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Pourquoi, comme Martial, les jeunes pépites ont coûté les yeux de la tête cet été

Martin Mosnier

Mis à jour 03/09/2015 à 09:10 GMT+2

MERCATO - L'angoisse de rater le prochain Messi, la paralysie du marché des grands joueurs ou la vision sur le long terme des grands clubs les poussent à investir de plus en plus sur des joueurs à peine majeurs. Quitte à y mettre le prix. A l'image de Manchester United avec Anthony Martial.

Anthony Martial a coûté 60 millions d'euros (+20 de bonus) à Manchester United

Crédit: Panoramic

60 millions d'euros (+20 de bonus) pour Martial, 69 pour Sterling, 40 pour Kondogbia, 24 pour Kurzawa, 36 pour Draxler, 35 pour Kovacic : des sommes folles pour des jeunes hommes qui ont peu d'expérience du très haut niveau et, parfois, moins de trois saisons complètes chez les professionnels. Cet été, le marché des (très) jeunes pépites a explosé.
La Ligue 1 n'a pas échappé au phénomène avec Monaco qui a investi 61,5 millions d'euros principalement sur des jeunes joueurs offensifs. Quatre des dix plus gros transferts conclus depuis juin concernent des joueurs qui n'ont pas encore 23 ans. Les grosses écuries ont-elles perdu la tête ? Pourquoi s'arracher des jeunes pousses à des prix qui ne correspondent en rien à leur valeur marchande actuel ? Voici pourquoi MU, Chelsea et tous les autres misent aujourd'hui massivement sur des joueurs en devenir plutôt que sur des stars internationales déjà établies.

Le marché des grands joueurs inexistant ou presque

Manchester United a tout tenté pour essayer de chiper Thomas Müller au Bayern, Karim Benzema s'est fait draguer tout l'été par Arsenal, le Real a pensé signer Kun Aguero et toute une foule de prétendants s'est manifestée autour d'Edinson Cavani. En vain. Même le plus convoité de tous les grands joueurs, Paul Pogba, est finalement resté fidèle à la Juventus cet été, sans doute bien aidé par l'interdiction de recrutement du Barça.
Les grands joueurs n'ont pas bougé cet été. A l'exception de trois d'entre eux : Bastian Schweinsteiger, Arturo Vidal et Angel Di Maria. Ce n'est pas faute d'être convoité, bien au contraire. Laurent Schmitt, agent de joueurs, résume la situation en deux phrases : "Benzema est titulaire au Real, qu'irait-il faire à Arsenal ? Et les dix plus grands clubs du monde n'ont pas besoin de vendre."
D'où une paralysie total de ce marché haut de gamme. Si Di Maria est parti, c'est parce qu'il ne s'est jamais adapté à la vie à Manchester et parce que van Gaal ne l'a pas retenu. S'ils ne peuvent pas arracher leur cible prioritaire, les grands clubs préfèrent miser sur des jeunes au potentiel immense plutôt que sur des talents intermédiaires. Voilà pourquoi MU est passé de Müller à Martial.

Une vision sur le long terme

Miser sur un jeune joueur, c'est un investissement sur du long terme. C'est aussi parier sur une éventuelle plus-value à la revente qui permettra d'amortir le coût, même exorbitant, du transfert initial. Si Martial explose à Manchester United, les Red Devils pourront espérer le valoriser à hauteur de son prix actuel voir plus haut encore. La stratégie monégasque est limpide : miser des sommes qui peuvent paraître déconnectée de la valeur des joueurs (14 millions d'euros pour Traoré, 9 pour Boschilla, 10 pour Lopes) et espérer dégager une belle plus-value dans quelques années.

Des contrats qui amortissent le prix du transfert

Recruter Martial plutôt que Cavani, Benzema ou Müller fait un bien fou à la masse salariale. Plutôt que d'offrir 15 millions d'euros annuels à une star établie, Manchester United amortit une partie du prix du transfert en offrant un salaire plus "raisonnable" à l'ancien Monégasque (4,7 millions d'euros par an). Sur quatre ans, la note est beaucoup moins salée. Manchester City, lui, ne s'embarrasse pas de tant de considérations et a déjà offert des salaires pharaoniques à Sterling (10M€/an) et De Bruyne (16,6 M€/an).
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Sterling, Manchester City

Crédit: Imago

Les prêts pour les valoriser

L'angoisse de passer à côté du futur Messi pousse les clubs à investir sur des jeunes à tout-va et en nombre. Problème, les effectifs débordent et les nouvelles recrues s'exposent à trois dangers : un temps de jeu réduit, une stagnation du niveau et de l'exposition. La solution à ce triple problème : le prêt. Alors qu'il n'était qu'une variable d'ajustement pour des clubs asphyxiés par des finances serrées ou des blessures à répétition, le prêt permet, aujourd'hui, aux grosses cylindrées d'écouler leur marchandise tout en la gardant dans leur giron. "Le prêt est une bonne manière de trouver une vitrine qui valorise un jeune", poursuit Laurent Schmitt. "Il permet également au club de juger en compétition si le jeune qu'il a recruté à le niveau pour revenir un jour." C'est la logique qui a poussé Monaco à prêter 13 joueurs dont Allan Saint-Maximin à Hanovre. Chelsea est allé plus loin encore en prêtant 33 joueurs (!) cet été.

Les clubs ont les moyens de payer

Si des sommes astronomiques circulent pour les meilleurs jeunes du continent, c'est aussi parce que les clubs vendeurs savent que les acheteurs ont des moyens démesurés. "Aujourd'hui, si un club vend à Manchester United ou Wolfsburg, il sait que les nouveaux droits TV anglais ou que Volkswagen offrent un pactole à leurs interlocuteurs. Chacun veut sa part du gâteau", note Bruno Satin, agent de joueurs. Le transfert de Martial est aussi et surtout à lire dans ce contexte. C'est parce que MU est riche et qu'il peut se permettre de dépenser autant que l'ASM a si bien négocié le départ d'un homme sur lequel elle comptait cette saison.
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Julian Draxler wechselte vom FC Schalke zum VfL Wolfsburg

Crédit: Imago

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