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Verratti est une brillante exception : à part lui, les expatriés italiens galèrent

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 19/01/2016 à 14:17 GMT+1

Stephan El Shaarawy et Ciro Immobile ont échoué à l'étranger. Ces attaquants s’ajoutent à la longue liste de joueurs italiens n’ayant pas réussi à s’imposer hors de leurs terres. Aujourd'hui, hormis le génial milieu de terrain du PSG, il n'y a pas un joueur formé en Italie qui rayonne dans un grand club étranger.

Marco Verratti au premier plan, Alessio Cerci et Mario Balotelli (avec Thiago Motta entre eux) derrière lui

Crédit: Panoramic

L’Italie, peuple de migrants. Ils furent plus de 20 millions à quitter leur patrie entre la seconde partie du XIXe siècle et la première du XXe, y compris mes grands-parents. Dans l’Hexagone, nous sommes même 4 millions à posséder au moins un ancêtre italien. La France est aussi le pays qui a accueilli le plus doué des migrants transalpins, ce Marco Verratti que tout le monde envie au PSG. Bientôt quatre ans qu’il occupe une place de titulaire au milieu d’une formation qui fait maintenant partie du gratin européen. Problème, il est le seul Italien formé au pays à avoir réussi son expatriation, ce qui est gênant quand on sait qu’ils sont désormais minoritaires au sein même de leur championnat.

Le triple échec qui fait mal

“Adieu Serie A, on s’en va dans le football qui compte” : on peut dire que Federica Riccardi, la fiancée d’Alessio Cerci, lui a bien porté la poisse. Elle avait envoyé ce tweet 100% polémique lors de l’officialisation du transfert de son compagnon à l’Atlético Madrid. Nous étions à l’été 2014 et le Calcio voyait partir à l’étranger trois de ses six attaquants présents au dernier Mondial, Cerci chez le vice-champion d’Europe, Immobile à Dortmund (précédent détenteur de ce titre honorifique) et Balotelli à Liverpool. Des destinations royales.
Bilan des courses : 15 buts en 3378 minutes de jeu, Immobile réhaussant les stats mais échouant finalement dans sa tentative de suppléer Lewandowski. Partis (ou reparti pour Balotelli) avec plein de bons sentiments, le constat d’échec est cuisant. Les deux premiers sont revenus au pays la queue entre les jambes et à la première occasion, tandis que le troisième est de retour au Torino après une autre tentative avortée au FC Séville (remplaçant de Llorente, lui-même remplaçant de Gameiro…). Pour les trois, le refrain est le même : incapacité à s’adapter à un nouveau championnat et à une nouvelle culture, mental fragile et limité. Une bérézina.

Les secrets de Verratti… et Sirigu

Alors pourquoi Verratti, et pas eux ? Déjà parce que le natif de Pescara a été voulu par Ancelotti. Un détail qui ne dédouane pas les autres expat’ de leurs erreurs d’appréciation. Verratti y est allé sans réfléchir, sans cette féroce volonté, souvent à double-tranchant, de prouver coûte que coûte que son talent peut également faire mouche à l’étranger. Avec l’insouciance de ses 20 ans. Mais il n’est pas le seul.
Malgré la situation qu’il est en train de vivre, Salvatore Sirigu peut considérer son expérience francilienne réussie. Le Sarde a joué une autre carte, celle de l’intégration à 100%, voire même du camouflage tellement cela en est grisant. Un français quasiment parfait, une fiancée parisienne, alors qu’il pourrait se contenter du minimum dans une multinationale qui n’a plus grand-chose de parisien. Tout l’opposé d’un Immobile qui avait déclaré durant sa permanence à Dortmund “Il n’y a rien à faire, les Allemands sont froids. En 8 mois, aucun coéquipier ne m’a invité à manger chez lui.” Les clichés ont un bel avenir, la remise en question elle, moins.
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Ciro Immobile (en haut à droite) ronge son frein sur le banc de Dortmund, le 7 avril 2015 en quart de finale de la Coupe d'Allemagne. Son passage à Séville ne sera pas davantage une réussite pour l'attaquant italien

Crédit: Panoramic

Rentrer, oui, mais où ?

26 Italiens ont démarré la saison dans un des quatre autres championnats majeurs : 5 en Allemagne, 8 en Espagne, 7 en Angleterre et 6 en France. Ces 26 sont désormais 25 avec le retour d’Immobile et 24 avec celui d’El Shaarawy. Le "Pharaon" vient d’être expulsé manu militari de la Principauté monégasque, pour des raisons d’argent, mais surtout un rapport qualité/prix insuffisant. Le voilà rentré la crête entre les jambes, mais pour aller où ?
Dans les équipes de haut de tableau, à l’exception de la Juve, pas de place pour les autochtones. Le Napoli en aligne un dans son onze-type, tout comme la Fiorentina, il s’agit d’Insigne et Bernadeschi. L’Inter titularise de temps en temps D’Ambrosio et, à la Roma, si on évince un Totti proche de la retraite, seuls Florenzi et De Rossi ont du temps de jeu. Ils étaient 128 pour 9152 minutes de jeu lors de la dernière journée de Serie A. En moyenne, chaque équipe a utilisé six sélectionnables sur quatorze joueurs. Une situation qui ne fait qu’empirer.
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Stephan El Shaarawy, l'attaquant de l'AS Monaco - Ligue 1 2015-2016

Crédit: Eurosport

Pourquoi ? Comment ? Trop long discours qui pourrait être toutefois relativisé s’il y avait une solution de secours. L’émigration est une alternative, oui mais voilà, il s’agit bien souvent d’un Donati remplaçant à Leverkusen, d’un Piccini titulaire au Betis, d’un Amelia troisième gardien à Chelsea ou d’un De Ceglie sur le banc de l’OM. A ce jour, et hormis les Parisiens, Darmian est l’unique exception au sein d’un Manchester United toujours pas remis du départ de Ferguson.
Il est loin le temps où Zola transcendait Chelsea, Panucci remportait la Champions League avec le Real et Toni finissait meilleur buteur de Bundesliga. Il faut maintenant se contenter de Giovinco, Okaka et Pellé, goleadors respectivement de Toronto, Anderlecht et Southampton. Comme souvent dans ce genre de constat, toutes mes pensées vont à Antonio Conte. Bon courage !
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