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L’antisèche de Pays-Bas - France (2-0) : Indignes de leur étoile

Alexandre Coiquil

Mis à jour 17/11/2018 à 09:19 GMT+1

LIGUE DES NATIONS – Battus et largement dominés par les Pays-Bas (2-0), vendredi soir à Rotterdam, les Bleus ont montré leur pire version depuis de nombreux mois. Si cette période creuse post-Mondial peut se comprendre, il faudra que les hommes de Didier Deschamps se mettent du plomb dans la tête pour entamer 2019.

Ousmane Dembélé et Kylian Mbappé lors de Pays-Bas-France / Ligue des nations

Crédit: Getty Images

Le match : Les Bleus ont tout raté, les Pays-Bas ont signé un match charnière

Didier Deschamps avait prévenu ses hommes après l’Allemagne : ce n’est pas le style de la France de ronronner. Il n’a pas été du tout entendu. Largement dominés par les Néerlandais sur la pelouse de Rotterdam, les Bleus ont affiché leur plus mauvais visage depuis leur sacre en Russie et leur pauvre sortie face à l'Australie. La pauvreté de leur prestation a même fait passer le match face à l’Islande pour une bonne prestation, c'est dire si les Français sont allés loin dans la médiocrité technique et tactique. Rien n’a fonctionné chez les champions du monde. Animation offensive maladroite et pas du tout complémentaire, pressing mal coordonné, mal imprimé, défense trop basse et statique : leur sortie a ressemblé à une bouillie de football où tous les fondamentaux ont fait défaut. La séance vidéo de Didier Deschamps de cette rencontre sera corsée.
Après un premier quart d’heure plutôt dans le ton, les Bleus ont dû attendre les vingt dernières minutes pour montrer un esprit de rébellion. La mission "Empire Contre-Attaque" n'a duré que quelques minutes, le temps pour Antoine Griezmann de se procurer une occasion. Le reste de la rencontre les a vus se positionner très bas, subir le rythme adverse sans vraiment réagir. Le summum de cette mauvaise passe a été le début de la seconde période où les Bleus se sont fait avaler tout cru par la bande à Memphis Depay.
En face, les Pays-Bas ont affiché un beau visage. Joueurs, maîtres de la circulation de balle, les hommes de Ronald Koeman ont logiquement remporté cette rencontre et ils l'ont fait avec la manière, ce qui est énorme pour eux. Créatifs mais aussi excellents dans le jeu de transition, les Bataves ont montré qu’il avait une palette assez complète. Pressing parfaitement exécuté, impact physique, duels remportés, les Oranje ont mis tous les ingrédients pour s'imposer.
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Georginio Wijnaldum lors de Pays-Bas-France / Ligue des Nations

Crédit: Getty Images

Les joueurs : Matuidi rescapé, De Jong maître du temps, Memphis talent brut

On compte les satisfaction sur les doigts d'une main chez les Bleus. Outre Hugo Lloris, Blaise Matuidi a été l'autre rare cas positif de la soirée. Positionné sur le côté gauche du milieu à trois, le joueur de la Juventus a permis à son couloir d’être équilibré et sur tous les plans. Sa sortie a mis à découvert un Lucas Digne très faible défensivement. De l’autre côté, Benjamin Pavard a été dans la droite lignée de son début de saison : absent et dépassé. Les deux défenseurs, ainsi que Steven Nzonzi, n’ont pas justifié leur titularisation. N'Golo Kanté et Kylian Mbappé sont eux passés à côté.
Côté néerlandais, tout ce beau monde a séduit. Emmenée par un duo Memphis Depay - Steven Bergwijn complémentaire, imprévisible, et qui n'a pas peur du ballon, la sélection des Pays-Bas a eu l’attitude d’une équipe conquérante. Dans l’entrejeu, Frenkie de Jong a dirigé le jeu avec efficacité et un joli coup d'oeil, Georginio Wijnaldum a fait le sale boulot avec intelligence. Derrière, Virgil van Dijk et Matthijs de Ligt ont résisté à un début de rencontre hésitant avant de devenir les maîtres des airs. Sur les côtés, Denzel Dumfries et Daley Blind ont apporté en attaque, tout en ne déséquilibrant pas le collectif.

Le facteur X : Un Lloris en mode albatros

On dit merci Hugo Lloris. Auteur de neuf interventions décisives lors de cette rencontre, ce qui est un nouveau record sur la dernière décennie selon Opta, le capitaine de l’équipe de France a été l’homme de la situation sur la pelouse de De Kuip. Sa très bonne sortie a permis aux Bleus de ne pas rentrer à Paris avec une énorme fessée. Car les champions du monde auraient dû prendre cinq ou six buts, pas deux.

Le tweet très "Memphis"

La décla : Hugo Lloris

On est tombé sur un adversaire très fort ce soir. Nous, de notre côté, on n'a pas répondu aux exigences du haut niveau. On a joué au minimum de notre potentiel ce soir et on l'a payé. Le score aurait pu être plus flatteur pour les Pays-Bas. On n'a plus qu'à espérer que l'Allemagne batte les Pays-Bas, mais ce n'est plus entre nos mains.

La question : Deschamps devra-t-il changer les choses en 2019 ?

Didier Deschamps avait prévenu ses champions du monde le 15 juillet : leurs vies allaient changer et sur tous les plans. Quatre mois après leur sacre à la Coupe du monde, le sélectionneur avait vu juste. Tout a changé pour ses soldats et pas forcément en bien. Passé les retrouvailles et la communion avec le public en septembre, le contrecoup du Mondial fait son plein effet. Vie de tous les jours, performances en club, prestations avec les Bleus, les champions du monde vivent de quelques hauts et d'énormément de bas. Ce coup de mou était arrivé à leurs prédécesseurs de 1998, pas plus flamboyants. Ce qui arrive à ce groupe, c’est une conséquence logique du sacre. L'Allemagne et l'Espagne avaient aussi eu des trous d'air quelques mois après leur titre en 2014 et 2010.
Maintenant, passé ce constat, il faut se projeter sur l’année 2019. Les Tricolores joueront leur place à l’Euro 2020 sur cette année civile et il ne faudra pas passer à côté. Le niveau moyen des Bleus devrait leur éviter la catastrophe, mais Didier Deschamps devra aussi prendre des décisions pour éviter d'avoir des maux de tête. Logiquement fidèle à ses champions du monde depuis septembre, le technicien basque devra cette fois passer en mode sanction si ces derniers ne performent pas en club. Cruel dilemme car mettre cela en application fera mal à certains et entamera son projet "groupe". Mais les champions du monde endormis n'auront pas droit à l'immunité à vie. L'évolution est plus importante que le conservatisme. Les Bleus de 1998 avaient vécu une transformation, à la fois humaine et technique, pour aller chercher l'Euro 2000... à Rotterdam. Voilà le chemin à suivre. Se transformer pour mieux continuer.
Hugo Lloris et Memphis Depay lors de Pays-Bas-France / Ligue des Nations
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