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France - Ukraine (3-0) : Le jour où Sakho est devenu grand

Laurent Vergne

Mis à jour 21/11/2013 à 08:33 GMT+1

Il y aura un avant et un après 19 novembre 2013 pour Mamadou Sakho. Auteur d'une performance majuscule face à l'Ukraine, le défenseur a livré un match qui fera date.

Sakho : "Le sentiment est simple, on a marqué l'histoire !"

Les routes du paradis ne sont pas les mêmes pour tout le monde. Mamadou Sakho, lui, a pris les chemins de traverse, plus que l'autoroute. Moins direct, mais pas moins savoureux. Héros inattendu mais incontestable de la qualification tricolore pour la Coupe du monde 2014, il a signé un match colossal contre l'Ukraine mardi soir. Et pourtant... A quoi  a tenu la présence du défenseur central de Liverpool dans le XI de départ de Didier Deschamps ? A une succession d'évènements, certains relevant de son propre chef, comme sa décision de quitter le PSG pour l'Angleterre. Sans cela, et un indispensable temps de jeu récurrent, rien ne dit qu'il aurait pu briguer une place de titulaire contre l'Ukraine lors de ce barrage retour.
Mais il a aussi fallu que le destin le pousse jusque-là. Un match compliqué pour Eric Abidal à Kiev, un carton rouge pour Laurent Koscielny au même endroit et, quatre jours plus tard, Sakho se retrouve dans l'arène. Dire qu'il a saisi cette chance traduit bien mal la réalité d'une soirée qui marquera un avant et un après pour Sakho. Ni lui ni personne ne peut savoir de quoi sera fait sa carrière en bleu dans les mois et les années à venir. Mais il est probable que ce 19 novembre 2013 reste constitue ad vitam aeternam un moment charnière dans sa trajectoire personnelle.
Un destin à la Domergue, à la Thuram
Sakho a fait son Thuram mardi. Son Domergue, aussi, pour les plus anciens (1). Rien de moins. Aucun défenseur n'avait inscrit deux buts en équipe de France depuis le fameux France-Croatie de 1998. C'était au Stade de France, déjà. A l'époque, Thuram avait expédié les Bleus en finale de Coupe du monde. Plus modestement, le doublé de Sakho les a envoyés au premier tour. Mais ça vaut de l'or. La filiation est évidente. Elle ne lui a pas échappé. "Un défenseur qui marque deux buts, ça n'arrive pas souvent. Je me souviens juste de Lilian Thuram sous le maillot bleu." Des matches et des buts qu'on n'oublie pas.
Mais ce n'est peut-être pas un hasard. Il était fait pour ce match, Sakho. Parce qu'il ressemble à cette équipe, passée par des moments compliqués avant de libérer. "C'est un mec qui ne lâche jamais rien, dit de lui son ancien coéquipier au PSG, Blaise Matuidi. Ce soir (mardi soir), je suis fier pour lui, parce que ça n’a pas toujours été facile. Il m’avait dit qu’il allait répondre présent et il a donné le maximum." Dès dimanche, le défenseur central avait annoncé la couleur à Clairefontaine. Il ignorait alors s'il serait titulaire mais il était remonté comme un coucou. Il avait fait part de son envie de bouffer ce match retour à pleines dents.
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FOOTBALL 2013 France - Ukraine (Sakho)

Crédit: Panoramic

"Mamadou, c'est un soldat"
Deux jours plus tard, dès le coup d'envoi, il a dévoré son premier ballon dans un duel aérien. Et cette rage ne l'a jamais quitté, à l'image des deux buts où il s'est retrouvé en première ligne. Sakho est monté au front. C'est comme ça qu'on gagne les batailles et, comme le souffle encore Matuidi, "Mamadou, c'est un soldat". Et le soldat sait rester à sa place, sans se mettre en avant. C'est qui le rend si respectable. Alors qu'on ne lui parle que de lui, Sakho ne dit pas je. Il dit nous. "Le héros, c'est l'équipe", dit-il. Il a raison. Ce match, c'est l'histoire collective d'un groupe convergeant enfin dans un même élan vers son objectif. Mais c'est aussi celle, singulière, de celui qui, il y a une semaine, n'était que la quatrième roue du carrosse de la charnière centrale. Même si l'intéressé s'en défend. "Quatrième homme, c'est vous qui le dites, conteste-t-il. Moi, je suis à la disposition de l'équipe." De bien belles dispositions.
Mamadou Sakho a donc trouvé son acte fondateur en même temps que les Bleus. Cette communion des trajectoires a tout pour être durable. L'ancien Parisien s'inscrit désormais comme un pion incontournable du groupe de Didier Deschamps. Cela n'avait rien d'une évidence il y a 24 heures. Mais Sakho vient de changer de dimension. Le simple soldat est devenu général.
(1) Lors de l'Euro 1984, Jean-François Domergue n'était que le remplaçant de Manuel Amoros au début de la compétition. Mais l'expulsion de ce dernier dès le match d'ouverture face au Danemark a propulsé Domergue dans le XI de départ. Il n'allait plus en sortir, signant un doublé lors de la mémorable demi-finale face au Portugal (3-2)
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