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Ricardo Pepi (Augsbourg), à l'assaut de l'Europe et symbole des progrès de la formation américaine

Maxime Aubin

Publié 13/01/2022 à 23:26 GMT+1

BUNDESLIGA - Formé au FC Dallas, Ricardo Pepi (18 ans) a rejoint le championnat allemand pour 17 millions d’euros, un record pour un joueur américain formé en MLS. Il rejoint la longue liste de ses compatriotes ayant signé récemment en Europe dans une ligue qui a repensé complètement son modèle de formation. Explications.

Ricardo Pepi

Crédit: Getty Images

“Robert Lewandowski est l’un des meilleurs attaquants du monde, et j’aime me comparer à lui”. Cette petite phrase, prononcée par Ricardo Pepi au moment de son transfert à Augsbourg le 3 janvier, résume à merveille l’ambition sans limite de la nouvelle génération formée en MLS. Il faut dire que les exemples de réussite en Europe ne cessent de s’accumuler à l’image du Canadien Alphonso Davies, formé aux Whitecaps de Vancouver avant de devenir incontournable au Bayern Munich, de Brenden Aaronson, prodige de l’académie de Philadelphie et désormais un joueur majeur du RB Salzbourg, ou du milieu de terrain de la Juventus Weston McKennie, formé comme Pepi au FC Dallas.

Nouveau parcours académique

“La perception des gens a changé sur la MLS. Nous sommes définitivement entrés dans le concert mondial des transferts et ce n’est que le début”, explique Frédéric Lipka. Ancien entraîneur du Racing Club de France puis directeur du centre de formation du Havre de 2008 à 2011, le Français a été recruté par la MLS en 2013 pour son savoir-faire en préformation et formation. “Un switch culturel s’est opéré aux États-Unis. La MLS a compris qu’elle ne pouvait pas se développer en se basant uniquement sur le système de draft, avec des joueurs qui sortent de l’université à 22 ou 23 ans. Autant ça peut fonctionner en NBA, autant dans le football, les jeunes doivent être prêts pour le haut niveau beaucoup plus tôt”.
Face à ce constat, la ligue a investi massivement dans un nouveau parcours académique intitulé MLS Next. “Nous avons bâti un système de compétition nationale qui inclut la préformation et la formation avec 133 académies et clubs indépendants d’U13 à U19”, détaille celui qui est directeur technique du développement des jeunes pour la MLS.

Une ligue professionnelle de troisième division

Les chantiers de la MLS ne s’arrêtent pas là puisque la ligue américaine a annoncé début décembre le lancement d’une nouvelle compétition professionnelle de troisième division, MLS Next Pro, qui servira de passerelle aux jeunes joueurs entre les académies et la MLS. La première saison, prévue pour mars, accueillera 20 équipes réserve de la ligue ainsi qu’un club indépendant, le Rochester NY FC, dont l’un des propriétaires est l’attaquant de Leicester Jamie Vardy. “Nous devons proposer aux jeunes un projet consistant entre la formation et le monde professionnel pour qu’ils soient prêts à jouer au meilleur niveau quand on fera appel à eux”, résume Lipka.
Le lancement de MLS Next Pro répond également à un objectif plus large, celui de développer le football professionnel partout dans le pays en accueillant de nombreuses équipes indépendantes. “Nous ne sommes pas une ligue consanguine, nous voulons ouvrir MLS Next Pro à de nombreux clubs locaux partout dans les États-Unis. L’objectif à terme est d’avoir un système de divisions régionales pour ne pas avoir à traverser tout le pays pour faire un match”.
Ricardo Pepi (Etats-Unis)
“Offrir un programme de compétition de haut niveau fait partie des piliers essentiels à la réussite des jeunes, au même titre qu’un environnement et des infrastructures professionnelles, de la qualité du scouting et de la formation des entraîneurs”. Sur ce dernier point, la MLS et la Fédération Française de football ont conclu un partenariat en 2013 pour l’accompagnement des coaches d’académies de MLS. “La FFF forme une vingtaine d’entraîneurs par an dans un parcours effectué entre Clairefontaine et les États-Unis. On leur apprend comment développer de meilleurs joueurs sur le terrain et à les intégrer dans une politique sportive de retour sur investissement”.

Le choix du trading de joueurs

Toujours considérée en France comme une ligue faible pour joueurs en fin de carrière, la MLS ressemble pourtant de plus en plus à la Ligue 1, “une ligue des talents” qui forme mais également achète des joueurs à forts potentiels en espérant faire une plus-value à la revente. “Quand j’ai signé au New York City FC il y a six ans, je dirais qu’il y avait un tiers de très bons joueurs pour deux tiers de moyens. Aujourd’hui c’est très fort sur toutes les lignes”, nous confiait le défenseur franco-luxembourgeois Maxime Chanot le 2 janvier. “J’ai joué avec Lampard, Pirlo et Villa. Aujourd’hui, le club et la ligue investissent sur des joueurs plus jeunes, souvent en provenance d’Amérique du Sud”.
Parmi ceux-là, l’ancien joueur d’Atlanta United formé au Paraguay Miguel Almiron a été recruté par Newcastle pour 24 millions d’euros en 2019, le milieu argentin Gonzalo Martinez est parti en Arabie Saoudite pour 15 millions l’année suivante. Le meilleur buteur du dernier exercice, l’Argentin du NYCFC Valentin Castellanos, devrait lui aussi quitter les États-Unis pour une somme importante cet hiver. Formé en Uruguay, il figure notamment sur les tablettes de l’Olympique de Marseille.

Des droits TV renégociés

Ambitieuse sur le marché des transferts, la MLS peine en revanche à s’imposer dans le milieu hyper concurrentiel du sport professionnel américain. Le contrat de ses droits TV est pour l’instant famélique, environ 80 millions d’euros par an, très loin des mastodontes que sont la NFL (près de 10 milliards par saison à partir de 2023) ou la NBA (2 milliards actuellement). “Nos audiences TV sont en progrès et la renégociation du contrat arrive cette année. Ce sera un élément déterminant de notre développement”, indique Lipka, convaincu que l’augmentation prochaine des droits va permettre à la ligue de proposer de meilleurs salaires aux joueurs.
Les médias américains évoquent une somme comprise entre 180 et 270 millions d’euros par saison à partir de 2023. “Le problème qu’on a encore ici, c’est que les meilleurs athlètes choisissent d’autres sports que le football. On ne peut pas changer une culture du jour au lendemain, mais cela est en train de se faire grâce aux réussites de nos joueurs en Europe et ceux de l’équipe nationale. Les États-Unis vont devenir une grande nation du football”.
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