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Neymar contre Pogba, Lukaku contre Icardi : L'échange n'est-il qu'un pur fantasme ?

Martin Mosnier

Mis à jour 26/06/2019 à 23:04 GMT+2

TRANSFERTS - Depuis plusieurs mois et la flambée des prix des joueurs, de potentiels échanges fleurissent dans la presse. Problème, le troc de joueurs n'a jamais été un moyen efficace de boucler des transactions. L'échange est même une exception dans un marché qui ne jure que par l'espèce sonnante et trébuchante.

Pogba et Neymar en 2016

Crédit: Getty Images

Echange : convention par laquelle deux propriétaires se cèdent respectivement un bien contre un autre bien. Voilà ce que nous dit le Larousse. Appliqué au marché des transferts, le bien est un joueur mais autant le dire tout de suite, l'échange joueur contre joueur est une exception, pas une monnaie courante. Pourtant, depuis une semaine, la presse sportive internationale, et espagnole en particulier, inonde ses Unes de possibles échanges : Neymar contre Coutinho et 100 millions d'euros, Neymar contre Umtiti, Rakitic et Dembélé, Neymar contre Bale ou James plus 100 millions d'euros, Neymar contre Pogba etc. Le cas du Brésilien est symptomatique mais pas isolé.
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Neymar, la grande vedette du PSG.

Crédit: Getty Images

En quelques mois, on a parlé d'échanges Cavani - Griezmann, Benzema - Icardi, Bale - Pogba, Hazard - Bale, Dybala - Pogba, Pépé - N'Soki et Nkunku, Icardi - Lukaku. Tentez la ludique expérience sur google : nom de grand joueur + échange et bingo… Attention spoiler : il n'existe que très peu de chances d'en voir un aboutir avant l'été. Ce qui pose deux questions centrales : pourquoi tant de rumeurs autour d'échanges de joueurs ? Et pourquoi aucune d'entre elles n'aboutit ? Pour être tout à fait exact, quelques échanges ont été scellés ces dernières années.
Le plus fameux d'entre eux a envoyé à l'été 2009 Zlatan Ibrahimovic au Barça contre Samuel Eto'o et 40 millions d'euros. Plus récemment, en janvier 2018, Alexis Sanchez a rejoint Manchester United contre Henrikh Mkhitaryan. Mais les deals de cette ampleur se comptent sur les doigts d'une main lors de la dernière décennie. Pourquoi ? "Parce que c'est déjà dur d'obtenir l'accord d'un joueur et d'un club pour conclure un transfert et les échanges multiplient tout par deux et rendent les accords quasiment impossibles", nous renseigne Laurent Schmitt, agent sportif. Cas pratique : si le FC Barcelone propose Antoine Griezmann pour faire baisser le prix de Neymar, difficile d'imaginer le champion du monde rejoindre le PSG et la L1, lui qui ne jure que par la Liga. Le football européen n'est pas la NBA. Le joueur a son mot à dire quand on lui somme de quitter le navire.
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Zlatan Ibrahimovic en 2010, avec le FC Barcelone

Crédit: Panoramic

"L'échange n'est pas une réalité du marché d'aujourd'hui"

"Tous ces journaux qui parlent d'échange, c'est de la communication orchestrée par le Barça qui a à sa solde Sport ou Mundo Deportivo", note Bruno Satin, agent sportif. "C'est une façon de mettre en vitrine les joueurs que le club ne désire plus (ndlr : Rakitic, Umtiti) tout en dévoilant son envie de signer Neymar. Après, ce qui est certain, c'est que sans contrepartie, Barcelone ne pourra pas avoir Neymar." Autrement dit, les champions d'Espagne ne peuvent pas se payer le Brésilien en monnaie sonnante et trébuchante (200 millions d'euros au minimum). Seul un "deal mêlé" peut leur permettre d'arriver à leur fin.
"L'échange n'est pas une réalité du marché d'aujourd'hui", continue Laurent Schmitt. "On ne soumet jamais un échange, il peut intervenir au fil des discussions. Mais c’est extrêmement rare." L'échange n'est-il alors qu'un fantasme de journalistes ? Il a pourtant tout pour plaire. C'est un excellent moyen d'exfiltrer des joueurs indésirables (James Rodriguez et Gareth Bale au Real Madrid, Paulo Dybala à la Juventus Turin). L'extrême concentration des meilleurs joueurs du monde dans quelques grands clubs européens crée des embouteillages que les échanges pourraient facilement résoudre. Ils peuvent aussi être un moyen évident de contourner le fair-play financier en troquant des joueurs sous contrat et en évitant de dépenser des sommes folles.
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Paulo Dybala (Juventus Turin)

Crédit: Getty Images

L'exception italienne

Les clubs de Serie A l'ont bien compris. Moins fortunés que la plupart de leurs voisins européens, les Italiens se servent du troc de joueurs comme d'un moyen d'assainir leur compte en surévaluant parfois la vraie valeur de leurs actifs lors d'un échange pour arracher de plus grosses plus-values et gonfler les bilans. En moins d'un an, et pour ne citer que les échanges les plus clinquants, la Juve et l'AC Milan se sont entendus pour un deal Leonardo Bonucci - Gonzalo Higuain, l'AS Rome et l'Inter pour un échange Nicolo Zaniolo et Davide Santon contre Radja Nainggolan ou encore le Torino et… l'AS Monaco pour un troc Soualiho Meïté - Antonio Barreca.
L'Italie est-elle partie seule en éclaireuse ? Jusqu'ici, l'échange ne fait pas partie du logiciel mercato. Comment pourrait-il en être autrement alors que l'argent sonnant et trébuchant reste la valeur cardinale ? Le cas Neymar sera révélateur. Il dira si l'échange peut être une solution d'avenir ou s'il n'est, hormis en Italie, qu'un fantasme alimenté par la presse.
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