 80 millions avait été alloué pour le mercato en vue des "trois prochaines années" selon Sky Sport. Il a été décidé de faire all-in sur le buteur serbe de 22 ans.
Officialisé l'été dernier, le départ de Cristiano Ronaldo avait permis d'économiser environ 87 millions d'euros selon la presse transalpine. Cinquième au classement, la Juve estime également que l'arrivée de Vlahovic peut lui donner un sérieux coup de main dans sa quête à une qualification en Ligue des champions, ce qui garantirait environ 80 millions dans les caisses du club. Enfin, d'après La Repubblica, un gros départ est probable pour l'été prochain. Par exemple Matthijs de Ligt, si possible pour 80 millions. Autre objectif des dirigeants : baisser la masse salariale, estimée à 169,41 millions, de 15 à 20%. De quoi rendre complexe les prolongations de certains joueurs, dont notamment un certain Paulo Dybala, qui devrait bientôt recevoir une nouvelle proposition à la baisse.

Vlahovic est-il un crack ?

La réponse est oui. Et la Juve le sait. Après avoir explosé sous les ordres de Cesare Prandelli, Vlahovic s'affirme probablement comme l'un des buteurs de la décennie à venir avec Erling Haaland ou Kylian Mbappé. Lors des deux dernières saisons (depuis 2020-2021), il a inscrit 38 buts en Serie A. Dans les cinq grands championnats, personne ne fait mieux à part Robert Lewandowski (64 buts,) Erling Haaland (43 buts) et Karim Benzema (40 buts). L'international serbe a battu record sur record avec la Viola, devançant des légendes comme Gabriel Batistuta et Luca Toni. Avant lui, le dernier joueur de moins de 22 ans à avoir réalisé 17 buts en 22 journées était Paolo Rossi avec Vincenza lors de la saison 1977-1978.
Mais son profil ne s'arrête pas à celui du simple buteur. La palette de Vlahovic est vaste : de sa puissance athlétique à sa technique, de sa vitesse à son jeu en pivot, de sa vision du jeu à sa force de frappe... Avec lui sur le terrain, la Juve dispose maintenant d'un attaquant capable de remplir l'attaque à lui tout seul. Du statut de crack, celui qui portera le 7 pourrait bientôt passer à celui de champion. A condition de répondre présent sur la scène européenne, une grande première pour lui. "C'est le meilleur jeune de la planète avec Haaland et Mbappé, estimait Gianluigi Buffon vendredi dans les colonnes de La Gazzetta dello Sport. Il a quelque chose de différent. Il est l'évolution du numéro 9, il est physiquement solide et dynamique."

Pourquoi a-t-il choisi la Juve ?

Les courtisans étaient nombreux. Dusan Vlahovic disposait de plusieurs offres, notamment en Premier League. Le club le plus intéressé ? Arsenal, prêt à payer plus de 70 millions d'euros pour lui. Mais le principal concerné n'a jamais été emballé par cette possibilité. En Espagne, l'Atlético Madrid le surveillait toujours après les nombreuses tentatives de l'été dernier. Le désormais ex-buteur de la Viola, lui, souhaitait toutefois rester en Italie. C'était sa priorité. Quand les Bianconeri ont accéléré, lui n'a pas hésité. C'était probablement le seul club transalpin qui pouvait se permettre un tel coup. L'Inter a changé de politique, l'AC Milan a maintenu la sienne et le Napoli a récemment dépensé 71,3 millions d'euros (hors bonus) pour Victor Osimhen. Si la Juve n'est plus souveraine dans la Botte depuis maintenant deux saisons, son aura reste intacte. Elle fascine n'importe quel joueur. Vlahovic est donc le dernier à être tombé sous le charme de la Vieille Dame. Pour tout un club et ses tifosi, cette arrivée est synonyme d'un enthousiasme, d'une confiance et d'une ambition enfin retrouvés. Tout le monde en avait besoin.
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Pourquoi la Fiorentina s'est séparée de Vlahovic en janvier ?

Bien malin celui qui aurait misé sur un départ de Vlahovic début janvier. Il y a encore une semaine, personne n'aurait imaginé un tel scénario. La première ouverture est arrivée le 24 janvier avec une déclaration du directeur général de la Fiorentina Daniele Pradè à SportItalia. "Nos portes sont ouvertes, avait-il annoncé. Même pour ces derniers jours de janvier. On ne peut pas se permettre de le perdre en fin de contrat, nous devons comprendre ce que veulent le joueur et son entourage."
Le dialogue rompu avec l'entourage du joueur depuis plusieurs mois, notamment en raison de certaines demandes durant les négociations pour sa prolongation, la Viola avait initialement prévu de s'en séparer l'été prochain. Mais son contrat expirant en 2023, elle a pris conscience que le temps ne jouait pas vraiment en sa faveur. Dans l'idéal, toute la direction florentine aurait préféré le vendre à l'étranger. Comme souvent, la volonté du joueur a finalement été décisive. Le voilà désormais du côté de l'ennemi du peuple florentin, qui pensait avoir déjà assez souffert avec les départs de Baggio, Chiesa ou encore Bernardeschi. Le calice jusqu'à la lie.
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"Nous avons actuellement un chiffre d'affaires annuel de l'ordre de 75 millions, on ne peut pas se permettre de risquer de le perdre gratuitement à la fin de son contrat en juin 2023", s'était justifié le dirigeant de la Fiorentina, qui avait pris soin de remplacer au préalable son désormais ancien buteur. Krzysztof Piątek était arrivé en prêt le 8 janvier dernier, alors qu'Arthur Cabral, en force avec le FC Bâle, va débarquer pour 16 millions d'euros, bonus compris.

Quel système va utiliser Massimiliano Allegri ?

Avec 17 buts en 21 matches, Dusan Vlahovic va changer le visage de l'attaque de la Juve qui, à elle toute seule, en a inscrit le double... depuis le début de saison. Le Serbe marque toutes les 103 minutes. Ses occasions sont presque toutes converties avec un taux de réalisation qui grimpe à 73%. Autant dire de la vitamine D pour un secteur qui en avait bien besoin. Alvaro Morata et Moise Kean, les deux vrais numéro 9 de l'effectif de Massimiliano Allegri, ne franchissent même pas la barre des dix buts à eux deux en championnat. Ils auraient le droit de remettre ça sur le dos de l'animation produite par leur équipe, loin d'être flamboyante. Dernier exemple en date : le match face à l'AC Milan juste avant la trêve où les Turinois ont fini avec zéro tir cadré. Mais quand même...
"La Juve moche, sale et méchante a retrouvé le goût de la défense et du résultat, que cela plaise ou non aux tifosi. Elle ne prend presque plus de buts", écrivait même le Corriere della Sera il y a quelques jours. Maintenant, il va falloir en marquer. Avec Vlahovic, ce sera probablement plus simple. En coulisses, Max Allegri cherche lui la meilleure formule pour un onze à redessiner.
La Gazzetta dello Sport tablait sur deux possibilités cette semaine. Tout d'abord, un 4-4-2 classique avec un duo Vlahovic-Dybala en pointe. Ou alors un 4-3-3 pour le moins original, Dybala étant décalé dans le couloir droit (improbable), Vlahovic dans l'axe et Morata à gauche dans un rôle à la Mario Mandzukic digne de la belle époque. Le retour à la défense à trois ne serait également pas à exclure, tout comme un passage au 4-2-3-1 selon La Stampa. Ce qui donnerait éventuellement une attaque Bernardeschi-Dybala-McKennie derrière Vlahovic. Rendez-vous le 6 février pour un premier élément de réponse : la Juve recevra l'Hellas Vérone. Sauf problème de dernière minute, l'Allianz Stadium pourra alors contempler son nouvel attaquant.
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