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Ayrton Senna, mort en 1994 : un accident jamais vraiment élucidé

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 05/05/2014 à 13:46 GMT+2

Ayrton Senna avait fait modifier la colonne de direction de sa Williams. La pièce avait de suite été incriminée après le drame du 1er mai 1994.

Ayrton Senna (Williams) au Grand Prix de Saint-Marin 1994

Crédit: AFP

Un mystère entourera à jamais les circonstances exactes de l'accident qui a coûté la vie à Ayrton Senna le 1er mai 1994 à Imola, dans le septième tour du Grand Prix de Saint-Marin. Après dix ans d'enquête et de procédures, la justice italienne a conclu à une rupture de la colonne de direction de sa Williams. Le Brésilien aurait sans doute survécu s'il n'avait eu l'extrême malchance de taper le mur extérieur de la courbe de Tamburello suivant un angle très défavorable, à 210km/h. Car c'est un triangle de suspension brisé de sa FW16 qui a agi comme une lame de couteau pour lui transpercer le visage au niveau de l'arcade sourcilière droite.
Frank Williams, Patrick Head et Adrian Newey, en qualité respectivement de propriétaire de l'écurie, directeur technique et chef designer, ont été mis en cause par la justice transalpine avant d'être innocentés. Plusieurs thèses ont circulé à propos de la trajectoire inexpliquée qui mena le triple champion du monde à son funeste destin : talonnage du bolide devenu incontrôlable, problème de pression sur un pneu, erreur du pilote, etc… Deux ans après le drame, en mai 1996, Patrick Head s'était confié en exclusivité au mensuel Sport Auto.
La voiture était dans un dépôt à ciel ouvert, la colonne de direction toute rouillée.
"La seule pièce qui fait douter reste la colonne de direction. Et je l'aie vue pendant une minute, cela trois semaines après l'accident", expliquait l'ingénieur britannique. "La voiture était dans un dépôt à ciel ouvert et la colonne de direction que j'ai observée était toute rouillée, car exposée aux intempéries et à l'humidité. Je ne dis pas qu'il était impossible au magistrat instructeur de l'inspecter, parce que, au moyen de procédés chimiques, on peut enlever la rouille."
"Je ne pense pas pouvoir nier qu'il ait pu y avoir quelques criques de fatigues (début de cassure détectable en statique)", poursuivait-il. "Les personnes qui construisent le matériel destiné à ces analyses le savent bien… Les gens seront horrifiés d'apprendre cela, mais dans n'importe quel jumbo-jet qui vole, il y a des criques. Toute la question est de savoir quelle est leur importance, comment elles peuvent s'étendre. Mais par nature, une crique suit un processus progressif : la question est de savoir à quel moment elle présente un risque."
Photographe pour l'AFP, Christophe Simon se souvient lui d'un "week-end marqué par un nombre incroyable d’incidents étranges et d’accidents graves".

La colonne inspectée en détails avant d'être remontée pour Imola

Allongé dans sa machine, Ayrton Senna trouvait le volant trop proche. Il avait demandé qu'on lui dégage de la place, et la colonne de direction avait été modifiée. Il n'en fallait pas plus pour faire naître une rumeur. "Je ne sais pas d'où est venue la rumeur, mais la modification qui a été effectuée sur la colonne de direction a été opérée dix jours avant le premier grand prix de la saison", rappelait Patrick Head, dans Sport Auto. "Elle a ensuite été démontée puis remontée après le Grand Prix du Pacifique après que la voiture soit sortie de la piste et ait été touchée par Larini. A cause de cet impact, elle fut soumise à une inspection très rigoureuse, pour voir s'il n'y avait pas de criques. Et il n'y en avait pas. Nous avons également vérifié qu'elle ne soit pas tordue. Et elle ne l'était pas."
Jugée bonne pour le service, la colonne de direction a donc été remontée sur la FW16 pour le Grand Prix de Saint-Marin.
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