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Ferrari et Charles Leclerc, harmonie de façade pour un week-end et désunion en coulisses depuis des mois

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 18/11/2022 à 10:52 GMT+1

GRAND PRIX D'ABU DHABI - Charles Leclerc et Ferrari vont tout jouer sur un week-end, sur le circuit émirati. Le Monégasque va devoir lutter contre Sergio Pérez (Red Bull) pour garder sa deuxième au championnat et la Scuderia préserver son avance - 19 points - sur des Mercedes qui finissent 2022 en trombe. Tout ça dans une ambiance dégradée par les rumeurs de fin de règne du patron, Mattia Binotto.

Pourquoi Ferrari a refusé d'inverser les positions entre Sainz et Leclerc

La Scuderia Ferrari et Charles Leclerc s'apprêtent à vivre le week-end de la peur à Abu Dhabi, à moins qu'ils en aient déjà dépassé le stade. L'ambiance est officiellement calme chez les Rouges, menacés par le spectre d'un double déclassement, tant au championnat du monde Pilotes que Constructeurs.
Le Monégasque est deuxième du Mondial avant la dernière levée 2022, à égalité de points (290) avec Sergio Pérez, mais il est le mieux classé en raison de ses trois victoires, contre deux signées par le Mexicain de Red Bull. Du côté des marques, le Cheval cabré dispose de 19 points d'avance sur Mercedes, une marge normalement suffisante pour finir dauphin de Red Bull. Mais le mot "normalement" n'a plus vraiment de sens depuis des semaines chez des Rouges en perte de vitesse et plus rien n'est même une formalité.

Leclerc a souvent été le deuxième homme

Charles Leclerc mériterait-il d'être le "best of the rest" ? Il a été 12 fois numéro mondial cette saison et il occupe cette position depuis le 4 septembre à Zandvoort, soit sept épreuves. Alors que "Checo" Pérez n'a été pointé que quatre fois à la place de dauphin, de son leader Max Verstappen. A eux seuls, ces chiffres justifieraient que le pilote de la Principauté accède pour la première fois de sa carrière au statut (ne parlons pas de "titre") honorifique de vice-champion du monde. Et pour s'en convaincre définitivement, on peut rappeler qu'il a été n°1 mondial lors des cinq premières manches de la saison. Néanmoins, ces chiffres ne représenteront rien à l'heure du duel ultime entre "Charlot" et "Checo".
A quel point serait-il important pour Charles Leclerc de finir deuxième du championnat, lui qui n'est jamais monté sur un podium mondial ? Répondre à cette question est manifestement difficile pour le pilote du Rocher, qui préfère éluder le sujet en évoquant un bilan saisonnier que l'on pourrait qualifier de "globalement positif" et bien pratique pour ne pas parler des choses qui fâchent, et de toutes ces occasions manquées par l'armée rouge en terme opérationnel et stratégique.
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Charles Leclerc (Ferrari) au Grand Prix de Singapour 2022

Crédit: Getty Images

Binotto en sursis ?

"C'était vraiment sympa de se remettre à remporter des victoires cette saison, se satisfait le pilote managé par Nicolas Todt, dont le dernier succès remonte au 17 juillet, soit tout juste cinq mois. C'était le but que nous nous étions fixé et à présent nous devons continuer de travailler pour franchir les paliers qui nous manquent et qui doivent être nos objectifs pour 2023. Dans ce domaine, je pense que la stabilité paie. Cette année, nous avons beaucoup progressé et je suis sûr que le team entier poussera comme toujours. Ensemble, nous pouvons atteindre ces objectifs."
Bref, de la bonne langue de bois qui cache l'énorme malaise de l'information diffusée mardi par la Gazzetta dello Sport, par erreur de toute façon mais seulement peut-être de manière précoce, sur le limogeage du directeur de la Scuderia, Mattia Binotto, au profit de Frédéric Vasseur, l'actif directeur d'équipe d'Alfa Romeo.
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Mattia Binotto, patron de l'écurie Ferrari, au Grand Prix de Belgique 2022

Crédit: Getty Images

Leclerc - Binotto, silence radio

Jeudi, Charles Leclerc et Carlos Sainz ont refusé de s'exprimer sur le sujet, s'en tenant aux éléments de langage définis par l'équipe. Ce n'est de toute façon pas à eux de confirmer l'imminence d'une révolution de palais, et s'aventurer même à demi-mot sur ce terrain constituerait pour eux une ingérence dans la communication de l'équipe et un dommage à l'esprit de cohésion qu'il serait ensuite facile de leur reprocher.
Pourtant, un autre bruit circule dans le paddock, indiquant que Charles Leclerc et Mattia Binotto ne se parlent plus depuis le 3 juillet et cette fameuse course à Silverstone, où le manager italo-suisse avait choisi de faire gagner Carlos Sainz plutôt que lui. Et là où Charles Leclerc aurait pu opposer facilement un démenti, il a étrangement choisi de botter en touche, en expliquant : "Nous devons nous concentrer sur le travail et ne pas faire attention aux rumeurs." Couper court à l'une d'elles aurait au moins eu l'avantage de faire redescendre la pression, plutôt qu'entretenir le doute.
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Leclerc sacrifié : "Ferrari a des raisonnements qui échappent même à la concurrence"

Ferrari à court d'argent pour développer sa F1 75

Samedi, en qualification, et dimanche surtout, en course, Ferrari n'aura rien à gagner et beaucoup à perdre. Elle a mené le championnat lors des cinq premières courses de la saison et a ensuite occupé invariablement la deuxième, jusqu'à totaliser 75 points d'avance sur Mercedes. Lâcher au dernier moment ce premier accessit serait certainement vécu comme un camouflet à Maranello et à New York, où de son bureau John Elkhan, président du Conseil d'administration de Stellantis et président de Ferrari, aurait toute facilité à justifier l'éviction de Mattia Binotto.
En tant que patron de l'équipe, ce dernier a d'ailleurs suggéré lundi qu'il avait une responsabilité dans l'écroulement des performances des F1 75 par rapport aux W13, qui ont reçu une évolution importante à Austin, en même temps qu'une cure d'amaigrissement de cinq kilos. De quoi expliquer leur fin de championnat en flèche alors que Ferrari n'a plus rien installé depuis des semaines sur ses bolides. "Ce n'est certainement pas un choix que nous avons fait volontairement, a confié Mattia Binotto à la publication allemande Auto Motor und Sport. A un moment, nous n'avons tout simplement plus eu d'argent."
Et de s'étonner que les Gris apportent encore des nouveautés sur le tard. Ferrari a perdu cette course de fond et ne doit pas perdre le dernier sprint.
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