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Attaque du car de Fenerbahçe en Turquie : "Ils voulaient tuer"

Maxime Dupuis

Mis à jour 07/04/2015 à 17:12 GMT+2

Samedi, l'équipe de Fenerbahçe a été victime d'une attaque au fusil qui a blessé griévement le chauffeur du car qui transportait les joueurs. Journaliste pour la chaine de télévision TRT, Yusuf Kenan Çalık nous éclaire sur une sombre affaire qui, selon lui, dépasse le simple cadre du football.

Les impacts sur le bus de Fenerbahçe après l'attaque au fusil de chasse

Crédit: AFP

Samedi, l'équipe de Fenerbahçe a été victime d'une attaque au fusil alors qu'elle rejoignait l'aéroport de Trabzon, juste après avoir gagné à Rizespor (1-5). Le bus a essuyé plusieurs tirs. Une vitre, endommagée par les coups de feu, a grièvement blessé le chauffeur du bus. Lundi, le championnat de Turquie a été arrêté pour une semaine. Et les dirigeants de Fenerbahçe ont annoncé leur retrait de toutes les compétitions tant que la lumière n'aurait pas été faite sur cette sombre histoire. Journaliste pour la chaine TRT, Yusuf Kenan Çalık nous éclaire sur des événements qui ont ému la Turquie.
Yusuf Kenan Çalık, pouvez-vous nous expliquer le déroulé des évènements de samedi ?
 Y.K.Ç. : Samedi, l'équipe de Fenerbahçe jouait une rencontre de championnat à Rize, à côté de Trazbon. Fenerbahçe et Trabzonspor sont deux équipes qui se détestent depuis l'affaire des matches truqués en 2011. Affaire qui n'est pas encore terminée puisque le verdict a été cassé et qu'il y a encore un procès à venir. Néanmoins, ce qui est arrivé à Fenerbahçe dépasse selon moi le cadre du sport. Fenerbahçe n'a pas eu affaire à un fou qui s'est dit "tiens, je vais prendre mon fusil et tirer". C'est une entreprise de malfaiteurs. Et, dans le déroulé des événements, l'amateurisme n'a pas sa place.
Vous pensez que les auteurs de cet acte voulaient tuer toute une équipe ?
 Y.K.Ç. : Oui. Ils ont tiré trois fois sur le chauffeur pour le tuer et particulièrement bien visé, en venant d'en face. Ce n'est pas l'affaire de deux hommes (ndlr : deux arrestations ont eu lieu mardi, le tireur et son complice présumés qui l'a appelé par téléphone pour lui signaler l'arrivée du car qui roulait à toute vitesse), ça demande une autre organisation. Au moins 5 ou 6 personnes. Il fallait déjà quelqu'un au volant de la voiture qui a croisé le bus du club (ndlr : l'hypothèse qui a été retenue). Les tirs sont également très précis. Trois coups de feu ont été tirés d'une voiture qui venait de face, aucun tir n'a été raté. Ce n'est pas un simple acte de supporters. C'est trop organisé pour cela.
Vous avez parlé à des joueurs. Ont-ils compris rapidement ce qui leur arrivait ?
Y.K.Ç. : Sur le coup, ils ont pensé à des jets de pierres mais le chauffeur s’est évanoui, après avoir été touché au visage. Le chef de la sécurité est ensuite intervenu et il a arrêté le bus qui commençait à vaciller. Les joueurs sont évidemment perturbés. Ça s'est passé à l'entrée d'un pont, ils auraient pu mourir. Des joueurs comme Moussa Sow et Bruno Alves sont très choqués et vont avoir du mal à reprendre.
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La conférence de presse des dirigeants de Fenerbahçe, lundi

Crédit: AFP

Justement, le club a annoncé qu'il ne rejouerait pas tant que les auteurs du crime ne seraient pas arrêtés…
Y.K.Ç. : Les dirigeants ont donné une conférence de presse. Tant que les coupables ne sont pas arrêtés, il semble de toute manière difficile de rejouer au football. Le championnat a été suspendu pour une semaine. En Turquie, on a l'habitude des incidents, du type jets de pierres, de projectiles. Là, on est passé à un tout autre niveau. C'est de l'ordre du terrorisme.
Qui dit éventuellement terrorisme laisse entendre que cela dépasse le simple cadre du football ?
Y.K.Ç. : Je pense que les auteurs de l'attaque se sont servis de la rivalité entre Fenerbahçe et Trabzonspor. Il est facile d'enflammer les choses entre les deux clubs. Cela n'engage que moi mais je pense que cela dépasse le cas d'un supporter qui veut s'en prendre à l'équipe adverse. Selon moi, cet événement est plus sociétal. C'est la Turquie que l'on a cherché à déstabiliser à travers cela. Il y a des élections législatives au mois de juin, un attentat a eu lieu en début d'année dans un commissariat d'Istanbul, un procureur a été tué en mars… A mon avis, ce qui est arrivé dépasse le cadre du football. On vit des temps difficiles en Turquie.
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