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"Il est aussi bon qu'une pizza" : À Naples, la folie Khvicha Kvaratskhelia

Guillaume Maillard-Pacini

Mis à jour 18/09/2022 à 13:48 GMT+2

SERIE A - Véritable révélation du début de saison en Italie, Khvicha Kvaratskhelia marche sur l'eau avec le Napoli. Recruté pour dix millions d'euros l'été dernier en provenance du Dinamo Batumi, l'international géorgien, appelé à prendre la succession de Lorenzo Insigne sur le côté gauche, a déjà marqué 4 buts en 6 matches de Serie A. Au point que la presse a d'ores et déjà trouvé son surnom : Kv

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Pendant tout l'été, Daniele Bellini s'est entraîné à prononcer son nom. Lorsque nous l'avons interrogé le mois dernier, le célèbre speaker du Napoli nous avait même confié qu'il avait décroché son téléphone "pour appeler plusieurs amis géorgiens", histoire de ne pas se tromper. Giovanni van Bronckhorst, lui, s'est moins embêté en conférence de presse, mardi, veille du match face au Napoli en C1. Au moment d'évoquer le début de saison tonitruant de Khvicha Kvaratskhelia, l'entraîneur des Glasgow Rangers a parlé de l'ailier "au nom difficile". "Il est très, très fort, assurait-il. C'est un joueur qui a les deux pieds, qui est rapide, et qui apporte toujours le danger. Beaucoup des actions de son équipe passent sur son côté gauche."
De son côté, Aurelio De Laurentiis, le patron du Napoli, avait opté pour un surnom pour le moins original à l'arrivée de l'international géorgien (17 sélections, 8 buts) : "Zizì". "Comment se prononce son nom ? Il faudra que je l'invente, plaisantait l'intéressé. Je verrai comment je vais l’appeler, peut-être Zizì… En tout cas, j'espère avoir fait un gros coup." Si l'on pourrait émettre quelques doutes sur la qualité du surnom proposé par le fantasque président napolitain, on ne peut que lui emboîter le pas sur sa dernière affirmation. Oui, recruter Khvicha Kvaratskhelia (prononcez "Cuarascelia") a été un sacré coup.

"Kvaradona"

En sept matches (6 en Serie A, 1 en C1), le Géorgien a déjà inscrit quatre buts et délivré deux passes décisives. Mais pas que. Autour de lui, la folie est grandissante. Les tifosi n'ont d'yeux que pour celui qui a remporté le trophée de meilleur joueur du mois d'août en Serie A. La presse l'a même rebaptisé "Kvaradona", une contraction évidente de Kvaratskhelia et Maradona, la légende immortelle du club napolitain.
Si la comparaison est bien évidemment plus que prématurée, elle donne l'idée de l'impact du joueur de 21 ans. A l'ombre du Vésuve, ce dernier a rallumé le volcan du Stadio Maradona en ce début de saison, quelque peu éteint après un mercato jugé comme décevant, en l'absence de l'arrivée de gros noms, en plus de ceux qui ont fait leurs valises (Mertens, Koulibaly, Ospina, Insigne, Fabian Ruiz...). En tête du championnat avec l'AC Milan et l'Atalanta, le Napoli, porté par Kvaratskhelia, a même écrasé Liverpool (4-1) en Ligue des champions le 7 septembre dernier, délivrant l'une des "plus grandes prestations de l'histoire du club" selon la presse transalpine.
"Il n'a pas marqué, mais il est tout simplement imprenable pour les défenseurs des Reds", écrivait La Repubblica le lendemain, lui attribuant un 7,5 sur 10. "Génial", "hors catégorie" ou encore "lumineux" : les observateurs sont dithyrambiques pour qualifier "Khvicha". "Il est comme une pizza ou une "parmigiana", sourit Vincenzo Credendino, journaliste à CN24 TV, chaîne de télévision de Naples. Ce sont des plats que plus tu manges, plus ils paraissent bons. C'est la même chose. Avant d'arriver, les supporters regardaient ses vidéos et disaient : "ok, mais il jouait dans un championnat plus faible". Mais il a confirmé lors des amicaux cet été, et ils disaient : "Ok, mais ce sont des amicaux". Puis sont arrivés les matches officiels, où il s'est sublimé contre Lecce et Monza. Et là encore : "Ok, mais ce sont des adversaires plus faibles". Après avoir marqué contre la Lazio, la consécration est arrivée contre Liverpool, un monstre sacré du football. Là, tout le monde a compris."
Une vidéo en plein confinement, puis...
Son début de saison est une surprise pour presque tout le monde. Oui, "presque", puisque les dirigeants napolitains n'ont cessé de répéter tout le bien qu'ils pensaient de Kvaratskhelia cet été, persuadés d'avoir frappé fort en l'arrachant à la concurrence de la "Juventus Turin, la Roma ou encore la Real Sociedad", selon Cristiano Giuntoli, le directeur sportif du club parthénopéen. Ce dernier a d'ailleurs raconté les coulisses de son recrutement.
"La première fois que que je l'ai vu, c'est dans une vidéo pendant le confinement, racontait-il au Corriere dello Sport le 9 septembre dernier (...) Je me souviens qu'avec Gattuso, alors sur le banc, nous avions appelé Kakhaber Kaladze (ancien international géorgien de l'AC Milan, ndlr). Il était passé par le Lokomotiv Moscou sans faire des étincelles, avant de rejoindre le Rubin Kazan. On nous réclamait 30 millions d'euros à l'époque, de quoi clore les discussions. On voulait recruter (Victor) Osimhen à l'époque, on ne pouvait pas dépenser beaucoup."
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Le temps a beau passer, Giuntoli n'oublie pas la pépite géorgienne. "Quand le conflit entre l'Ukraine et la Russie a éclaté, lui est reparti en Géorgie. On a foncé avec le contrat pour boucler ce transfert à 10 millions d'euros", confiait-il. Une opération qui résume plutôt bien la nouvelle politique du club, basée sur des dépenses limitées et une masse salariale qui se veut raisonnable. "Khvicha touche un salaire net de 1,2 million d'euros (1,7 en brut). Insigne, c'était un salaire net de 4,5 millions, soit 9 millions en brut", ajoutait Giuntoli, fier d'être le grand artisan de cette trouvaille.

"Il enflamme tout le monde"

Déjà comme chez lui, Kvaratskhelia excelle dans sa capacité à faire des différences dès sa prise de balle. Très à l'aise techniquement, il est capable de s'emmener le ballon des deux pieds, donnant ainsi un mal de crâne pas possible à son vis à vis. Bon dribbleur, doté d'une excellente frappe de balle et impressionnant dans les petites espaces, le Géorgien ne lésine pas non plus sur les efforts défensifs sans ballon, du pressing au repli, lui faisant perdre parfois un peu de lucidité à partir de l'heure de jeu.
"C'est un joueur spectaculaire capable de t'enflammer un stade à lui tout seul, assure Vincenzo Credendino. Il cherche toujours à faire la différence sur un dribble, une passe... Toutefois, ce côté spectaculaire est toujours appliqué, utile, jamais banal et avec un objectif concret. Il y a toujours une utilité à ce qu'il fait. On peut donc dire que jusqu'à maintenant, la pizza n'est pas du tout décevante..." Du moins avant un autre gros test prévu ce dimanche, à San Siro, pour le choc des leaders face à l'AC Milan. Kvaratskhelia pourrait bien nous y régaler encore.
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