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Mercato, avenir, retrait de points et sanctions : Où va la Juventus Turin ?

Guillaume Maillard-Pacini

Mis à jour 24/01/2023 à 11:55 GMT+1

SERIE A - Sanctionné à un retrait de 15 points en championnat pour avoir effectué des plus-values artificiellement élevées sur le marché des transferts, la Juventus a vu son présent subitement s'obscurcir, un peu comme son avenir. En attendant le très probable appel de cette sanction devant le Coni, plusieurs questions entourent le club piémontais, notamment sur le prochain mercato.

Le logo de la Juve à l'Allianz

Crédit: Getty Images

La claque a été aussi inattendue que brutale. Vendredi soir, après une journée riche en rebondissements, la Juventus a appris qu'elle venait de perdre quinze points (!) en Serie A dans la fameuse affaire des plus-values, pourtant bouclée au printemps 2022 sur un acquittement pour la Vieille Dame et les autres clubs concernés (Sampdoria, Genoa, Empoli, Pescara, Pise, Parme, Pro Vercelli et Novare). Mais face à un certain nombre de nouveaux éléments, la cour d'appel de la Fédération italienne de football (FIGC) a accepté la demande du procureur fédéral de rouvrir le dossier, au point d'aller au-delà de la réquisition initiale d'un retrait de 9 points.
Depuis, un mot revient avec insistance dans les couloirs de la Continassa, le centre d'entraînement de la Juve : "Injustice". Sur le terrain comme dans les bureaux, tout le monde estime avoir été trop sévèrement puni pour un mécanisme utilisé par d'autres clubs. En substance : "Pourquoi nous et pas les autres ?". Si les avocats du club se sont déjà remis au travail, la réalité est là, violente, avec un "-15" désormais accolé au classement, comme un boulet que la Vieille Dame espère se voir retirer dans quelques mois, sans certitude. Les questions qui l'entourent sont en revanche beaucoup plus nombreuses.

La Juve va-t-elle faire appel ?

On ne trahira pas un secret de Polichinelle en répondant par l'affirmative. Après l'officialisation de cette sanction vendredi, les dirigeants et avocats attendent désormais les motivations du jugement d'ici une dizaine des jours. Ensuite, un recours sera déposé auprès du conseil de garantie du Comité olympique italien (Coni). Les trois avocats du club ont dénoncé une "injustice manifeste" dans une déclaration auprès des médias italiens. Ils pointent notamment une "inégalité de traitement au détriment de la Juventus (...) par rapport aux autres clubs".
Pour rappel, plusieurs ex-dirigeants ont par ailleurs été suspendus. Si Andrea Agnelli (deux ans de suspension) n'est plus en fonction après avoir formellement quitté la présidence mercredi, l'ex-directeur sportif Fabio Paratici (deux ans et demi) exerce lui toujours à Tottenham. A voir si la sanction sera étendue à l'étranger. La Juve est plus directement concernée par la suspension de seize mois de son directeur sportif actuel, Federico Cherubini, qui ne devrait plus pouvoir gérer le mercato des Bianconeri.

Que peut décider le conseil de garantie du Coni ?

Confirmer ou annuler la sanction, pour un éventuel vice de forme et ainsi renvoyer le dossier à la Fédération de football. Le conseil de garantie du Comité olympique italien (Coni) n'a toutefois pas le pouvoir de modifier la sentence. Cela devrait prendre quelques semaines après le dépôt du recours. Enfin, si la sanction est maintenue, la Juve pourra saisir la justice administrative.

Quelles sont les autres affaires judiciaires en cours ?

Du côté de la justice ordinaire, le parquet de Turin a demandé le renvoi en procès des ex-dirigeants du club, accusés d'avoir manipulé le marché en transmettant des informations financières biaisées aux investisseurs sur la période 2018-2021. Ces demandes seront examinées fin mars, selon les médias.
Outre les plus-values "fictives", le parquet reproche à la Juve, cotée en bourse, des "manoeuvres" concernant les salaires : pendant la pandémie de Covid, le club a publiquement annoncé des accords avec ses joueurs pour ne pas leur régler certains mois de salaires, mais il se serait engagé, via des accords privés avec eux, à en régler une partie en différé. En vertu d'un tel accord, la Juve devrait encore près de 20 millions d'euros à Cristiano Ronaldo, parti en 2021.
Selon les médias, la justice sportive examine aussi ce volet "salaires" et pourrait lancer une procédure distincte. L'UEFA, enfin, a annoncé le 1er décembre l'ouverture d'une enquête sur les "violations financières présumées" de la Juve. Laquelle est sous étroite surveillance de l'instance européenne avec qui elle a conclu l'été dernier un plan de redressement sur trois ans pour respecter le fair-play financier.

Combien coûterait une absence de la C1 ?

Chère, très chère, surtout pour un club ayant annoncé "une perte de 254,3 millions d'euros pour l'exercice clos au 30 juin 2022". C'est d'ailleurs la cinquième année de suite que les comptes des Bianconeri sont dans le rouge. Alors une éventuelle absence de la prochaine édition de la Ligue des champions n'arrangerait rien. Selon La Gazzetta dello Sport, la Juve a encaissé 720 millions d'euros ces neuf dernières saisons en disputant la compétition, soit une moyenne de presque 80 millions/an. Par exemple : 95,6 en 2018-19, 84,1 en 2019-20, 82,8 en 2020-21 et 79 en 2021-22. En 2016-2017, le parcours jusqu'en finale avait permis de renflouer les caisses à hauteur de 110 millions d'euros.
La Gazzetta résume : "Ce n'est pas anodin si la qualification en C1 est l'objectif minimum chaque année. Si l'on prend en exemple les revenus de 2021-2022, estimés à 443,3 millions d'euros, enregistrer ces 80 millions en moins signifierait une amputation de 20% des rentrées". Le tout sans oublier les sponsors, dont certains possèdent des "malus" dans leur contrat. Actuellement, Adidas possède un bail à 408 millions d'euros jusqu'en 2027, et Allianz de 103 millions jusqu'en 2030. "Le risque est une dévaluation", précise le quotidien.

Peut-on redouter des conséquences sur le mercato ?

Pour l'heure, un sentiment d'unité se dégage à la Juve. Chose qui, paradoxalement, manquait depuis bien des mois. La direction a ainsi demandé aux joueurs de "défendre le club sur le terrain", pendant que ses avocats et elles "s'occuperont de le faire devant les tribunaux". Même les tifosi, pour la plupart lassés des résultats mais surtout par le jeu de leur équipe, avec comme premier coupable Massimiliano Allegri, ont eu un sursaut d'orgueil. Reste que si la justice venait à confirmer cette sanction, le prochain mercato pourrait être agité, notamment dans le sens de sorties. Le nouveau projet repose de toute façon sur une baisse de la masse salariale et l'investissement sur des joueurs de moins de 25 ans. Les grosses dépenses, c'est terminé.
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Benzema, Messi, Rabiot... ils sont en fin de contrat en juin 2023

En cas de non-qualification aux coupes européennes et surtout à la Ligue des champions, désormais compromise, plusieurs têtes d'affiche pourraient faire leurs valises l'été prochain. Acheté 80 millions en janvier 2022, Dusan Vlahovic acceptera-t-il de rester sans cette vitrine de la C1 ? Quid de Federico Chiesa, certes très attaché au club mais lui aussi à la valeur marchande très élevée ? L'offre étudiée (7-8 millions d'euros/an) pour prolonger in extremis Adrien Rabiot sera-t-elle maintenue ? L'option d'achat d'Arkadiusz Milik pourra-t-elle être levée ? Paul Pogba, tout juste revenu, remettrait-il en cause son choix ? Autant de dossiers qui dépendent de la confirmation ou non de cette sanction. Et du classement qui en découlera.
Cette situation n'est pas sans rappeler celle de 2006 quand la Juventus avait été reléguée en Serie B dans le cadre de l'affaire du "Calciopoli". Plusieurs cadres étaient partis, comme Patrick Vieira, Lilian Thuram ou Fabio Cannavaro, quand d'autres étaient restés, tels Gianluigi Buffon, Alessandro Del Piero, Pavel Nedved ou Giorgio Chiellini. Ce dernier, parti l'été dernier, a apporté son soutien à son club de cœur sur Twitter: "Quand tu es de la Juve, tu l'es pour toujours". Plusieurs joueurs actuels ont d'ores et déjà exprimé leur soutien à leur club, comme Leonardo Bonucci: "La Juventus est comme un dragon à sept têtes. Tu en coupes une et une autre apparaît. Elle ne lâche jamais", a écrit le capitaine, en appelant à l'union sacrée.
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Les joueurs de la Juventus Turin

Crédit: Getty Images

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