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Formule 1 - Entre Toto Wolff (Mercedes) et Christian Horner (Red Bull), jusqu'où ira le trash-talk ?

Julien Pereira

Mis à jour 02/12/2021 à 11:53 GMT+1

GRAND PRIX D'ARABIE SAOUDITE - C'est l'autre grand duel de la saison. Alors que leurs pilotes Max Verstappen et Lewis Hamilton ne se laissent pas un centimètre en piste, Christian Horner et Toto Wolff, les patrons des écuries Red Bull et Mercedes, ne s'accordent aucun répit. Piquantes, parfois violentes, leurs joutes verbales sont devenues un feuilleton. Ces deux-là n'ont rien pour s'entendre.

Casque arc-en-ciel, kilt et monoplace noire : quand Hamilton prend position

Toto Wolff est un grand sportif. Ancien pilote, le patron de l'écurie Mercedes partage parfois la salle de musculation avec son chouchou, Lewis Hamilton. Christian Horner a beau avoir, lui aussi, débuté sa carrière dans la course automobile, il n'est pas franchement du genre à pousser de la fonte, surtout depuis qu'il a bifurqué vers un rôle de manager puis de directeur d'équipe. Cette année, pourtant, les deux dirigeants les plus puissants du paddock se sont trouvé une passion commune. "C'était de la boxe olympique, susurrait l'Autrichien en marge du Grand Prix du Qatar. C'est devenu de la boxe professionnelle et maintenant, c'est du MMA".
La métaphore est finement choisie. Autrefois froide mais souvent distante, la relation entre les deux hommes est devenue une guerre des mots régie par une seule règle : déstabiliser l'autre et, si possible, toute son écurie avec. Jamais, depuis que la F1 s'est aseptisée, deux patrons d'écuries s'étaient opposés si longtemps. Et si violemment. Le cadre leur impose simplement de ne pas étendre ce petit jeu aux officiels. Coupable d'avoir qualifié de "voyou" l'un des commissaires de course, au Qatar, Christian Horner avait été réprimandé, le Code Sportif International proscrivant "toute parole, acte ou écrit entraînant une blessure ou un préjudice moral pour la FIA."
En revanche, la plus haute instance du sport automobile ne se mêle guère de la rivalité entre les deux hommes. Elle leur laisse même le champ libre. A Losail, lors de la traditionnelle conférence de presse qu'elle organise avant chaque Grand Prix, elle les avait encore réunis, côte à côte, face à la presse. Ils s'en étaient donné à cœur joie. "J'ai du respect pour ce que Mercedes et Lewis Hamilton ont réalisé mais je n'ai pas besoin d'aller dîner avec Toto ou de lui lécher le cul", avait alors lâché Horner. La réaction de son homologue - un tout petit sursaut et les yeux brièvement tournés vers le ciel - traduisait une forme d'habitude.

Red Bull et Mercedes, deux stratégies différentes

Entre le Britannique et l'Autrichien, ces oppositions verbales se sont intensifiées en même temps que la lutte pour le titre opposant leurs pilotes, Max Verstappen et Lewis Hamilton. Elles sont conscientes. Elles sont même devenues stratégiques, dès les essais hivernaux, lorsque le clan Red Bull a compris qu'il pourrait rivaliser avec l'écurie allemande et utiliser cette arme pour sortir la rivale de la zone de confort dans laquelle elle est installée depuis le début de l'ère hybride. "On se bat pour les titres Pilotes et Constructeurs et c'est la première fois en sept ans qu'ils doivent affronter une telle adversité, soulignait Horner. Ça rend le combat plus intense."
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Hamilton ou Verstappen ? "Je ne sous-estimerai pas la volonté de Lewis de vouloir son 8e titre"

Le patron de l'écurie aux Taureaux Rouges a les coudées franches. La marque Red Bull vise un public jeune et sa stratégie commerciale, destinée à élargir sa clientèle, a toujours été très "offensive", pour ne pas dire "agressive". Vendre des boissons énergisantes est le socle de la firme. Nourrir régulièrement la presse et les spectateurs est le meilleur moyen de faire parler d'elle. Personnage à la répartie et à l'humour typiquement "british", Horner s'autorise donc, aussi, à user d'un langage plus fleuri.
Toto Wolff, lui, n'a pas tout à fait la même liberté, bien qu'il soit l'un des actionnaires majeurs de l'écurie. Mercedes est engagée en Formule 1 pour cultiver son image de marque et demeurer l'un des plus grands constructeurs automobiles au monde. L'entreprise allemande vend des voitures très haut de gamme, réputées élégantes. Incarnation publique de la firme aux côtés de Lewis Hamilton, l'homme d'affaires autrichien doit coller, au mieux, à ces critères.

Effet Netflix

Ces dernières semaines, il lui est parfois arrivé de sortir de ce costume, sous l'effet d'une rivalité sportive devenue hors norme et d'un cadre encourageant certaines formes d'excès. D'abord farouchement opposé à l'intrusion des caméras de Netflix dans le box des Flèches d'ébène, au point de leur interdire l'accès lors de la première année de tournage, Wolff a fini par se prendre au jeu, conscient que le constructeur avait en réalité beaucoup à tirer du succès de la série.
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"Red Bull a besoin d’entretenir une haine, c’est un peu gênant"

Consciemment ou non, l'intrusion du géant américain du streaming au sein du paddock a largement influencé les comportements des différents dirigeants. Y compris Wolff, qui s'était volontairement lâché face à la caméra, au Brésil, après le dépassement d'Hamilton sur Verstappen. "Lorsque vous glissez un micro sous le nez des gens, ils se comportent comme si l’on était à Hollywood et qu’ils étaient de petits acteurs", avait-il glissé, quelques semaines plus tôt, lors d'une interview accordée au Daily Mail, visant Christian Horner.
"J’ai l’impression qu’il est l’un des protagonistes d’une pantomime, il fait partie de la distribution de la F1, avait-il ajouté au sujet de son homologue britannique. […] C’est bien pour la F1, c’est bien pour Netflix car ils veulent dépeindre des personnages et pas seulement filmer les chronos. Les gens ont pris conscience qu’on reprenait leurs dires quand ils balançaient des propos polémiques. Cela permet d’avoir sa photo dans les journaux et de faire parler dans les médias."
C'est effectivement devenu un enjeu. Pour l'un. Comme pour l'autre. "Toto a beaucoup de choses à dire, on le sait tous, avait répondu Horner au Mexique. En fait, je suis assez flatté d'être considéré comme un protagoniste. Si vous regardez la définition du mot, cela veut dire qu’il y aussi un méchant dans l’histoire. Je trouve que le rôle va très bien à Toto. Et si nous sommes dans une pantomime, il peut endosser le costume de la matrone !" Alors, qui s'imposera aux points ? Place au XXIe round, à Jeddah.
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