Mariano, symbole de l'impuissance du Real… et d'un marché de grands joueurs sclérosé

ParMartin Mosnier

Mis à jour 30/08/2018 à 22:16 GMT+2

MERCATO – Le Real a beaucoup tenté cet été. Mais plutôt que de recruter Cavani, Kane, Hazard ou Neymar, il s'est rabattu dans les derniers jours du mercato sur Mariano Diaz. Un choix par défaut qui n'est que le symbole d'une tendance évidente : les grands joueurs, sauf exception, appartenant aux grands clubs ne bougent plus.

Mariano Diaz

Crédit: Getty Images

Il a fallu que nous nous pincions très fort pour y croire. Mariano de retour au Real, lui qui n'était qu'une solution de toute fin de banc va donc être la doublure officielle de Karim Benzema un an plus tard. Difficile de croire que ce sont ses 18 buts en L1 qui ont convaincu le plus grand club du monde de le rapatrier. Deux mois après le départ de son meilleur joueur du XXIe siècle, la grosse recrue du secteur offensif madrilène est donc un joueur de 25 ans sans expérience internationale et qui a achevé sa carrière en L1 sur un banc de touche.

Alors quoi ? Est-ce que le Real manque de moyens ? Est-ce que le Real manque d'idées ? Est-ce que le Real manque d'ambitions ? Est-ce que le Real manque de réseau ? Est-ce que le Real manque d'attractivité ? Bien sûr que non. Ce transfert de Mariano est un miroir grossissant d'une tendance qui s'affirme mercato après mercato : il est de plus en plus difficile d'attirer des très grands joueurs. Cet été, le Real a pourtant tenté : Eden Hazard, Robert Lewandowski, Harry Kane, Neymar, Edinson Cavani. Liste non exhaustive.

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Kane, Hazard, Cavani, Lewandowski, Neymar...

Le Belge et le Polonais n'ont jamais caché leur désir de rejoindre la capitale espagnole. Mais le Real, tout Real qu'il est et même avec les 105 millions d'euros dégagés par la vente de Cristiano Ronaldo, n'a pas réussi à convaincre Chelsea et le Bayern Munich. Tottenham lui a tenu tête dans le dossier Kane en le prolongeant à des conditions avantageuses et personne n'a vraiment cru que Neymar retournerait en Espagne un an après l'avoir quittée.

La vente ne fait plus partie du modèle économique des grands clubs européens. Par "grands clubs européens", j'entends les historiques (Barcelone, Real Madrid, Bayern Munich, Juventus Turin, Manchester United), les nouveaux riches (Manchester City, Paris Saint-Germain) et les clubs anglais dopés par des droits TV pharamineux. Et puisque leurs clubs n'ont plus besoin de vendre, les plus grands joueurs du monde ne bougent plus et le Real se retrouve contraint de miser sur un attaquant devenu remplaçant à l'Olympique Lyonnais.

Real Madrid to replace Ronaldo with Hazard - Euro Papers

Crédit: Eurosport

Des exceptions rationelles

Il existe toujours des exceptions mais elles s'accompagnent d'une explication rationnelle. Quelles sont les stars à avoir changé de crémerie depuis un an ?

Neymar. La raison ? Une envie d'ailleurs du joueur et surtout une clause libératoire dérisoire au vu de son talent et des moyens déployés désormais par certains grands clubs européens.

Cristiano Ronaldo. La raison ? Le Real ne voulait plus satisfaire ses demandes contractuelles et Ronaldo voulait une nouvelle aventure.

Gonzalo Higuain. La raison ? Avec l'arrivée de Ronaldo et une attaque déjà fournie, il fallait faire de la place en attaque.

James Rodriguez. La raison ? En situation d'échec sportif au Real, la porte fut grande ouverte.

Thibaut Courtois. La raison ? Le marché des gardiens reste très particulier et, avec Kepa, Chelsea a rapidement trouvé une solution de rechange.

Si le club ne désire pas vendre, ou s'il n'a pas assorti le contrat du joueur d'une clause libératoire capable de dissuader n'importe qui, il ne vend pas. Seule exception lors des 20 derniers mois, Philippe Coutinho. Et dans ce dossier, c'est visiblement le souhait du joueur qui a fait basculer le deal. Mais le cas du Brésilien est unique dans un marché de grands joueurs sclérosé. Comme il est de plus en plus difficile de s'adjuger les services de joueurs confirmés, l'argent se déplace sur les prospects (Kylian Mbappé, Ousmane Dembélé, Malcom, Vinicius Junior). Et même le plus grand club de l'histoire ne peut plus faire ce qu'il veut. Le temps des Galactiques a bien vécu.